CHAPITRE 30 - DELKO

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Elle s'est endormie.

Et moi, je suis tendu comme un taureau avant une corrida, depuis qu'elle s'est lovée contre moi. Je tente d'oublier mes muscles douloureux et de m'endormir après elle.

Impossible.

Son odeur embaume la pièce et fait tressauter mon membre contre sa hanche à chaque fois que je la respire. Je suis si excité que je sens mon cœur battre dans mon gland gorgé de sang. Il a déjà dû virer au violet, depuis.

Putain.

J'essaie de me positionner sur le dos, pour m'éloigner d'elle, et tente de dégager mon bras qui soutient sa tête, mais je crains de la réveiller.

Je serre les dents.

Quelle merde.

Tant pis. Je trouve le moyen de me décaler sans la bousculer.

D'une main, j'abaisse mon pantalon. Mon sexe jaillit comme un diable qui sort de sa boîte, avant de retomber contre mon ventre.

Je soupire de soulagement.

Je ne me suis jamais senti aussi dur et gorgé. Je ne serai pas surpris de pouvoir briser une série de planches en bois d'un simple coup de queue. En fait, je n'ai jamais été aussi excité, et ça m'effraie.

Je jette un regard à son corps étendu près de moi, et à sa poitrine qui se soulève au rythme de sa respiration, calme et profonde ; ses tétons pointent sous son débardeur, son ventre est découvert et sa petite culotte ne cache pratiquement rien. Elle n'a pas pris le temps de s'habiller, lorsque je l'ai rejointe.

Je dois rassembler toute ma concentration pour m'obliger à me détendre, mais mon cœur cogne trop fort contre ma cage thoracique et dans ma tête ; assourdissant. Tout le plaisir que j'aimerais exprimer est comprimé et gardé au fond de moi, me faisant entrer dans un état second.

Je passe la main sur mon visage, effaçant la fine pellicule de sueur, jusque dans mes cheveux.

Haletant pour un rien, je le sais, je suis sur le point de passer la pire nuit de ma vie.

***

Une sonnerie stridente me réveille.

Mes paupières se plissent sous l'effet des rayons du soleil, alors qu'une vive douleur me parcourt le bras. Sa tête repose encore dessus et m'a coupé la circulation sanguine pendant de bonnes heures. Elle est toujours à moitié nue et, fatalement, mon sexe toujours à l'air libre tressaute. Je n'ai pas débandé de la nuit, et ça fait un mal de chien. Je remonte mon pantalon lorsque l'alarme de son portable recommence. Mais elle reste impassible.

Je me penche au-dessus d'elle pour l'éteindre, et en profite quelques secondes pour admirer son jolie visage endormis ; ses longs cils qui reposent sur ses joues, son petit nez rond et ses lèvres boudeuses. Doucement, elle remue dans son sommeil, et je tressaille en me rappelant que rien ne couvre mon visage. J'en profite pour retirer mon bras à moitié mort, et elle se rendort dans la seconde, trop épuisée par son manque de sommeil.

Je me lève doucement en rabattant la couverture sur elle, et me rhabille avant de m'en aller, faisant attention à ne pas claquer la porte trop fort.

***

Je n'ai pas dormi très longtemps, mais ce n'est pas une raison pour ne pas me rendre au boulot aujourd'hui.

C'est un petit atelier de menuiserie coincé entre un fleuriste et une agence immobilière, dans une rue marchande du centre-ville. La boutique est tenue par David, bientôt à la retraite, mais toujours aussi attaché à ses morceaux de bois. Il adore travailler avec ses mains et aime faire de beaux objets. La boutique propose des services de réparations et de rénovations, mais elle possède aussi sa propre marque et ses propres créations.

C'est mon job ; retaper et fabriquer des meubles dans l'atelier de l'arrière-boutique, sans aucun contact avec les clients. Je travaille seul, concentré sur les objets que je raccommode. Et ça me va très bien.

A l'avant, Lucy et James, deux étudiants arrivés cet été pour payer leurs études, bossent avec papi.

Je suis le dernier arrivé. Dav est surpris.

— T'as pris ton temps.

Je lui souris et fonce dans mon atelier. Les clients ne vont pas tarder à débarquer.

Un coup d'œil aux nouvelles planches et je me mets aussitôt au travail ; mesure, trace, coupe et ponce.

Au bout d'une quarantaine de minutes, la porte s'ouvre sur une petite brune en salopette et Dr. Martens marrons, les bras remplis de cartons de matériels.

— Del !

Lucy a l'air surprise de me voir arriver plus tard que d'habitude, elle aussi. Je m'approche pour l'aider et la débarrasser des cartons visiblement trop lourds.

— Comme t'es beau aujourd'hui ! T'as pris du muscle... Elle me taquine, avec un fort accent anglais.

Si je ne savais pas que quelqu'un l'attendait chez elle, en Angleterre, j'aurais juré qu'elle me drague.

Je lui souris en déposant les cartons dans un coin.

C'est toujours Lucy qui me ramène les livraisons le matin. Ce gringalet de James ne vient pratiquement jamais ici quand je suis là. Je crois que je lui fais peur. Et David est trop vieux pour porter quoi que ce soit.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Je lui montre le plan.

— Une table. Pour changer ! Elle dit sarcastique.

Je pouffe et elle m'examine en fronçant des sourcils. J'écris sur le plan :

« Qu'est-ce tu veux ? Dégage »

Elle ricane et au lieu de s'en aller, croise les bras et se pose contre le plan de travail.

— C'est juste qu'on t'a pas trop vu ces dernières semaines.

« Si, j'étais là »

— T'étais là, mais pas là. Elle précise. Tu étais... ailleurs.

Elle tapote son crâne pour me signifier que j'étais ailleurs.

Quelque part dans ma tête.

Je hausses des épaules. C'est vrai. Je venais à l'atelier parce que je devais y être. Mais dès que mes heures étaient terminés, je détalais dans la seconde. J'avais... une nouvelle lubie.

Finalement, elle n'insiste pas et me donne une tape dans le dos avant de sortir de l'atelier.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant