CHAPITRE 69 - SKYLAR

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C'est une chaleur étouffante qui met fin à mon sommeil.

Mes paupières papillonnent et il me faut encore quelques secondes de plus pour émerger. Je soupire et m'étire dans les bras de Delko, qui me serre davantage contre lui en me sentant bouger.

Pas étonnant que je sois en sueur.

C'est une vraie pompe à chaleur.

Je souris et prends le temps de regarder dormir ce mètre quatre-vingt-quinze de muscles, allongés près de moi.

Comment peut-on être si fort et si fragile à la fois...

C'est ce que je me dis en contemplant ses blessures et les tatouages qui les recouvrent. L'un d'eux, une gueule ouverte avec une rangée de dents acérées, envahit la totalité de son cou.

Ses tatouages ont une histoire. Ils sont l'expression de ses traumatismes et le moyen de dissimuler ses cicatrices. Abby m'a parlé de brûlures... Et mon regard se pose sur les irrégularités qu'il a fait recouvrir à l'encre noire.

Mon cœur se serre douloureusement en imaginant l'état de sa peau sans tous ces stratagèmes.

Je pose ma main sur sa joue et sa mâchoire se contracte machinalement sous ma paume. Mon bas-ventre se tord agréablement en constatant que, même endormis, il me répond toujours. Je m'approche pour déposer un baiser sur le coin de ses lèvres abîmées par la cicatrice, et je ne peux m'empêcher d'en déposer d'autres délicatement le long de son entaille. Je la vénère et la bénis, parce qu'elle fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Celui que je connais et que j'ai appris à connaître. Celui que j'estime.

Et celui que j'aime.

Quand ma bouche embrasse sa paupière, il se dégage vivement, en sursaut, comme si je l'avais brûlé. Je me pince les lèvres, honteuse de l'avoir réveillé si brusquement. Il me regarde à travers ses cils, les paupières lourdes de sommeil. Je lui souris timidement en caressant sa pommette de mon pouce, avant de glisser ma main sur son torse massif.

— Excuse-moi... Je murmure.

Il gronde pour toute réponse, la voix enrouée par le sommeil, et je crois fondre sur place.

Il referme les yeux en serrant mes doigts entre les siens et porte ma main à ses lèvres. Sa bouche embrasse mes phalanges et les battements de mon cœur accélèrent dans ma poitrine.

Je l'observe se réveiller doucement entre mes draps, prendre possession de mon lit et de mon quotidien. Et je m'immobilise en me surprenant à imaginer une vie à deux.

Des images me traversent, et c'est comme remettre en question les principes que je me suis toujours fixés.

Il ne m'est jamais venu à l'esprit de finir ma vie aux côtés d'un homme. Encore moins d'avoir des enfants.

Vivre seule. Ne dépendre que de moi-même et m'occuper de ma mère ; c'était ce qui comptait.

Ce qui compte toujours.

Sans père ; n'ayant jamais vécu avec un homme sous le même toit, il était naturel que ça reste ainsi.

Dans mon idéal, les hommes allaient et venaient, et ne feraient jamais partie intégrante de ma vie. Je n'avais pas besoin d'eux. Je n'en ai jamais eu besoin.

Et soudain, je me suis retrouvée à courir après l'un d'eux, il n'y a pas plus tard que quelques jours...

Je me pince les lèvres.

Je ne regrette pas de l'avoir fait. Ça en valait la peine.

Delko en vaut la peine.

Mais je ne sais toujours pas ce que l'avenir nous réserve. Et ça me fait peur.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant