Horswentia

Chapitre 19 (4)

La soirée battait son plein. Les premières, deuxièmes et troisièmes années étaient réunies dans le hall. Il y avait un quatuor qui jouait des musiques aux consonances étranges, presque orientales en avait conclu Margot en écoutant un peu plus attentivement les morceaux qu'ils jouaient. Elle était vraiment intriguée par leurs instruments, mais n'eut pas l'occasion de se rapprocher pour les examiner car la foule se rassemblait près d'une estrade montée pour l'occasion. Du haut de son mètre soixante d'humaine, elle n'était pas de taille à résister contre le courant que formaient les Horswentiens. Elle se laissa donc porter par la marée d'étudiants et se retrouva face à la scène sur laquelle se tenait Maximilien. La musique s'estompa, puis disparut. Le jeune homme qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Tony prit la parole, un grand sourire aux lèvres :

- Maintenant que vous êtes tous là, nous allons commencer le parrainage. Vous allez chacun venir sur scène et piocher dans ce pot un objet appartenant à un deuxième ou troisième année.

Des murmures se firent entendre et Maximilien se tut, écoutant ce qui se disait, avant de reprendre son speech.

- Oui, il est tout petit, mais, comme vous devez vous en douter, la magie nous a aidés à faire en sorte qu'il puisse tout contenir...

Les premières années hochèrent la tête et Margot haussa un sourcil. Comment se faisait-il qu'aucun étudiant natif de ce monde n'y ait pensé ? Est-ce que c'était aussi impressionnant que cela ? Une main se posa sur son épaule et elle sursauta.

- Margot, souffla Daro'Shamada, enfin on te retrouve.

Horte apparut à son tour dans son champ de vision et vient se placer à ses côtés.

- Vu que t'es toute petite, on t'a perdue de vue ultra rapidement !

- Rien ne peut m'arriver, chuchota-t-elle alors que Maximilien reprenait son discours. On est dans l'école avec plein d'autres étudiants.

- On sait jamais. Écoutons ce qu'il a à nous dire.

Elle hocha la tête et se reconcentra sur ce que le clone de Tony disait, mais il avait déjà fini et les étudiants se rapprochaient de la scène pour monter chacun leur tour.

- Ça va être long, soupira Horte.

- La soirée vient à peine d'commencer, rétorqua Daro'Shamada.

- Ouais, mais j'aime pas ce genre de trucs. Je préfère largement passer ma soirée au calme avec un bon livre et une infusion bien chaude.

- T'es un vieux avant l'heure, Horte ! ricana la Khajiit. Mais j'avoue que les fêtes comme ça avec des gens que j'connais pas forcément ça m'soûle aussi. J'préfère être avec mes proches ou passer ma nuit dehors, à courir jusqu'à épuisement. Et toi, Margot ?

- Ça dépend de mes humeurs, se contenta-t-elle de dire, le regard perdu dans le vide en repensant à ses soirées avec Tony, sa famille et ses amis.

Ses deux amis se lancèrent une œillade déconcertée, conscients d'avoir touché un point sensible, mais n'insistèrent pas.

L'attente se fit dans le silence. Aucun des deux Horswentiens n'osaient le briser. De toute façon, ils n'auraient pas su quoi dire pour que la situation ne soit pas gênante. Ils étaient bien assez mal à l'aise comme ça pour parler du beau temps et de la pluie. Quand leur tour vint enfin, ils ne purent s'empêcher de soupirer de soulagement et Daro'Shamada sortit Margot de son mutisme en la faisant passer devant elle. Horte avait pris la tête de leur troupe et montait les escaliers pour aller piocher son objet. La brune l'observa faire et sourit quand il tira une amulette de Daïbel en très mauvais état.

- Ah ! s'étonna Daro'Shamada. C'est extrêmement rare de voir une amulette de ce genre autant abîmée... En général, les adeptes de Daïbel et ses enfants en prennent particulièrement soin.

Du Marjorie tout craché, ricana intérieurement Margot. Même si je ne connais pas les autres deuxièmes années, je suis sûre que c'est à elle !

- Youpiiii ! retentit sa voix dans la foule. Horte, t'es mon neveu !

Ce dernier releva la tête, un sourire en coin, et parcourut les étudiants agglutinés au bord de la scène. Quand il la trouva, il descendit de l'estrade et la rejoignit.

- Suivant ! appela Maximilien.

Margot posa les yeux sur lui et monta les marches, tremblante. Était-elle vraiment obligée de participer à ça, elle qui n'était pas de Horswentia ?

Oui, lui chuchota une petite voix. Tu dois t'intégrer pour mieux rentrer chez toi.

Quand elle fut à côté de Maximilien, il lui tendit le pot et elle plongea la main dedans. Elle en retira un livre sur la création de Horswentia et haussa un sourcil.

C'est légal de posséder un tel ouvrage ? Je croyais que...

Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir plus : Maximilien venait de lui prendre l'objet des mains pour le mettre dans sa sacoche.

- Merci de l'avoir retrouvé... et encore bienvenue à l'Académie, ma filleule.

La soirée d'intégration était enfin terminée. Tous les étudiants étaient allés se coucher. Maximilien, en temps que membre du BDE, avait dû rester jusqu'à la fin pour aider les plus mal en point à rentrer dans leurs chambres... et il y en avait eu beaucoup ! Il était épuisé.

Il soupira de soulagement quand il vit la porte de sa chambre. Il la déverrouilla et y entra. À peine eut-il fermé le battant de bois qu'une lame se plaça sous sa gorge.

- Sérieusement, jura-t-il en reconnaissant l'odeur de l'intrus. Tu entres dans ma chambre comme un voleur et tu oses me menacer avec un vulgaire poignard.

Alors qu'il s'apprêtait à envoyer son adversaire au tapis, une vive douleur l'arrêta. La lame venait d'entailler la peau fine de son cou.

- Qu...

- Je sais que tu as trafiqué le pot enchanté. Je ne sais pas ce que tu prépares, mais tu n'as pas intérêt à lui faire du mal.

- Tu parles de...

- Tais-toi, siffla-t-il d'une voix d'outre-tombe. Haalvut wah aan nun do ok om ahrk zu'u hi vaat wo pah kos oblaan*.

Maximilien déglutit, hocha la tête et la lame disparut. Il alluma la lumière, passa sa chambre au crible fin et, voyant qu'il était désormais seul, s'écroula au sol.

Je vais devoir la jouer plus fine...

*Touche à un seul de ses cheveux et je te jure que tout sera fini.