CHAPITRE 20 - SKYLAR

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Du coin de l'œil, je vois Nate suivre mon regard. Il se tourne vers moi en buvant une gorgée.

— Tu le connais ?

Il montre mon harceleur d'un coup de tête, les sourcils froncés. Un instant, j'ai envie de nier. Mais, ce serait bizarre, étant donné qu'il m'a vu un peu plus tôt avec lui. Je soupire.

— Ouais.

— Un ex ?

Je pince mes lèvres. Non et Dieu merci.

— Pas vraiment. Juste... un ami un peu envahissant.

Cette réponse ne semble pas le satisfaire. Il enchaîne les questions :

— Est-ce qu'il t'as fait quelque chose en particulier ? Tu veux que j'aille lui parler ou...

Je le coupe. Je ne veux plus parler de lui. Et, de toute façon... Je prends le temps jauger Nate.

Il ne ferait pas le poids, je pense à contrecœur.

— Non. Juste... ignore-le. Je soupire.

Nate hausse des épaules et me propose un autre verre. Je refuse. Ça va pour ce soir. Et je conduis. Un, ce n'était déjà pas raisonnable. Je jette mon dévolu sur un bol de chips et en picore quelques-unes quand une de mes chansons préférées fait trembler les enceintes : Smoke, de Bobi Andonov et Son Lux.

Aussitôt j'attrape la main de Nate et l'emmène avec moi sur la piste de danse. Il n'émet aucune résistance. Je commence à jouer des épaules au rythme de la musique.

Nate me sourit l'air taquin. Rapidement, il s'accorde au rythme des percussions. Ses mouvements sont lents et lascifs. Ses mains glissent sur ma taille et attirent mes hanches contre les siennes. Je le laisse faire. Je vois ses lèvres me chanter le refrain en playback : « You could be the fire. I could be the ash. I could be your first babe, You could be my last »

Je ris face à l'entrain qu'il met dans ces paroles. Et ma tête commence à tourner. La pièce tangue. Je me sens partir en arrière et me rattrape de justesse à ses épaules. Il me sourit et se penche à mon oreille.

— Tout va bien ?

Je hoche la tête. Juste un moment d'étourdissement. Les néons semblent avoir augmenté en intensité et m'aveuglent.

— Le verre de trop ?

Il ne perd pas son sourire.

Ça m'étonnerait. M ais le punch était peut-être un peu trop fort. C'était ça, leur recette secrète ?

J'acquiesce une nouvelle fois. Je suis toujours dans ses bras quand il me tire hors de la piste de danse. Il nous dirige vers l'étage. J'ai l'impression de marcher au ralenti.

— Pourquoi... On va où...

Je voudrais lui demander de rester encore un peu. J'adore cette chanson. Mais ma bouche est pâteuse.

Putain.

J'essaie d'hausser la voix, mais mes mots restent des murmures.

— On va te rafraîchir un peu.

Ça m'a l'air d'être une bonne idée. On traverse le couloir et je suis obligée de tenir les murs pour me stabiliser. J'ai l'impression d'être sur un trampoline.

Seulement trois verres.

Mes paupières deviennent lourdes et les sons autour de moi se font lointains. Il ouvre une porte, je réussi à distinguer une chambre.

Ce n'est pas la salle de bain !

— Qu'est-ce... tu fais...

Nate prend mon visage entre ses mains. C'est à peine si j'arrive à voir ses traits.

Je suis si fatiguée.

Ses yeux ne sont plus que deux billes noir sur fond beige. Et ses lèvres ne forment qu'une tâche rose.

J'ai tellement envie de dormir.

— Et si on se mettait dans la peau de nos personnages, hun?

J'entends ses mots comme si je me trouvais sous l'eau. Mon estomac se tort d'inquiétude. Les battements de mon cœur s'accélèrent brutalement. Je les entends raisonner dans ma tête.

— Quoi ?

Je sens ses lèvres dans mon cou, déposer plusieurs baiser mouillés.

Non.

Je tente de le repousser. Mais je n'arrive à rien. Mes forces m'ont quitté, comme si mes muscles avaient fondu.

C'est pas normal.

Je repense au verre qu'il m'a servi, et incité à boire.

Non...

Ce verre qu'il voulait absolument que je termine.

J'ai des sueurs froides. Mes lèvres se mettent à trembler.

L'enfoiré.

Sa bouche m'embrasse. Ses mains me touchent et glissent partout sur moi ; le dos, la taille, la poitrine. Je tente de le dégager encore. Ses mains glissent sur mes hanches. Elle pressent mes fesses. Et plus bas encore. Les larmes me montent aux yeux.

— Tu m'as...

Il me coupe en enfonçant sa langue dans ma bouche. J'ai envie de vomir. Je lutte contre le sommeil qui s'impose.

— Arrête... je souffle.

Il ne m'écoute pas. Il s'en fiche. Puis ses mains me propulsent sur un matelas. Je pleure vraiment, maintenant. Je tente de m'exprimer mais ne parviens à sortir que des mots et des sons incompréhensibles. Ma langue est épaisse et ne m'obéit plus. Mes paupières sont lourdes, ma vue est floue, ne discernant que des couleurs. Les sons sont étouffés et déformés. Le lit est soudainement la chose la plus confortable que je n'ai jamais connue. Mais je continue d'essayer de lutter en sentant ses mains sur mes cuisses et glisser sous ma robe.

Pas ça.

Je l'entends ricaner.

— Laisse-toi aller, ok ?

Sa voix n'est plus qu'un murmure à mon oreille. Ses lèvres sont comme des sangsues; répugnantes et impossible, dans mon état, à décoller. Ses doigts, qui me pressent les cuisses, me font mal.

A présent ce sont, des larmes d'horreur qui affluent quand je le sens agripper ma culotte et la descendre sur mes genoux. Impuissante, je voudrais hurler, appeler de l'aide, le frapper.

Qu'il disparaisse.

M'enfuir. Être chez moi. Être avec ma mère. Au lieu de quoi, il va faire ce qu'il veut de moi, prendre ce qu'il ne lui appartient pas.

Un son parvient à s'extraire de ma gorge, une pauvre plainte étranglée bien loin du cri de rage et de terreur que je souhaite émettre. Et je l'entends rire contre ma cuisse qu'il lèche.

A cet instant, je réalise que le plus dangereux de mes bourreaux est celui avec qui j'ai passé la soirée.

Et où est Kheliss ?

Au loin, j'entends des coups réguliers en provenance du couloir, semblables à des portes que l'on ouvre trop violemment. Ils se rapprochent.

Soudain la porte s'ouvre avec fracas et s'éclate contre le mur. Je distingue une silhouette qui couvre tout l'espace. Le soulagement m'envahit.

Quelqu'un.

Mais quand je vois l'ombre refermer la porte derrière elle – à double tour – la peur ressurgit. Je veux crier, mais rien ne sort.

Deux... Je ne le supporterais pas.

Nate se redresse, surpris.

— Putain, mec !

Et en colère.

— C'est occupé. Dégage.

La personne avance, d'un pas déterminé en direction de Nate. En dépit du flou dans lequel je baigne je reconnais son masque. Curieusement, je m'autorise à lâcher prise, et ferme les yeux

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant