CHAPITRE 71 - SKYLAR

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La sonnerie de mon téléphone est un son strident à mes oreilles.

Je geins en émergeant de mon sommeil. Je meurs de chaud et je tente tant bien que mal de repousser les couvertures.

Mais ce n'est pas ça.

C'est une masse lourde qui m'emprisonne ; une boule de muscle et de chaleur étouffante. J'essaie de repousser Delko en attrapant mon téléphone, mais ses bras se referment davantage autour de moi lorsque je bouge.

J'étouffe, mais je décroche.

— Allo ? Je dis d'une voix ensommeillée.

— Skylar ?

Mes yeux s'ouvrent et je suis totalement réveillée lorsque je reconnais la voix de Kristen. Elle est faible, comme si elle avait du mal à parler.

Comme si elle était épuisée.

Mon cœur se brise aux souvenirs d'hier soir.

Je me redresse et m'assoie sur le lit, réveillant Delko au passage. Il grommelle en se tournant sur le dos.

— Tout va bien ? Je demande, pleine d'appréhension.

— Oui, ça va. Je te remercie pour hier... Pour tout.

Je me retiens de soupirer de soulagement mais je ne peux m'empêcher de sourire. Si j'ai pu l'aider dans son malheur, sous quelque forme que ce soit, c'est que j'ai fait mon devoir.

Rien de plus.

Elle n'a pas à me remercier pour ça.

— C'est normal, Kristen...

J'entends son souffle tremblant à travers le combiné et mon sourire s'évanouit.

Et si ça n'allait pas ?

Je fronce des sourcils en sentant une boule me peser dans l'estomac.

— Je ne sais pas qui était cet homme qui est venu me voir hier soir, mais j'ai cru comprendre que vous étiez proches...

Je pince les lèvres et me sens rougir en l'entendant faire référence à Delko.

— Il m'a l'air d'être un homme bien.

J'entends un sourire dans sa voix et je jette un regard à la brute endormie à côté de moi. Son visage est détendu lorsqu'il dort et donne l'impression d'avoir rajeuni de plusieurs années.

Un demi-sourire étire mes lèvres et je n'arrive plus à décrocher mon regard de lui.

— Il l'est.

Et il a ses défauts, aussi. Beaucoup...

Et de très vilains.

Mais je les accepte. Tous, sans distinction. Au même titre que ses qualités. Je prends le meilleur, comme le pire. Parce que je préfère tout avoir de lui, que d'en manquer une miette.

— Vous avez raison, tous les deux, ça ne peut plus durer. Elle prend une grande inspiration. Ce n'est pas seulement moi que ça concerne, mais aussi mes enfants.

Mon souffle se bloque de soulagement dans ma poitrine et je reste pendue à ses lèvres, attendant patiemment la suite.

— Alec est au travail. Elle m'explique. J'aimerais partir tant qu'il n'est pas à la maison... J'ai préparé mes affaires et celles des garçons. Le strict minimum. Est-ce que ça te dérangerais de me les amener-

— Non. Non, absolument pas. Je réponds dès lors sa phrase achevée. Je vous déposerai devant le centre.

Elle soupire et je peux entendre sa délivrance à l'autre bout du combiné, déchargée de toute tension. Elle est prête à tourner la page, aller de l'avant. Laissez derrière elle cette vie misérable qui lui était imposée. Et je suis heureuse de voir qu'elle a fait le bon choix, soulagée qu'elle ne soit pas restée sur ses positions. Elle, qui craignait de le quitter, d'être privée de ressources en croyant être entièrement dépendante de lui.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant