Chapitre 6 (1)

55 9 10
                                    

Cela faisait cinq jours que Horte volait en direction de son pays d'origine. Il avait contacté l'Ancêtre pour la tenir au courant de son retour en catastrophe... et surtout pour éviter que les habitants de Yperineyaw ne s'affolent en sentant une présence étrangère traverser le champ de force qui les cachait aux yeux du reste du monde.

Le Dragon attaqua la traversée de l'Océan Agaïpe. Les éléments étaient contre lui. Un orage faisait rage. Il espérait de tout cœur que Margot ne tomberait pas malade à cause du mauvais temps. Se concentrant sur les vents ascendants, Horte fit en sorte que son amie soit le moins secouée possible. Un éclair tomba à côté de lui, le faisant dévier de sa trajectoire. Il grogna et, d'un puissant battement d'ailes, se propulsa aussi vite que possible au-dessus de la mer de nuages.

Un apaisement soudain s'empara de lui. Il ferma les yeux et dégusta cette sensation qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps... au moins cinquante ans, si ses souvenirs ne le trompaient pas. Quand il avait atteint l'âge de l'adolescence chez les Dragons, deux cents ans, il s'était rebellé contre l'enfermement que lui faisait subir son clan.

Enfin... Ce n'est pas tout à fait vrai : tous les Dragons se sont confinés sur cette île géante à la mort de Laa... de ma mère.

Laatonikov avait créé un champ de force autour de cette île pour permettre aux Dragons d'échapper à la chasse et à l'extermination dont ils étaient la cible.

Tout ça à cause d'Alduin... Tout ça à cause des Prêtre-Dragon qui l'ont détourné du Thu'um !

Pendant son voyage, il avait erré sur les routes de Horswentia à la recherche des derniers membres de cette secte. Quand certains avaient croisés sa route et avaient tenté de l'embrigader dans leurs délires, il les avait fait rôtir, puis les avait enfouis sous terre pour qu'ils ne causent de tort à personne d'autre.

Des cris semblables à des odes à la joie parvinrent à ses oreilles. Il balaya le ciel du regard et ronronna en apercevant les silhouettes caractéristiques des Dragons bleus. Ils l'entourèrent et profitèrent des courants qu'il créait grâce à sa grande taille. Certains firent des acrobaties autour de lui, d'autres se contentèrent de planer en piaillant.

Ils ressemblent vraiment à des oiseaux.

Quand enfin la terre fut en vue, une Wyvern bleue fonça à sa rencontre. Il grogna, l'avertissant qu'il n'était pas d'humeur à s'amuser. Elle ralentit et fit du sur-place devant lui.

- Horte los vokh do naalik Dovah arkh Diiv*, lui chanta sa voix de soprano.

Il approuva d'un grondement, puis se remit en route vers la capitale, là où se trouvait l'Ancêtre. Escorté par les Dragons et la Wyvern bleus, Horte eu l'impression d'être enfin là où il devait être. Même s'il avait apprécié son voyage découverte, il ne se sentait lui-même que lorsqu'il avait la possibilité de prendre sa seconde forme.

La place principale de Narkissy se dessina rapidement et il distingua l'Ancêtre qui l'y attendait de pied ferme. Le Dragon noir entama une descente en plaquant ses ailes contre son corps. Il prit de la vitesse grâce à sa chute libre. Quand il jugea qu'il était suffisamment près du sol, il les déploya sans aucune hésitation. Le vent frappa le cuir qui reliait les phalanges qui formaient le squelette de ses ailes. Il dégusta cette sensation et atterrit en douceur sous les regards inquiets de ses congénères. Bien qu'ils soient tous sous forme humaine, ils étaient prêts à se métamorphoser à la moindre menace.

Le Dragon ferma les yeux alors que l'Ancêtre s'approchait de lui en claudiquant. Il sentit ses os se briser, puis se reformer, plus petits que précédemment. Ses muscles se ratatinèrent, le surplus fusionna avec le nécessaire à sa forme humaine. Sa colonne vertébrale perdit de nombreuses vertèbres. Ses pattes avant redevinrent des bras et ses jambes reprirent leur apparence première. Son cou raccourcit et sa tête s'arrondit. Son museau retrouva la forme d'un nez et ses yeux perdirent leur couleur violette en même temps que ses écailles noires tombèrent au sol pour se désintégrer.

HorswentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant