UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 13 - SKYLAR

Le mois d'Octobre ne fait que commencer et toute la ville se prépare déjà à accueillir la fête d'Halloween. Je n'ai jamais rien vu de tel, sauf dans les films américains. En France, on ne fête pas vraiment Halloween. A l'exception d'enfants qui se déguisent en monstre pour l'occasion et viennent remplir leur sac de bonbons en toquant chez les voisins, les français n'ont pas Halloween dans leur culture.

Ici, les adultes s'amusent tout autant. Les décorations ne restent pas cloîtrées dans les maisons ; elles s'étendent dans les rues et s'emparent de la ville toute entière. Chaque coin de rue grouille de citrouilles, de foins et de fausses toiles d'araignée.

J'adore.

La fac ne fait pas exception. Elle aussi, s'est transformée pour l'occasion. Je suis dans la bibliothèque avec Sarah et Kheliss, assises sur un canapé pas très confortable, et de fausses toiles d'araignée pendent des étagères. Pour une fois, nous ne travaillons pas. Pas vraiment. Notre dossier est pourtant loin d'être terminé, mais on s'autorise une petite pause.

Sarah est sur le point de s'endormir sur l'épaule de Kheliss en regardant ses doigts scroller sur l'écran. Elle doit être sur les réseaux sociaux. Moi, je lis un roman policier un peu effrayant. Puis, soudain, Kheliss inspire bruyamment au point de faire sursauter Sarah. Kheliss fixe son écran avec des yeux ronds. Je relève la tête de mon livre, bizarrement tendue.

— Qu'est-ce qui se passe ? Je lui demande.

Un grand sourire s'étend sur son visage. Elle me lance un regard en coin.

— Les Pi Epsilon préparent une énorme soirée d'Halloween ! Ils ont déjà commencé la promo sur Insta et Tiktok !

Je fronce les sourcils.

— C'est un groupe de rock ?

Sarah, parfaitement bien réveillée maintenant, pouffe de rire. Kheliss me regarde comme si je venais d'une autre planète – Ou d'un autre pays...

— C'est une fraternité ! Celle qui fait les meilleures soirées du campus. Y'a toujours un type retrouvé mort le lendemain. Elle balance avec nonchalance.

Je pouffe à sa plaisanterie.

— Normal. Je dis d'un ton sarcastique.

Mais en voyant leur tête sérieuse, je déchante.

— Non, sans déconner ?

Sarah hoche la tête :

— Je te jure.

Puis Kheliss se tourne vers Sarah qui secoue la tête dans la seconde.

— Jamais de la vie !

— Oh, Aller !!!

Kheliss la supplie.

— C'est pas pour moi, ces trucs-là ! Tu le sais.

Je comprends que Kheliss a silencieusement invité Sarah à y aller avec elle. Je les laisse à leur négociation et reprends ma lecture en levant les yeux au ciel. Quand je n'entends plus rien, je relève les yeux une seconde fois. Kheliss me fixe.

— Quoi ?

— Viens avec moi !

Ce n'est pas une demande, c'est un ordre.

Je réfléchis. Je ne vois pas pourquoi je refuserais. Je ne suis jamais allée à une soirée organisée par une fraternité. J'aimerais bien savoir à quoi ressemblent les fêtes d'Halloween chez les étudiants américains.

Est-ce comme dans les films ?

Je comprends que Sarah ne veuille pas y aller. Je crois que c'est en rapport avec ses convictions religieuses, d'après la négociation que j'ai vaguement écoutée. Et je ne voudrais pas laisser Kheliss y aller toute seule. Si les films disent vrai, c'est déjanté.