Il ne fallut qu'une seconde pour qu'elle entende les premiers cris de surprise, puis de douleurs des Anges. Elle stoppa sa course, la respiration courte, et revint vers ses alliés qui observaient d'un air satisfait leur prise.
— Joli Daro'Shamada, dit le général Pahmar-raht quand elle arriva à sa hauteur, mais Messire Ordy ne laissera pas passer.
Elle acquiesça, consciente de ce qui l'attendait, mais, au moins, ils avaient pu régler une partie de leur combat sans qu'il n'y ait de blessés. Et c'était tout ce qui l'importait.
Des hurlements la firent sursauter. Les Anges tentaient de se délivrer et leurs ailes s'empêtraient dans les mailles des filets.
— Cessez de vous débattre, leur ordonna le général Pahmar-raht. Vous ne ferez que vous blesser davantage.
— Plutôt crever que d'être vos prisonniers, cracha l'un d'entre eux en s'agitant de plus bel.
— Entendu, marmonna un Vampire en dégainant son épée.
— Non, non, bégayant l'Ange qui avait parlé en le voyant s'approcher, l'air menaçant. Pitié !
— Faudrait savoir ce que tu veux. Si je ne te tues pas, tu seras un prisonnier de guerre.
— Ne me tuez pas. Je vous en supplie.
Comme seule réponse, le Vampire rengaina sa lame, lui cracha au visage, puis fit demi-tour pour rejoindre ses compagnons d'armes.
L'Ange était de garde au niveau de la porte principale. Il avait vu ses camarades s'envoler pour briser les blocus. Il pouvait encore entendre leurs ailes claquer contre l'air. Ses coéquipiers étaient immobiles et observaient eux aussi les différentes unités se diriger vers les endroits attribués par le Prince héritier. La famille impériale concevait les stratégies auxquelles répondaient leurs soldats, mais ne sortaient jamais du palais pour les diriger. Ils se contentaient de déléguer et d'observer le résultats, offrant des récompenses lors des réussites et punissant sévèrement dans le cas contraire.
À présent que tous les yeux étaient dirigés vers l'extérieur, il était temps pour lui de mettre en œuvre le plan élaboré par son allié. Il s'éloigna lentement du chemin de ronde, puis s'enfonça dans les profondeurs des remparts. Il ressortir dans la ville et entra dans une laverie, volant des vêtements secs. Une fois changé et ses armes camouflées sous une grande cape, l'Ange se dirigea vers l'artère de la ville. La population était consciente de ce qui se passait à l'extérieur de Kaïthy, mais préférait se voiler la face. Ils préféraient vivre dans l'insouciance du quotidien que dans l'appréhension de savoir de quoi serait fait le lendemain.
L'Ange les enviaient de cette insouciance. Lui aussi aurait préféré ignorer la guerre, vivre avec sa famille et enchaîner la monotonie d'une vie sans danger. Mais il s'était engagé, admirant l'Empereur et son entourage lorsqu'ils faisaient des défilés et saluaient les petites gens. Quand il avait découvert leur véritable visage, il avait été déçu, dégoûté, écœuré.
Dès qu'ils étaient rentrés, après le premier défilé auquel il avait pu participé en tant que soldat, les membres de la famille impériale s'étaient lavés les mains et plaint de la puanteur des citoyens. Le Prince héritier avait aussi relevé leur manque d'éducation et avait honte de devoir piocher des soldats parmi eux. L'Ange aurait voulu quitter leur armée et s'installer ailleurs que dans la capitale, loin de ces êtres mauvais et imbuvables, mais sa promesse de les protéger de sa vie l'en empêchait. Il était lié à eux jusqu'à sa mort... ou jusqu'à la leurs.
L'Ange sortit de ses pensées en voyant le fleuve qui traversait la ville et allait jusqu'aux jardins du palais. Le lit était à sec depuis que le siège avait commencé, forçant les habitants de Kaïthy à puiser dans les nappes phréatiques pour tenir bon. Il remonta le cours d'eau jusqu'à arriver aux remparts. Il n'y avait plus assez de sentinelles pour veiller à la fois sur ce qui se passait à l'extérieur et à l'intérieur. Et comme personne ne se doutait qu'il y avait une taupe... cela allait lui faciliter la tâche.
Il sauta dans le lit de la rivière et pesta en voyant que ses bottes étaient sales. Il faudrait qu'il détruise ses vêtements pour effacer toute trace de sa trahison envers la couronne et son peuple. Il s'approcha de la porte qui permettait de réguler l'arrivée d'eau. Comme il s'y attendait, elle était bloquée à moitié, comme d'habitude. Et personne ne la surveillait depuis le blocus. C'était cette erreur qui allait lui permettre de mettre le plan à exécution.
— La porte est ouverte ? souffla le bras droit de l'Empereur en dévisageant son acolyte.
Ce dernier hocha la tête et lui tendit un bout de papier :
— Il faut le prévenir.
— Tu as raison, lui répondit-il en s'en emparant, puis en s'asseyant à son bureau. Va me chercher mon corbeau le plus rapide.
Son allié acquiesça et quitta son anti-chambre précipitamment. La main de l'Empereur soupira et saisit une plume. Il écrivit en Draconique pour montrer que tout ce qu'il disait n'était que la vérité.
On ne peut pas mentir en Draconique ! À l'écrit comme à l'oral.
Il scella sa missive avec un cachet de cire et se posta près de la fenêtre. Après quelques minutes qui lui parurent interminable, son acolyte revint avec un corbeau. Le plus petit, le plus âgé et le mieux dressé. Mais, surtout, le plus rapide parmi ceux qu'il possédait. Il releva son avant-bras et l'oiseau vint s'y poser sans aucune hésitation. Il ouvrit la fenêtre, caressa la tête de l'animal avant de lui chuchoter :
— Vole aussi vite que tu le peux. C'est important.
Puis il donna de l'impulsion et le corbeau fila dans le ciel. Il battait des ailes aussi vite qu'il le pouvait et, bientôt, il ne fut plus qu'un point à l'horizon.
— Espérons qu'il arrive à destination, retentit la voix de son allié.
— J'ai confiance en lui, se contenta-t-il de répondre en continuant d'observer la silhouette de son oiseau. Il déteste échouer.
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Horswentia
Fantasy[Dans la liste de lecture « High Fantasy » de WattpadFantasyFR 🥰] La vie de Margot bascule quand elle ouvre les yeux dans une forêt aux allures oniriques après avoir été renversée par une voiture. Elle ne connait rien de ce monde. Pourtant, elle va...