UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 59 - SKYLAR

Il est parti depuis quelques minutes mais j'ai besoin de plus de temps pour me remettre de lui ; de ses baisers et de l'incendie qu'il a provoqué en moi.

Pas un masque, cette fois, mais lui.

Ça a toujours été lui.

C'est cette énergie féroce et masculine qu'il dégage et qui me coupe le souffle. Je n'ai jamais vu plus Homme, plus humain :

Aussi cruel qu'empathique.

Aussi confiant que craintif.

Aussi discret qu'effronté.

Aussi taiseux et, pourtant, si expressif.

Il est, à la fois, tout et son contraire.

Cette fragilité que j'ai vu lorsqu'il s'est dévoilé à moi, passant de la surprise à la vulnérabilité. Puis ce désir qui a doucement pris possession de son regard. Lui, qui m'avait habitué à une communication par le corps, qui ne m'offrait qu'un masque de carnaval inexpressif en guise de visage, je n'ai jamais vu personne plus animé et vivant que lui, en cet instant. C'était toute cette beauté qu'il me dissimulait ; celle de son âme.

Ça me tue de penser qu'il en avait peut-être honte, qu'il pouvait être objet de jugement de ma part.

J''ai davantage cru mourir lorsque sa bouche a enfin pris possession de la mienne ; autoritaire et gourmande. Comme une acceptation. Une affirmation de sa volonté.

Silencieusement, il me hurlait de lui appartenir, et j'étais prête - je suis prête - à tout lui céder.

Encore, tout et pour tout.

Des bruits de chaises au rez-de-chaussée m'arrachent de mes pensées et me ramènent à la réalité.

Nous n'allons pas tarder à passer à table.

Devant le miroir, je m'examine, arrange rapidement mon maquillage du bout des doigts et respire profondément pour calmer mon cœur agité.

Lorsque je suis prête, je sors de la chambre de Delko et traverse le couloir en direction des escaliers en entendant Lily rire dans la salle de bain.

J'y jette un rapide coup d'œil en passant, et je souris en la voyant frotter du coton sur les lèvres de son grand cousin pour le débarrasser de tout ce rouge à lèvre.

Personne ne fait vraiment attention à moi lorsque j'arrive, et tant mieux. Il ne manquerait plus qu'ils remarquent mes joues en feu et mes lèvres gonflées.

Tout le monde est déjà installé, et il ne reste que deux places de libres, à la droite de Steve, assit en bout de table.

Abby est à sa gauche.

Je laisse à Delko la place près de son père et, à peine ai-je posé mes fesses sur ma chaise, qu'il débarque avec Lily dans les bras. Je jette tout de même un coup d'œil, pour m'assurer qu'il ne reste plus rien de la preuve de mes baisers sur moi, et mon regard dévie sur son entrejambe.

Mes épaules s'affaissent de soulagement.

Delko rend Lily à sa mère, et vient prendre place près de moi. Une fois que tout le monde est bien installé, Abby nous invite à nous tenir la main. Perplexe, j'observe tout le monde s'exécuter ; certains ont déjà fermé leurs yeux.

Un peu intimidée, je suis le mouvement et attrape la main de Betty, à ma droite. Presque immédiatement, je sens Delko se saisir de mes doigts, à ma gauche. Je me tourne vers lui. Il m'invite à fermer les yeux, un petit sourire amusé au coin des lèvres.

Abby commence une prière, remerciant le seigneur pour ce repas.

Je suis un peu mal à l'aise. Je n'ai jamais prié avant de manger ; je ne suis pas croyante. Mais je me détends en sentant le pouce de Delko me caresser la main en dessinant des petits cercles invisibles.