Chapitre 16 (2)

63 8 23
                                    

Ils arrivèrent quelques minutes plus tard dans le gymnase, là où était censé se passer la réunion de présentation des matières de l'Académie et les explications du déroulement de la première année. Heureusement pour eux, ça n'avait pas encore commencé. Les étudiants s'installaient déjà, mais les professeurs étaient absents.

Les trois comparses dénichèrent des places et s'y assirent en attendant que la réunion débute. Les bavardages allaient bon train dans le gymnase, créant un brouhaha amplifié par la grande hauteur sous-plafond de la salle. Margot en avait mal à la tête. Elle avait hâte de quitter cette pièce pour aller s'enfermer dans une salle de classe... ou plutôt un amphithéâtre au vu du nombre d'étudiants dans sa promo.

Trois coups frappés contre le sol ramenèrent le silence. Tous ceux encore debout se précipitèrent vers les chaises encore disponibles. Dix femmes, dont une Valkyrie et son loup, montèrent sur la scène temporaire. Un géant au visage ridé et plat les rejoignit rapidement. Il se plaça devant elles et son regard parcourut l'assemblée. Margot eut l'impression que ses yeux acier s'arrêtèrent sur elle pendant quelques instants. Mais ils étaient si nombreux qu'elle ne pouvait l'affirmer avec certitude. Elle déglutit. C'était l'homme qu'elle avait rencontré lorsqu'elle remplissait ses documents administratif... le fameux Junal III. L'un des Sept Sages.

- Bonjour, tonna sa voix dans le silence religieux du gymnase. Bienvenue à l'Académie de Peïny. J'espère que vous êtes déterminés à emprunter la Voix, car le chemin pour devenir une Langue accomplie est dur, long et parsemé d'embûches. Tout ceux qui n'ont pas assez de force pour tenir durant cette première année seront priés de rentrer chez eux sans possibilité de revenir sur leur décision.

Son regard tempête se posa sur elle. Plus longtemps que la fois précédente avant de se détourner pour balayer l'ensemble des étudiants. Cette fois, Margot en fut sûre : malgré le nombre de premières années, c'était elle qu'il avait regardée à deux reprises. Elle déglutit, peu rassurée, et se ratatina sur sa chaise. Le colosse aux cheveux grisonnant reprit la parole, ses yeux continuant de passer en revue les nouveaux arrivants.

- Je laisse vos professeures se présenter et vous expliquer ce qu'elles attendront de vous dans leur matière tout au long de l'année.

Sur ces paroles, il se détourna et descendit de scène. Quand il fut sortit du gymnase, la Valkyrie et son loup s'approchèrent du bord de la scène.

- Je suis Allia et voici Feng. Je serai votre professeure de sport. Attendez-vous à transpirer toute l'eau de votre corps et à ce que votre graisse se transforme en muscle. Quand je jugerai que vous êtes prêts, nous passerons à l'étape suivante : les combats. Au corps à corps et, plus tard, avec des armes.

Elle retourna au fond de la scène et une femme à la beauté divine s'avança à son tour. Son pas était sautillant et son aura paisible.

- Je suis Poïsy, professeure de poésie dans cette Académie.

Un dernier sourire, puis elle laissa la place aux autres femmes qui lui ressemblaient pratiquement traits pour traits. Défilèrent ainsi Istolla, professeure en histoire ; Traïg qui enseignait le chant ; Mousia dont la musique était sa spécialité ; Atraï, passionnée de théâtre ; Choraï qui dédiait tout son temps à la danse et à la place du corps dans l'espace ; Amynti, enseignante en arts défensifs... plus simplement appelés « magie et Draconique » ; Thriskeïa, tout juste diplômée en religion et mythologie ; et enfin Mathia, chercheuse en mathématiques, physiques et biologie.

Toutes les neuf étaient des Muses, des femmes à l'apparence resplendissante et aux connaissances illimitées. Elles étaient choisies chaque année par le directeur de l'Académie pour enseigner à la nouvelle promotion. En fonction du pourcentage de réussite aux examens finaux, elles restaient pour suivre les étudiants dans leurs études ou étaient éjectées et forcées de retourner chez elles.

- Vous êtes soixante étudiants cette année à avoir été sélectionnés pour faire partie de cette promotion, reprit Allia. J'espère que vous mesurez la chance que vous avez. Nous commencerons l'année par quatre heures de sport. Je veux voir dans quel état vous êtes. Allez vous changer. Plus vite que ça ! Allez ! Hop, hop, hop !

- Un instant, je vous prie ! Après votre repas, nous nous retrouverons pour deux heures d'arts défensifs dans la Salle Esprit.

- Puis rendez-vous en Salle Terre pour trois heures de musique.

Les Muses descendirent ensuite de l'estrade et disparurent en un instant, gloussant entre elles comme des adolescentes.

- Magnez-vous !

Allia perdait patience et son loup leur fit savoir en grognant et en dévoilant ses longs crocs pointus. Margot et Daro'Shamada quittèrent Horte pour se diriger dans les vestiaires des filles. Elles se changèrent à tour de rôle, la Khajiit cachant la jeune femme, pudique et gênée de devoir se déshabiller devant tant de monde.

Lorsqu'elles revinrent dans le gymnase, Margot se figea. La Valkyrie avait profité de leur absence pour noter sur un tableau blanc une suite de mots dans une langue qui lui était inconnue. Elle déglutit. Comment allait-elle être capable de faire correctement ce qui lui était demandé si elle n'arrivait même pas à lire les consignes ?

- Tu comprends ce qui est marqué ? demanda-t-elle à sa colocataire.

- Ouais. Ce sont tous les exercices et enchaînements qu'elle veut qu'on fasse. Pourquoi ?

- Je ne sais pas lire cette langue...

- Ah... Ça va être problématique ça... Bon, écoute ! Voilà ce qu'on va faire : tu regarderas ce que je fais et tu feras exactement comme moi, d'accord ?

Margot hocha la tête vigoureusement, des étoiles dans les yeux. Elle était vraiment reconnaissante envers Daro'Shamada. Derrière son côté brusque et grande-gueule se cachait un cœur en or et sans doute une loyauté sans faille.

- Merci infiniment !

La femme-lynx esquissa un sourire solaire. Malgré ses crocs de prédateurs, Margot n'eut pas peur et se sentit même rassurée d'avoir à ses côtés une telle personne.

- Bon ! On ne va pas y passer toute la journée ! grogna Allia. Feng, va chercher les retardataires, s'il te plaît.

Le loup ébène hocha la tête, sauta au bas de l'estrade et galopa vers les vestiaires. Des hurlements suraiguës ne tardèrent pas à retentir. Six jeunes femmes et quatre étudiants en sortirent, terrifiés par le loup qui les poursuivaient. Quand ils arrivèrent devant la scène provisoire, ils étaient essoufflés.

- Tous les dix, claqua la voix de leur professeure. Vous ferez trois séries de plus que les autres à la fin du cours. Maintenant, lisez ce tableau et mettez-vous rapidement au travail. Si j'en vois un qui se repose avant la fin de la première série, il rejoindra les retardataires !

Elle se recula de quelques pas pour laisser le champ libre aux étudiants pour lire le tableau et prendre connaissance des exercices. Après cinq minutes, elle siffla le coup d'envoi et tous se mirent en position. Deuxième sifflement, la première série d'exercices commençait.

HorswentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant