CHAPITRE 77 - DELKO

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Le trajet se fait dans un silence pesant, presque étrange. Il est bien loin de l'euphorie de ce début de soirée.

Je suis concentré sur la route. Chaton est perdue dans ses pensées. Et je me rassure tant bien que mal en touchant la peau chaude et réconfortante de sa cuisse, malgré le froid environnant. Mon pouce trace de petits cercles discrets sur son genoux, tentant de la garder proche de moi.

On ne tarde pas à rejoindre le quartier de Gresham et rapidement, nous nous retrouvons devant la baraque de son géniteur.

Je coupe le moteur et ferme les yeux en me reposant quelques secondes sur l'appui-tête, le temps de souffler. Sa cuisse toujours sous la main, je la sens tressaillir de façon imperceptible.

Le silence s'éternise dans l'habitacle, et aucun bruit n'émane de l'extérieur non plus. Seuls nos respirations respectives perturbent la tranquillité – quand même pesante – de l'habitacle.

Puis je sens son regard sur moi.

J'ouvre les yeux et la vois tourner précipitamment la tête vers la vitre, comme pour fuir mon regard.

Je m'empêche de sourire.

Peut-être n'assume-t-elle plus sa présence ici et craint de me le dire.

Je la devance :

— Tu veux toujours le faire ?

Chaton ne répond pas tout de suite. Elle prend le temps de réfléchir à la question avant de hausser les épaules en fixant la maison de son géniteur. Aussi sinistre en pleine nuit qu'en plein jour.

Mais peut-être que ma haine et ma rancœur biaisent la réelle apparence de cette maudite maison.

Chaton se tourne vers moi, moins inquiète que tout à l'heure. Sûrement a-t-elle pris le temps de méditer et de s'y faire, le temps du trajet. Si elle change d'avis, je ne lui en voudrai pas. Elle a plus de morale et d'empathie que moi.

— Ça lui fera du mal ? Elle demande.

Je ne sais pas quoi lui répondre.

J'aurais aimé lui dire que oui. Que ça le détruira, autant que ça me détruirais de voir ma propre fille se faire prendre par un inconnu sous mes yeux et sous mon toit. Mais cet homme n'aime rien ni personne d'autre que lui-même. Sûrement que ça l'emmerdera, mais il s'en remettra – s'il vit, ensuite.

Mais il ne vivra pas.

Je hausse un sourcil.

— Ça le fera chier.

Chaton est un instant surprise de la désinvolture dont je fais preuve vis-à -vis de la question. Mais, rapidement, un petit sourire moqueur étire ses lèvres. Et je vois bien qu'elle tente de garder la face et de le contenir tant bien que mal.

Elle détourne son regard une nouvelle fois en direction de la maison, puis secoue doucement la tête, comme si elle ne réalisait pas ce qu'elle s'apprête à faire.

— Allons le faire chier, alors. Elle propose en ouvrant sa portière.

Un rire incontrôlé s'échappe de ma gorge en la voyant si résignée, soumise à ma volonté et mes désirs.

Avant qu'elle ne sorte, je me penche au-dessus d'elle et referme la porte pour l'empêcher de sortir tout de suite, et écrase mes lèvres sur les siennes.

Le goût mentholé s'est estompé sur sa langue mais il en reste assez pour m'en faire profiter, encore. Ses doigts recouvrent ma nuque tandis que mes mains parcourent ses courbes, tentant de raviver le feu au creux de son ventre.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant