Chapitre 10

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Daro'Shamada était à peine sortie de sa chambre d'hôpital qu'une armée de Valkyries l'intercepta. L'une d'elles, la plus tremblotante sur ses jambes, s'avança jusqu'à elle en compagnie de son loup.

- Bonjour Mademoiselle Daro'Shamada. Messire Ordy nous a demandé de vous conduire à lui...

La Khajiit haussa un sourcil. Une Valkyrie qui parlait la Langue commune, c'était du jamais vu. Malgré ses interrogations, Daro'Shamada acquiesça et les suivit sans rechigner. Elle se doutait de la raison pour laquelle le dirigeant d'Atykiaw voulait la voir.

Quand ils arrivèrent devant la salle d'audience, la Khajiit se sentit mal à l'aise. Qu'est-ce qui l'attendait vraiment derrière ces portes closes ?

- Messire Ordy et votre Mère de clan vous attendent... Enfin, votre chef ne sait pas que vous êtes censée les rejoindre.

Puis, sans un mot de plus, Gudr ouvrit l'un des battants et l'invita à s'engager dans le couloir délimité par des tentures. Daro'Shamada s'y engagea sur la pointe des pieds, de peur de briser le silence qui pesait dans le corridor. Elle sentait qu'elle n'était pas seule, mais que les personnes n'interviendraient pas tant qu'il n'y avait pas signe de danger. Instinctivement, elle porta une main à sa taille pour caresser sa dague et fut surprise de ne pas la trouver.

Où est-elle ?!

Une image fugace lui revint en tête.

Les Valkyries lui tendaient les mains. Daro'Shamada sortait ses armes une à une de leur cachette. Les loups la reniflaient pour vérifier qu'il n'y en avait plus aucune. L'un d'eux avait grondé et la guerrière qui parlait la Langue commune s'était avancée vers elle, lance pointée dans sa direction, pour qu'elle lui donne la dernière arme qu'elle portait.

La Khajiit avait dû se résoudre à céder sa dague fétiche, celle qu'elle gardait toujours à la taille, qu'elle soit ou non éveillée, qu'elle soit ou non vêtue.

Tout ce que Daro'Shamada avait fait, elle l'avait fait par automatisme. Elle serra les dents, furieuse contre elle-même. Une guerrière se devait d'être toujours sur ses gardes, même quand elle était chez des alliés.

Après de longues minutes, les tentures s'éloignèrent et la lumière se fit plus forte. Le tapis rouge sur lequel elle marchait restait inchangé. Daro'Shamada continua sa progression et entendit des voix. Elles n'étaient que des murmures. La Khajiit accéléra le pas et elles devinrent plus distinctes, au point qu'elle put commencer à comprendre ce qui se disait.

Sans surprise, Messire Ordy essayait de convaincre sa mère de contacter la Crinière pour qu'elle les aide dans la guerre qui se profilait. Et, sans surprise, sa mère refusait toutes les propositions que lui faisait le Sage de la Lumière, criant au mensonge et au complot. Daro'Shamada soupira, devinant déjà la raison de sa présence en ce lieu. Après s'être donné du courage en pensant à Margot et Horte qui devaient encore être entre les griffes des Anges, la Khajiit s'avança vers eux. Ils étaient tellement concentrés dans leur conversation qu'ils ne l'entendirent pas arriver.

Quand elle toussota pour annoncer sa présence, sa mère bondit et lui envoya un coup de pied fulgurant. Daro'Shamada l'évita de justesse et ricana en voyant la tête de sa génitrice quand elle croisa son regard.

- Bah alors M'man, on r'connaît même plus sa progéniture quand elle s'annonce ?

- Qu'est-ce que tu fais ici ? T'étais pas censée être sur ton lit d'hôpital ?

- C'est mon jour de sortie. J'pensais qu'tu serais plus heureuse qu'ça...

Daro'Shamada baissa les yeux oreilles, servit à sa mère des yeux aux pupilles dilatées et mouillés par des larmes de crocodiles, fit trembler son menton et couina légèrement. Un silence gênant s'installa entre les trois personnes. La jeune Khajiit compta jusqu'à trois et sourit narquoisement quand sa mère la prit dans ses bras en s'excusant.

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