CHAPITRE 57 - SKYLAR

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C'est le jour J.

Le jour de Thanksgiving.

C'est ce soir que je retrouve Delko et sa famille, sans filtre, sans masque, sans barrière.

Peut-être même qu'il m'embrassera enfin, ce soir...

Je me mords la lèvre en fouillant dans ma collection de rouges à lèvres. J'imagine sa bouche - et tout le reste - couverts de rouge, de l'avoir tant embrassé. Je suis déjà loin lorsque j'imagine refermer mes lèvres autour de lui, jusqu'à la garde...

Je ferme les yeux, les lèvres pincées, en tentant de chasser cette cochonnerie de mon esprit.

Ce n'est pas le moment.

Mais j'attends ça depuis tellement longtemps...

Je soupire et attrape le rouge que je cherchais. Un rouge profond, qui tire presque sur le bordeaux. Il ira parfaitement avec ma robe noire, et se fondra merveilleusement bien avec mon maquillage fumé.

La télévision tourne en boucle sur une chaîne d'information, dans mon dos, et ne sert que de fond sonore pour chasser le silence de l'appartement. Mais, lorsque j'entends subitement le nom d'Andrew, mon sang ne fait qu'un tour, mon cœur bondit dans ma poitrine, et le stress s'empare de moi comme un sceau d'eau glacé qu'on reçoit sur la tête en plein hiver.

Je me rends dans le salon pour écouter ce qui se dit.

Le corps d'Andrew a été retrouvé, flottant dans un des bassins de la piscine de la fac et une enquête est en cours. Il a été retrouvé avec un bras cassé et le nez fracturé. Apparemment, l'explication d'une chute accidentelle a été rejetée et la police recherche des suspects ; les enquêteurs n'ont trouvé aucune trace de chute qui pourrait expliquer les fractures d'Andrew: son sang n'a été trouvé nulle part autour du bassin. En revanche, un casier dans le vestiaire des filles en contient des résidus.

Mon casier.

Les battements de mon cœur se mettent à accélérer jusqu'à en devenir douloureux.

J'ai peur.

Peur pour lui.

Il n'a fait que me venir en aide. Ce sont les gens comme Andrew, et Nate, qui méritent d'être enfermés. Pas lui.

Il faut que je lui dise.

Je dois lui dire que les enquêteurs vont procéder à un interrogatoire ce lundi de la rentrée, dans deux jours, et que je fais partie des interrogés.

Je suis effrayée. Morte de peur à l'idée de dire une bêtise ; de le dénoncer malgré moi.

Je ferai en sorte d'en dire le moins possible, de donner le minimum d'information ; ralentir l'enquête.

Tout ira bien.

Je finis par éteindre la télé, ne supportant plus de voir la photo d'Andrew.

Me dire que je reverrai Delko dans tout juste quelques heures, me détend quelque peu. Je lui dirai tout, et il saura quoi faire. Il a provoqué tout ça... Il ne me laissera pas en subir les conséquences toute seule.

Du moins, c'est ce que j'espère.

***

Sur la route, je suis le GPS jusqu'à l'adresse que m'a envoyée Delko.

Je décide de m'arrêter en chemin pour faire quelques achats de dernière minute, mais je sais que ce n'est qu'un prétexte pour évacuer mon stress.

Je ne sais pas combien nous serons ce soir, mais je décide d'acheter trois bouteilles de vin. La vendeuse me les emballe joliment avant de les mettre dans un sac plutôt chic, à l'image de la boutique.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant