CHAPITRE 85 - SKYLAR

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Le silence s'étend durant plusieurs secondes entre nous. Et pas une seule fois je ne daigne lever les yeux sur l'écran pour confronter son regard, peut-être, accusateur ou son expression sûrement déçue.

Le temps est comme suspendu ; cette fausse tranquillité est oppressante et je ne peux plus retenir les sanglots de la honte qui m'accable.

— Je suis désolée. J'ai été stupide, je n'ai pas réfléchis, j'ai...

Je me confonds en excuse comme si demander pardon à ma mère et à l'univers tout entier allait réparer mes fautes. Mes pleurs m'étouffent et je suffoque presque, n'entendant pas tout de suite les mots réconfortants de ma mère.

— Tu m'entends ?

Je relève mes yeux larmoyants vers l'écran de mon ordinateur et fait face à son regard inquiet, absout de toute once de colère ou de déception. Mes pleurs se figent dans ma gorge, intimant à mes larmes de se réfréner.

— Calme-toi, chérie. Tout va bien se passer. Elle me rassure.

— Tu n'es pas en colère ? Je murmure, incertaine. Je ne le connais que depuis quelques mois, et...

— Tu as vingt-quatre ans, Sky. Elle me coupe. Ce sont des choses qui arrivent, chérie. Les conditions ne sont pas idéales et c'est ce qui te fait sûrement peur, mais tu as tout le temps de réfléchir à ce que tu veux faire, il n'est pas trop tard.

J'acquiesce.

J'aurais tellement aimé qu'elle soit là pour pouvoir la prendre dans mes bras.

Le silence s'étant de nouveau entre nous, mais plus apaisant cette fois. Elle me laisse le temps de me remettre de la nouvelle et de relativiser.

Elle a raison.

Ce bébé n'est pas une fin en soi ; je peux encore décider de quoi faire. Mais je ne peux pas prendre une décision aussi importante dans le dos de Delko. Je dois lui en parler. C'est son bébé, à lui aussi.

— Tu sais, il s'est passé à peu près la même chose, lorsque j'étais enceinte de toi. Tu étais une petite surprise, mais je t'ai aimée dès l'instant où j'ai appris que tu étais là.

Je souris timidement au milieu de mes dernières larmes. Mais ce n'est pas ce que je ressens en pensant à ce qui se trouve dans mon ventre. Il m'effraie et me comprime la poitrine, me gardant prisonnière dans mon propre corps, comme s'il n'était tout à coup plus le mien. Il est comme la promesse d'un avenir pénible.

— Ce n'est pas... Ce n'est pas ce que ressens, maman.

— Ce n'est pas grave. Si tu prends la décision de le garder – si vous prenez la décision de le garder. Elle se corrige. Tu auras tout le temps d'apprendre à le connaître. Elle me rassure. Et tu as toute la vie pour recommencer, si tu décides de t'en séparer.

Je hoche la tête en passant une main hésitante sur mon ventre. Je ne peux rien sentir pour le moment, mais sa présence est comme un poids pesant au creux de moi-même.

— Et ton ami, il le sait ?

Je relève la tête.

— Mon ami ? Je ris

Ma mère lève les yeux au ciel, un sourire moqueur au bout des lèvres.

— Le papa. Elle se corrige. Il le sait ?

— Pas encore. J'ai un peu peur de le lui dire. Je lui avoue.

Elle hoche la tête, compréhensive. Je sentirais presque la chaleur rassurante de ses mains sur moi, si elle était là.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant