Chapitre 35 (2)

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Une  fois les corps de leurs défunts brûlés et ceux de leurs ennemis empalés  sur des pics de bois, la troupe d'Ordy se mit en route dans le plus  grand des silences. Daro'Shamada était partagée entre l'excitation des  combats, mais aussi le stress que les choses tournent mal. Sa queue  battait l'air alors qu'elle sentait sur elle les regards insistants,  presque agacés, des Créatures de la nuit. Elle n'était pas dupe : elle  savait parfaitement qu'ils n'étaient pas d'accord avec la décision  qu'avait prise Ordy. En plus, le chef des Pahmar-raht était venu lui  raconter comment le Sage de la Lumière l'avait défendue quand les  généraux avaient montré leur désaccord. Heureusement, il avait su les  convaincre et, grâce à la confiance qu'ils avaient en son jugement, ils  n'avaient pas insisté.

Le  soleil se couchait quand ils arrivèrent aux abords de Kaïthy. Ils  patientèrent dans le lit de la rivière jusqu'à ce que la lune ait pris  ses aises dans le ciel. Grâce à leur barrage, le cours d'eau était à sec  et leur offrait une excellente cachette. Les hauts remparts étendirent  très vite leur ombre sur la plaine. En voyant que les ténèbres prenaient  de plus en plus d'ampleur, Ordy eut un frisson et déglutit. Il se  tourna vers les soldats qu'il avait à sa charge et pria les premiers  Sages pour qu'il y ait un minimum de morts. Il n'était pas idiot : il  savait que beaucoup de sang coulerait lors des batailles à venir, mais  il ne pouvait s'empêcher d'espérer que, dans son camp, ce ne serait pas  le cas.

— On va y aller, murmura-t-il à sa garde rapprochée. Faites passer le mot.

Un  souffla parcourut la foule et Daro'Shamada sautilla sur place. Elle  leva les yeux vers les remparts et se rendit compte qu'aucun Anges ne  faisait de tour de garde. Elle fronça les paupières, mais la troupe se  mettait déjà en route, l'empêchant de remonter l'information au Sage de  la Lumière.

Ils  parcourent la distance qui les séparait de Kaïthy dans un silence de  mort. L'atmosphère était électrique et on n'entendait que les  respirations des soldats. Ils étaient aux aguets, prêts à faire face à  une nouvelle attaque de la part des Anges, mais tout était calme.

Trop calme, pensa Daro'Shamada en repensant à ce qu'elle avait constaté lors de leur départ.

Quand  ils arrivèrent aux pieds des remparts, ils trouvèrent facilement la  porte dérobée qui avait été ouverte par les alliés d'Ordy. Les  Pahmar-raht s'avanturèrent en premier dans la ville, puis revinrent :  les civils dormaient dans leurs maisons et aucun soldat ne se trouvait  dans les rues. Le Sage de la Lumière fit un signe et ses mit en route,  son armée sur les talons. Les Créatures de la nuit entrèrent dans la  ville et se dirigèrent immédiatement vers l'intérieur des remparts. Ils  devaient tuer toutes les sentinelles avant la fin de la nuit.

Une  fois que les Valkyries et leurs loups, les Pahmar-raht, Ordy et  Daro'Shamada se furent réfugiés dans un entrepôt, ils mirent en place  des tours de garde, puis le Sage de la Lumière invoqua Kunsumid et  s'installa à l'écart. Daro'Shamada l'observa du coin de l'œil et fut  impressionnée par la relation que partageait le duo. Elle aussi aimerait  faire équipe avec quelqu'un qu'elle connaîtrait sur le bout des griffes  et en qui elle avait confiance au point de lui confier sa vie.

Mais cela n'arrivera sans doute jamais, soupira-t-elle intérieurement, les  Khajiits sont beaucoup trop fiers et orgueilleux pour former des  tandems pareils. Il n'y a qu'avec un mariage que cela serait possible...  Et il est hors de question que je m'allie à un mâle juste pour cette  raison !

Elle vit le dragon de la Lumière bouger, puis disparaître après quelques paroles. Ordy se releva et vint vers eux.

— J'ai  averti les autres Sages que nous avons infiltré la ville, retentit sa  voix dans la salle vide. Grâce à un moyen de communication que nous  avons mis en place quelques jours auparavant, ils vont contacter les  groupes isolés et les inviter à se rassembler.

— On va devoir faire quoi pendant ce temps ? demanda l'un des généraux.

— On  va s'occuper d'ouvrir les portes de la ville. J'irai ouvrir la  principale pendant que trois groupes iront s'occuper de celles du nord,  de l'ouest et de l'est. Il y aura un général dans chaque équipe.

Il  désigna deux Pahmar-raht, et quatre Valkyries et leurs loups pour se  répartir dans les groupes, puis se tourna vers Daro'Shamada, l'air grave  :

— Tu  dirigeras le groupe pour la porte du nord. Je pense que ta mère aura  rejoint la troupe de Kynel et Maya... et que ce serait mieux si c'était  toi qui l'accueillait.

— Merci, Messire Ordy, souffla-t-elle en s'inclinant. Merci pour votre confiance.

— Nid kren dremo.*

— Zu'u hi vaat do dein dii dremo.**

— Quant  à vous, reprit-il en se tournant vers les Valkyries restantes, je  compte sur vous pour délivrer les étudiants à l'abri. Une fois que les  combats auront commencé, j'enverrai une d'autres de vos sœurs rassembler  les citoyens. Elles vous rejoindront au compte-goutte.

Les  Valkyries acquiescèrent, puis Ordy se tourna vers les soldats restants  et forma les équipes. Après de longues minutes, chaque chef rassembla  ses hommes et partit dans la ville. Daro'Shamada préféra discuter  stratégie pendant quelques instants avec les personnes qu'elle avait  sous son commandement.

— J'ai  besoin d'un peu plus de temps que les autres, se justifia-t-elle alors  qu'ils étaient en cercle. C'est la première fois que je suis à la tête  d'un groupe et j'espère être à la hauteur.

— N'hésite  pas à demander si t'as besoin d'un conseil ou d'un avis, lui dit l'un  des généraux Pahmar-raht tandis qu'une Valkyrie lui tapotait l'épaule en  acquiesçant.

— Merci,  murmura Daro'Shamada, touchée par leur soutien. Avant de partir, il  nous faudrait avoir une idée de l'endroit exact où se trouve la porte  que nous devons ouvrir.

— Il nous faut une carte pour cela.

— Mon loup peut nous guider, dit la guerrière en Langue commune. Il sait s'orienter même dans la plus brumeuse des forêts.

— Nous  nous fions à vous alors, sourit la Khajiit. Une fois sur place, il  faudra vérifier que les sentinelles soient bien exécutées avant de  sortir à découvert. Et, quand nous serons certains que la voix est  libre, nous pourrons aller ouvrir la porte.

Les  soldats hochèrent tous la tête, puis le groupe se mit en route sans  plus tarder. Les quatre portes devaient être ouvertes à l'aube pour  accueillir les autres armées.


*  Nid kren dremo : Ne     brise pas ta promesse

** Zu'u hi vaat do dein dii dremo : Je     vous promets de respecter ma promesse

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