CHAPITRE 74 - DELKO

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Je finis le travail plus tard que d'habitude.
Nous avions reçu une nouvelle commande de planches pour renflouer les stocks et l'inventaire n'était pas à jour. Je me suis occupé de ranger les cartons pour épargner le dos de Dav', et Lucy a compté les entrées pour vérifier l'exactitude de la commande. Nous n'avons pu terminer qu'après la fermeture.

Lucy me salue avant de partir de son côté. Elle n'attend pas de réponse, et je ne lui réponds pas, comme d'habitude. Je me vois mal lui expliquer le pourquoi du comment j'ai pu retrouver la parole.

Je ne me l'explique pas moi-même.

Il a fallu que je revois ce pourris. Comme si elle attendait le bon moment pour lui faire entendre la voix qu'il n'a pas daigné écouter lorsqu'elle appelait à l'aide.

Je soupire en me dirigeant vers ma moto et me frotte le visage.

Je ne pige rien à ces conneries, et je ne veux rien savoir.

Quoi qu'il en soit, je ne le crierai pas sur tous les toits. Je continuerai à me morfondre dans le silence si ça peut me foutre la paix encore longtemps.

Il fait nuit noir dehors, il est déjà tard. Les rues sont pratiquement vides, seulement éclairées par la luminosité urbaine que forment les lampadaires et les feux tricolores qui se reflètent sur le goudron mouillé.

Je vérifie mon téléphone avant de prendre la route.

Chaton ne m'a laissé aucun message ; elle ne se demande pas où je suis.

Je me dis qu'elle est peut-être encore en cours. Mais je connais son emploi du temps par cœur ; elle est sensée avoir fini à midi. Alors, je fronce des sourcils, songeur.

Ce n'est pas normal et ça m'agace.

Je fourre mon téléphone dans ma poche et démarre en trombe. Je ne mets que quelques minutes à arriver chez moi et je me hâte de la rejoindre en grimpant les escaliers trois par trois.

Je l'imagine m'attendre sur le canapé, devant la télévision. Ou à s'affairer dans la cuisine. Ou dans mon lit, sous la douche, quelque part.

Mais lorsque j'ouvre la porte de chez moi, je suis accueilli par l'obscurité et le silence. Les lumières sont éteintes. Il n'y a pas âmes qui vivent.

Un sentiment d'irritation gonfle dans ma poitrine lorsque je comprends qu'elle n'est pas rentrée ici après les cours, et je contracte plusieurs fois ma mâchoire en claquant la porte derrière moi. Je ne prends même pas la peine de me débarrasser de mes affaires ; je fonce dans la chambre.

— Chaton ?

Je ne l'appelle pas pour vérifier sa présence, mais je la quémande. Je l'exige.

Je l'appelle plus durement que je ne l'aurais voulu ; ma voix reflète ma contrariété, malgré moi. Et lorsque je pousse la porte, je ne trouve qu'un lit vide et sûrement froid.

Putain.

Je repense à l'appel de son connard de père, la nuit dernière, qui l'a mise dans un état qu'il n'aurait jamais dû provoquer. J'ai hésité à en finir une bonne fois pour toute lorsque je suis sorti récupérer des affaires chez elle. J'ai fait un détour dans le quartier de Gresham ; je me suis vu l'assassiner de toutes les manières possibles et inimaginables.

A chaque fois, il revenait à la vie et je recommençais. Sans jamais me lasser.

Le souvenir des corps sans vie d'Ellie et Carter m'envahissait et me submergeait, alimentant ma haine et mes pulsions meurtrières.

J'adorerai le mettre minable. Pas au point de me faire bander – seule Chaton en est capable – mais à en tordre mon ventre de plaisir, tout de même.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant