CHAPITRE 27

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Elle me pose cette question, de but en blanc. Pas le temps de respirer.

Elle sait.

Elle me prend de court.

Oui.

Oui je l'ai tué. J'acquiesce en m'approchant d'elle. Ses yeux me fixent inquisiteurs et inquiets à la fois. Je lui fais peur et je l'intéresse.

— Pourquoi ?

Pourquoi ?

Je cesse d'avancer et me fige.

Pourquoi ?

Elle pose une autre question :

— A cause de moi ?

D'une main, je pianote sur mon téléphone. Le sien vibre quelques secondes plus tard :

« Pas à cause de toi. Pour toi. »

Je la vois froncer des sourcils. Elle quitte l'écran des yeux pour me jeter un regard meurtrier. Elle est furieuse.

— Ne me mets pas la responsabilité d'un meurtre sur le dos, putain !

Elle hurle. Je l'attrape par la nuque d'une main et plaque l'autre contre sa bouche pour la faire taire.

Des voisins pourraient l'entendre.

Je la force à reculer jusqu'à l'acculer contre le mur de l'entrée. Ses joues virent à l'écarlate. Ses yeux me font savoir à quel point elle me déteste en ce moment. A quel point elle a... peur. Elle respire fort contre ma main et se saisit de mes poignets pour tenter de se dégager.

C'est suffisant pour me rendre dur, ma bite remue dans mon pantalon. Je sens l'humidité de son souffle s'accumuler sur mes doigts et je les imagine un instant s'insinuer entre ses lèvres et s'enfoncer dans sa bouche.

Je ferme les yeux et secoue la tête, tentant de me calmer.

Je libère sa bouche pour lui écrire :

« Tu n'étais sûrement pas la première, et tu n'aurais pas été la dernière. J'ai fait ce que j'avais à faire.»

Ses yeux s'embuent soudainement en lisant le message. Et je rêve de la réconforter. Je maintiens sa nuque et caresse l'arrière de son oreille avec le pouce. Elle secoue la tête de gauche à droite, essaie de se dégager et fuit mon regard, comme si elle ne comprenait pas. Comme si elle ne réalisait pas encore.

— Mais ce n'était pas à toi de faire ça. C'est le devoir de la police... de la justice !

Parce qu'elle pense qu'il méritait encore de vivre, même enfermé ? Après ce qu'il lui avait fait ? Il allait la tuer de l'intérieur. Et elle aurait préféré subir juste pour qu'il soit puni dans les règles. C'est à mon tour d'être en colère.

Je la relâche. Ses larmes me dégoûtent.

Je tape rageusement sur l'écran de mon portable :

« Tu le pleure »

Elle a l'air surprise de mon message, presque horrifiée. Elle tape du pied et me crie :

— Je ne le pleure pas !

Elle cache son visage entre ses mains, efface les larmes de ses joues et sèche ses yeux.

— Quelqu'un pourrait simplement soupçonner quelque chose...

Impossible.

Ses yeux luisent de terreur et d'inquiétude. Puis, je comprends.

Oh...

Toute colère s'évapore. Je sens un courant presque électrique parcourir ma queue et contracter mes burnes. Une chaleur inonde l'intérieur de ma poitrine et c'est comme un sentiment de bien-être qui me traverse. J'ai soudainement envie de l'embrasser. De l'embrasser vraiment, sans aucun masque entre nous, ni aucun vêtement. J'ai envie de m'envelopper dans sa chaleur, l'avoir rien que pour moi, et moi seul. Mais, au lieu de ça, je lui écris :

« Alors, tu me pleures.»

Ne mens pas. Tu t'inquiètes pour moi.

Un rire nerveux lui échappe. Elle veut nier, mais c'est comme si son corps refusait de mentir pour elle; rien ne sort de sa bouche. Elle ne se défend pas, non plus. Elle me regarde, démunie, paniquée à l'idée d'admettre.

— Sors d'ici.

Son ordre n'est qu'un murmure tremblant. Presque insignifiant. Et je ne peux m'empêcher de lui écrire ma réponse, désireux qu'elle le garde précieusement :

« Tu sais que je reviendrai. Je reviends toujours, Skylar. »

***

Après avoir averti mon proprio de mon départ, j'installe mes premiers meubles dans mon nouvel appartement.

Désormais, je passe mes temps libres à observer ses allées et venues entre la faculté et sa résidence.

Elle est devenue la preuve de ma déchéance, un témoin de mon rapport instable avec la gente féminine. Suivre les filles, me cacher d'elles, n'a jamais été ma façon de faire. J'ai toujours été celui qu'elles adulaient, qu'elles rêvaient d'avoir dans leur lit, et pour la vie.

Lorsque je pense à mes années de lycée, je ne me souviens pas d'une fois où j'ai été seul. Elles étaient toujours là, autour de moi. Puis cet accident m'a défiguré et tout a changé. J'ai commencé à avoir peur des regards, des remarques moqueuses et déplacées. J'étais effrayé à l'idée de les écœurer. Complexé. Mal dans ma peau. Alors je me cachais. Je les suivais pour apprendre à les connaitre et avoir ce que je voulais. Et, étonnamment, elles adoraient ça: se faire baiser par un inconnu sans visage.

En club, c'était plus facile. Les filles, là-bas, baisaient de tout. C'était leur job. C'était devenu régulier et ça me convenait.

Puis un jour, il a fallu qu'une de ces pétasses me démasque en plein rapport. Qu'elle nous mette à nu, moi et mes faiblesses. Et son regard... il m'a mis plus bas que terre. Tout ce que je redoutais et craignais était condensé dans ses pupilles bleues de pétasse.

Je me suis fermé. J'ai débandé. Et je me suis cassé pour ne plus jamais y retourner.

Mais elle... putain. Quand elle m'a bousculé devant l'épicerie, ce soir-là, ça m'a fait un truc. C'était pas comme d'habitude. Pas comme quand je les trouvais juste baisables et que j'avais envie de me vider les couilles. Elle, elle m'a retourné le bide. Et elle arrivait à me faire bander en un seul regard.

Tout – tout – chez elle, me rendait dur. Et juste pour ça, je me retrouve dehors, tel un animal nocturne, à guetter la fenêtre de sa chambre.

Ça fait plusieurs nuits, depuis la soirée d'Halloween, qu'elle ne cesse de se réveiller. La lumière s'allume et s'éteint fréquemment, comme en cet instant. Elle se réveille de longues minutes, puis se rendors. Et ça recommence; plusieurs fois dans la même nuit. Et quand je la vois, elle est épuisée.

Quand la lumière s'éteint, je patiente encore quelques minutes et décide de monter la rejoindre. 

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant