UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 67 - SKYLAR

Je n'ai pas dormi de la nuit.

Je n'ai fait que cogiter, me retournant sans cesse dans les bras de Delko. Et ce n'est pas du sort de mon père dont je m'inquiétais...

J'appréhendais l'interrogatoire qui aura lieu dans seulement quelques jours. Je suis effrayée à l'idée de dire quelque chose de travers et de le condamner malgré moi. J'ai passé la nuit à m'inventer toutes sortes de questions et m'entraînais inutilement à y répondre.

Au bout d'un moment, je me suis résignée à rester immobile pour ne pas réveiller Delko, et j'ai fini par somnoler le temps de quelques petites heures, seulement.

C'est le bruit de la machine à café qui m'a réveillé. J'ai rejoint Abby dans la cuisine et, après l'avoir remerciée pour la soirée, je suis partie comme une voleuse.

Je soupire en claquant la porte de chez moi et me débarrasse de mes talons avant de filer sous la douche.

J'ai quitté les bras de Delko à contrecœur, je dois me l'avouer. Mais, après ce que j'ai appris sur Alec, une discussion sérieuse avec ma mère s'impose. Une discussion à propos d'elle, de sa vie avec lui, de ce qu'elle a vécu ; je voulais savoir s'il avait toujours été aussi mauvais.

C'est une envie malsaine qui me prend ; celle de vouloir le détester un peu plus.

Je n'ai rien appris de bon chez cet homme, que ce soit de la bouche de Kristen, celle de Delko, ou de mes propres observations. Même ma mère ne semblait pas en avoir un très bon souvenir, non plus. Quitte à ce qu'il disparaisse, j'aimerais n'avoir aucun regret ; ne jamais le pleurer.

Alors, après une douche rapide, je retourne dans le salon récupérer mon téléphone et m'installe sur le canapé, un peu anxieuse. Il doit être dix-huit heures, en France. Je souffle et clique sur la touche d'appel.

Deux tonalités et elle décroche.

— Salut, chérie ! Tu vas bien ?

Entendre sa voix me donne automatiquement le sourire aux lèvres et me rend un peu mélancolique...

Elle me manque.

J'ai hâte de la retrouver pour les vacances de Noël.

— Salut, maman. Ça va... Je ne te dérange pas ?

Je l'entends croquer dans ce qui ressemble à une chips, de l'autre côté du combiné.

— J'allais me mettre un film sur la tél...

Elle s'interrompt pour crier à Spooky de descendre du canapé. Je ne peux m'empêcher de pouffer.

Lui aussi, il me manque. Il sait parfaitement qu'il n'a pas le droit de monter sur le canapé, mais il trouve toujours un moyen de sauter dessus lorsque ma mère a le dos tourné.

— Qu'est-ce que tu regardes ? Je demande, curieuse.

Je peux entendre les rouages de son cerveau d'ici lorsqu'elle réfléchit.

— Je n'ai pas encore choisi. Et toi, alors ? Les cours ? Les copines ? Les amours... Elle dit d'un ton malicieux. Comment ça se passe ?

Je pince les lèvres, un peu gênée de lui reparler de Delko et je sens mes joues chauffer. C'est vrai que je ne lui ai pas encore dit qu'on s'était réconcilié.

C'est le moment.

— Bah... Il m'a invité à dîner chez ses parents, hier soir.

Je peux déjà l'entendre sourire. Alors, je continue :

— Il y avait toute sa famille...

Elle me coupe pour me poser des questions, super excitée.

— Et ses parents, ils sont sympas ?