Chapitre 12 (3)

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- Pourquoi ?

- Deux de mes amis ont été emprisonnés par les Anges et j'aimerai faire partie des personnes qui iront leur porter secours.

- C'est entendu. Mais Ja'khajiit, ajouta-t-il dans un souffle, sache que la guerre n'est pas un jeu... et que tes amis auront sûrement changés suite à leur séjour chez les Anges. Vu les traitements qu'ils réservent aux otages et prisonniers, je doute que ce soient toujours les mêmes personnes.

- J'aurai une autre question à vous poser...

- Je t'écoute, Ja'khajiit.

- J'ai entendu dire en arrivant en ville que vous aviez reçu la visite des Anges il y a deux mois de cela...

Un long soupir s'échappa de la gueule du Mane, coupant Daro'Shamada dans son élan. Il la dépassa et s'installa à la table autour de laquelle ses deux invitées étaient assises précédemment.

- Puisque j'ai décidé de m'opposer à eux, autant vous révéler ce qu'il s'est passé ce jour-là. Asseyez-vous.

Les deux femmes lui obéirent. Ra'Renji resta droit comme un piqué à l'entrée de la pièce.

- Toi aussi, Ra'Renji. Je sais à quel point tu te sens coupable de ce qu'il m'est arrivé. C'est pourquoi je veux éclaircir la situation avec toi. Viens.

Quand tous furent installés, la Crinière prit une grande bouffée d'air et se lança dans son récit.

- Comme vous le savez, les Anges sont venus me rendre une petite visite. Le Prince Héritier était du voyage avec sa garde rapprochée et a menacé mes soldats de mort si Ra'Renji ne les menait pas à moi. Je suis d'ailleurs fier de toi, Ja'khajiit, lui dit-il en se tournant vers le Pahmar-raht. Tu as sauvé la vie de tes compagnons en acceptant qu'ils viennent me rencontrer... Ce n'est pas tout le monde qui aurait pu prendre cette décision : si tu avais refusé et qu'ils avaient tué tes compagnons d'arme, ils auraient tout de même trouvé un moyen de venir me voir. Tu as sauvé des vies. Tu n'as pas à te sentir coupable.

Contre toute attente, des larmes humidifièrent les yeux du chef militaire. Ce dernier s'inclina pour remercier le Mane.

- Quand les Anges sont arrivés dans cette jungle et ont franchi le tori, j'ai tout de suite senti quelque chose de terrible allait arriver, mais je n'arrivais pas à savoir quoi. Ils n'ont pas attendu que je me déplace jusqu'à eux et on pénétré dans mon temple jusqu'à mes appartements. Ils ont défoncé la porte et la garde rapprochée du prince m'a encerclé. Leurs épées étaient pointées vers moi. Ils étaient prêts à me transpercés au moindre signe de rébellion. Le Prince Héritier m'a proposé un marché : accepter l'invasion et protéger les miens ou refuser leur main tendue et provoquer la mort de mon clan.

Un silence pesant tomba dans la salle de réception du temple.

- Je n'en revenais pas : ils étaient sur mon territoire, dans mon temple, dans mes appartements et ils osaient me menacer aussi ouvertement ! J'enrageais, mais je ne pouvais qu'accepter : même s'ils font d'excellents espions et magiciens, les Alfiq-raht sont très mauvais au corps à corps, et mes guerriers d'élites n'étaient pas préparés pour affronter les Anges. Ils m'ont fait signer un pacte de colonisation, puis ils sont partis en dévalisant la ville.

Daro'Shamada plaqua ses oreilles contre son crâne et se retint de feuler, furieuse contre ces personnes qui se croyaient tout permis.

- Quand l'esprit de Maya IV est venu à ma rencontre, j'ai été tellement heureux ! Les Anges n'avaient pas eu la présence d'esprit de me faire jurer allégeance en Draconique. J'ai donc accepté immédiatement d'apporter mon aide à l'armée qui est en train de se mettre en place. La suite, vous la cconnaissez. Sur ce, je vais me retirer. Merci d'être venus à moi. Merci de participer à cette guerre.

Sur ces derniers mots, la Grande Crinière se leva et effleura le crâne de chaque Khajiit, puis se retira dans les profondeurs de son temple. Quand Ra'Renji ferma la porte derrière lui, le temps sembla reprendre son cours et Ko'Tsalani se jeta sur sa fille qui était assise à côté d'elle. S'y attendant, Daro'Shamada l'esquiva d'un bond et se cacha derrière Ra'Renji.

- Daro'Shamada ! s'égosilla la Mère de clan, le poil hérissé sur son échine. Alors tu prévoyais ça depuis le départ ! Ta seule et unique confrontation avec les Anges ne t'a pas suffie ? Il faut en plus que tu remettes le couvert lors de la bataille finale !

- M'man, tenta la Khajiit en regardant par dessous l'épaule du guerrier. J'y vais pour sauver mes amis. C'est toi qui m'a appris qu'il fallait jamais laisser tomber nos proches...

- Mais tu te jettes dans la gueule du loup !

- ... de l'Ange...

- Tais-toi ! Je ne veux pas que tu ailles combattre, ma fille. C'est trop dangereux...

- C'est pas toi qui a dit que j'étais la meilleure combattante khajiiti que tu aies vu ? C'est pas toi qui a dit qu'il fallait suivre son cœur lorsqu'il nous dictait un chemin à prendre ? C'est pas toi qui a dit qu'abandonner ses proches, c'était comme commettre un meurtre !

Essoufflée, Daro'Shamada fusillait sa mère du regard. Elle n'en revenait pas : comment pouvait-elle proférer de telles paroles alors qu'elle-même n'aurait pas supporter d'abandonner ses proches ?

- Fais ce que tu veux, mais ne vient pas pleurer dans mes jupons si tu te retrouves estropiée et handicapée à vie, conclut-elle en tournant les talons. Nous partons demain, dès le lever du soleil. Ne sois pas en retard !

Puis elle quitta le temple d'un pas décidé. Une fois seule, Daro'Shamada souffla un bon coup. Cette confrontation avec sa mère l'avait épuisée. Elle n'était plus habituée à l'affronter et à chercher à se justifier de la sorte...

- Votre mère peut être rassurée, lui souffla une voix.

La Khajiit sursauta et tourna la tête vers la personne qui était encore présente dans la pièce.

- Pourquoi ?

- Parce que je viens aussi sur le front et que, après avoir assisté à votre dispute, je ne peux pas rester indifférent. L'amour qu'elle vous porte est beau et pur. Elle s'inquiète pour vous et ne souhaite que votre bien.

- J'le sais bien et c'est réciproque, mais l'oisillon arrive à l'âge où il a besoin de prendre son envol.

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