CHAPITRE 83 - SKYLAR

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C'est avec une certaine appréhension que je me rends au commissariat, ce lundi matin.

Je n'ai pas pris la peine de les rappeler, de peur de ce que je pourrais entendre. J'ai préféré passer mon week-end avec Delko, comme si rester auprès de lui allait le protéger des flics et des accusations.

De la neige est tombée tout le week-end. Elle craque sous mes bottines lorsque je sors de ma voiture. Le froid me mord violemment les joues et le bout du nez. Je tente de me couvrir tant bien que mal avec mon écharpe et me hâte en pressant le pas pour me réfugier à l'intérieur du commissariat.

Les portes automatiques s'ouvrent et une bouffée de chaleur me percute de plein fouet. Je soupire de soulagement, mais pas pour longtemps. La nervosité est devenue ma plus proche amie, et je crains qu'elle devienne la meilleure à l'issue de ce rendez-vous avec les enquêteurs.

A cet instant, j'aurais préféré angoisser à l'approche des examens de fin d'année.

L'angoisse n'est jamais un bon moment à vivre, mais il y a des peurs qu'on préfère plus que d'autres.

Je soupire en me dirigeant vers le comptoir de l'accueil après avoir jeté un rapide coup d'œil au gigantesque hall d'entrée. Une policière parcourt les touches de son clavier, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur. Elle ne me voit pas approcher. Je me racle la gorge, et son regard surpris se lève dans ma direction.

— Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

Je passe rapidement la langue sur mes lèvres soudainement sèches et tapote nerveusement la surface lustrée du comptoir avec mes ongles

— Bonjour. Je suis Skylar Simon, je témoigne sur l'affaire de l'étudiant noyé...

C'est comme une illumination qui passe dans son regard et elle me coupe en se mettant sur pieds, abandonnant son ordinateur et son clavier.

— Suivez-moi.

Elle contourne le comptoir en arc de cercle et je hoche la tête, légèrement étonnée qu'elle sache qui je suis. Tous les flics de la ville doivent sûrement être au courant de l'enquête.

Je lui emboîte le pas et la suis dans un corridor d'un blanc grisonnant. La lumière est aveuglante, et toutes sortes d'affiches de prévention contre les drogues, les agressions et la cyber-sécurité placardent les murs.

Rapidement, nous arrivons dans un véritable décor de séries policières : une sorte d'Open Space s'étend face à nous. L'endroit est bourré de flics en uniforme ou en costume, discutant sur des dossiers ou prenant des dépositions de plaintes.

Nous descendons les escaliers pour rejoindre ce grand espace de travail, en contrebas. J'écoute d'une oreille distraite le brouhaha constant qui occupe l'espace, en suivant la policière. Slalomant entre les bureaux, une vive odeur de café me monte au nez.

Au fond de la pièce, s'étend un second couloir dans lequel plusieurs portes se présentent à nous. Elle en ouvre une et m'invite à entrer.

D'un simple coup d'œil, je devine qu'il s'agit d'une de ces salles d'interrogatoires. Une table en métal trône au milieu de la pièce, accompagnée de deux chaises de part et d'autre, qui se font face. Une troisième est négligemment rangée dans un coin. Une caméra de surveillance est installée au plafond, ainsi que des haut-parleurs, dans l'angle des murs. A ma droite, un grand miroir occupe un pan entier de mur.

J'entre, hésitante.

Mon angoisse monte d'un cran maintenant que je réalise la situation sérieuse dans laquelle je me trouve.

— Installez-vous, mes collègues ne vont pas tarder. Vous souhaitez boire quelque chose ?

J'ai d'abord le réflexe de refuser mais un remontant ne me ferait pas de mal. Je hoche la tête.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant