CHAPITRE 68 - SKYLAR

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La promesse que je fais à ma mère semble l'avoir rassurée, puisqu'elle a pris le temps de se calmer et de sécher ses larmes.

Ne voulant plus nous attarder davantage sur cette histoire, notre conversation a timidement dévié sur des sujets un peu plus légers.

Je n'allais plus revoir Alec, et ça lui suffisait.

Il pourrait bien crever que je ne lèverais pas le petit doigt. Je n'en avais plus rien à faire, désormais.

Nous avons évoqué son arrivée pour les vacances de Noël et je me suis dit que je devrais peut-être commencer à acheter des cadeaux avant que je ne sois débordée et que les magasins finissent par être dévalisés. Elle m'a promis une surprise de taille et que je n'allais pas être déçue. Elle n'a pas voulu me dire ce que c'était, mais je lui fais confiance.

Je l'ai entendu gronder une dernière fois Spooky avant de raccrocher. Je lève les yeux au ciel en pensant à mon chien lorsque j'appuie sur la touche pour mettre fin à l'appel.

Au même moment, ma porte d'entrée claque, et je sursaute.

Je me redresse du canapé en tenant fermement ma serviette de bain contre moi.

Delko apparaît dans mon salon. Sans masque.

Ca me fait tout drôle, maintenant, de me dire que je peux le voir et l'entendre, sans barrière. Ca m'intimide un peu, et je crois que lui aussi... Il me détaille avec un peu trop d'insistance pour que ça paraisse anodin. Toutefois, il est hésitant, n'osant pas s'approcher. Comme s'il craignait ou redoutait quelque chose.

Il ne devrait pas.

J'aimerais le prendre dans mes bras pour le rassurer de ce qui le tracasse, peu importe ce dont il s'agit.

— Tu as parlé avec ta mère ?

Sa voix me sort de ma léthargie.

J'acquiesce mais ne développe pas. Il n'insiste pas non plus.

— Je suis désolée d'être partie comme ça.

C'est tout ce que je trouve à dire.

Sûrement est-ce pour ça qu'il est ici ; je suis partie comme une voleuse, comme si je quittais un coup d'un soir que je ne voulais plus jamais revoir.

Ce n'est pas ce que je veux.

— Je t'ai laissé un petit mot. Je ne veux pas que tu crois que je ne voulais pas me réveiller avec toi...

Mes joues chauffent à ces mots et je le vois bien réfréner de sourire. Mais ses yeux le font à sa place. C'est comme si je lui avouais vouloir être dans ses bras, et c'est parfaitement ce que je veux : m'endormir près de lui et me réveiller à ses côtés.

Après la conversation mouvementée que nous avons eu la nuit dernière, je me dis qu'il est maintenant définitivement temps que l'on mette les choses au clair sur le statut de notre relation.

Je vois un de ses sourcils se lever, provocateur.

— C'est ce que tu veux : te réveiller avec moi ?

Il fait un pas dans ma direction. Puis un autre. Ses grosses chaussures font lourdement craquer mon parquet. Je le laisse s'approcher jusqu'à sentir son souffle au-dessus de moi. Son visage n'a jamais été aussi sérieux, pourtant, c'est bien de la taquinerie que je discerne dans sa voix.

Je veux plus que ça.

— Je veux être avec toi.

Les mots m'ont échappé avant que je ne puisse les retenir et c'est comme recevoir une subite dose d'adrénaline. Mon cœur bat si fort qu'il inhibe le bruit ambiant, autour de nous.

Cette lueur d'amusement disparaît de son regard et ma bouche s'assèche ; ma langue devient pâteuse. J'aimerais prendre mes jambes à mon cou, mais je suis figée, immobilisée sous le poids de mon aveu.

A ce moment, je sais ce que je crains : le rejet.

C'est bien connu ; tout homme a peur de l'engagement. Mais qu'est-ce qui pourrait nous empêcher d'être ensemble, à part lui ? N'est-ce pas ce qu'il souhaite, lui aussi ? Ce qu'il a essayé de me faire comprendre la veille ?

C'est ce que je lui demande ; c'est ce que je veux.

Je fixe le mouvement de sa pomme d'Adam lorsqu'il déglutit.

Ses mains s'arriment à mes hanches et m'attire contre lui. Toute son attention est dirigée sur moi. Ses yeux me scrutent ; si insistants que mes joues et ma poitrine s'embrasent. Le poids de son regard sur moi est encore nouveau pour moi – nouveau sans son masque ; j'aimerais me cacher dans un trou de souris, en cet instant. C'est encore plus féroce que ses mains sur moi, ou que sa peau contre la mienne.

Je dois me faire violence pour rester à ma place, ne sachant plus quoi dire, ni quoi faire, hormis m'accrocher à ma serviette et garder un semblant de contrôle sur mes émotions.

Un sourire en coin étire joliment ses lèvres, moqueur.

Je fronce des sourcils.

Qu'est-ce qui lui prend ?

J'aimerai le repousser pour le faire disparaître.

Il ne peut pas refuser. Pas après tout ça.

Mais son sourire persiste, et s'agrandit lorsque je sens ses doigts se refermer sur ma serviette et tirer dessus.

J'ai le réflexe de la garder précieusement contre moi ; protéger ma nudité de son regard narquois.

Il se moque de moi ?

Lorsqu'il se penche au-dessus de mon visage, mon souffle se bloque dans ma poitrine. Le sien frôle mes lèvres, lorsqu'il souffle :

— Tu es déjà à moi, Chaton.

Oh...

Je ne sais pas quelle tête je viens d'afficher, à cet instant, mais ça le fait rire.

Une chaleur agréable me parcourt le corps, mais pas du genre qui brûle et me consume. Ce n'est pas comme quand j'ai envie de lui. C'est plus fort, encore. Étrangement plus doux.

Sa bouche s'écrase sur la mienne, affamée et autoritaire. Bien différent des baisers qu'il me donnait la veille. Aujourd'hui, il me revendique comme sien.

Je ne réalisais pas que mes bras étaient si crispés, autour de moi, lorsque je les détends pour me pendre à son cou.

Ses mains parcourent mon dos et retracent mes courbes qu'il presse entre ses doigts longs. Je gémis contre ses lèvres lorsqu'elles se détachent.

— Tu as été à moi, dès l'instant où mes yeux se sont posés sur toi. Il m'avoue, son regard jonglant entre mes yeux et ma bouche. Et ça fait un bail, putain.

Un bail, oui... Si on part du principe qu'il me connaissait bien avant que l'on se rencontre, ce soir-là.

Sa bouche s'empare à nouveau de moi, me vénère et me choie, marque ma peau de sa langueur et de sa chaleur, à m'en tordre le ventre.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant