CHAPITRE 44 - DELKO

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Une migraine atroce a pris possession de mon crâne.

Je fixe les quelques canettes de bière qui décorent ma table basse, le regard vitreux, et c'est comme si j'étais revenu en arrière. Comme si je ressortais de l'accident et que j'avais perdu ma petite sœur et mon meilleur ami une seconde fois.

Depuis ces derniers temps, je le hais encore plus.

Il me pourrit la vie. Tout ce qui touche de près ou de loin à sa personne, me tue et me ronge de l'intérieur. Je voulais me débarrasser de lui, mais il m'atteint, une fois de plus.

Ce coup-là, je n'ai jamais été aussi saoule de ma vie.

Elle m'a oublié.

Ou bien, elle doit faire semblant ; jouer la comédie.

A moins qu' elle n'ait vraiment tourné la page. Définitivement.

Des jours qu'elle n'était pas sortie de chez elle. Pourtant, j'avais toujours espoir de la trouver, un jour, en compagnie de son père.

Et ça arrivera, putain ; il faut que ça arrive. Et quand je me serai débarrassé de lui, tout ira mieux.

Mais, je sais que je me mens à moi-même. Même quand il disparaîtra, j'aurai toujours mal, à l'intérieur. Sa mort ne ramènera pas Ellie, ni Carter. Et je n'aurai encore que mes yeux pour pleurer. Mon visage pour me rappeler.

Il n'y a pas que ça...

Ça me fait chier de l'admettre, mais ça n'ira pas mieux tant que je serai encore loin d'elle. Elle n'est qu'une douleur de plus, qui s'ajoute aux précédentes. Et c'est toujours à cause de lui ; cette cicatrice à la con, ce trou béant dans ma poitrine, cette tristesse qui me ronge, et cette femme – sa putain de curiosité et cette habitude agaçante qu'elle a de toujours poser des questions.

C'est de lui. Tout ce qui m'emmerde, part de lui.

Pourtant, même lorsqu'elle restait planquée chez elle, j'étais encore là.

Elle a cessé de me harceler de messages, mais elle restait toujours debout, toute la nuit ; ses lumières ne s'éteignaient jamais et je m'interdisais de la rejoindre.

Je voulais la punir – même si ça me brisait le cœur.

Je me punissais aussi, d'une certaine manière, en restant campé dans le froid, à la regarder aller mal.

Je n'aimais pas qu'elle ait mal.

Sauf si le mal que je lui inflige se mêle aux plaisirs, alors, là... Là, j'adorerais lui faire mal. J'adorerais que ma queue la blesse en prenant trop de place.

Puis, un jour, elle est sortie en compagnie de ses amies.

Elles ne lui lâchent jamais les baskets.

Elle s'était un peu apprêtée. Même si ses traits étaient tirés par la fatigue, elle était belle à faire bander les morts.

Elle s'en voulait. Vraiment. Et ça m'a fait plus de mal que je ne l'aurais voulu.

J'ai d'abord pensé qu'elles sortaient entre copines boire un verre, aller au resto', faire du shopping... Je l'ai suivi, bien sûr.

Elle s'est rendue dans mon ancien appartement.

Évidemment.

Je ne lui ai jamais dit que j'avais déménagé.

Elle était venue me retrouver. Elle semblait déterminée, et un peu angoissée. Une chaleur s'est répandue dans ma poitrine en constatant qu'elle tenait vraiment à moi. Je le voyais de mes propres yeux... Je l'ai trouvé courageuse.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant