- Oh non déjà !! râla Marquand alors qu'Alice écrasait son réveil d'une main énergique.
- Tu peux te rendormir, il n'est que 6h30, entendit-il en retour.
- 6h30 ?? T'es tarée ou bien ?
- Tu m'as souvent vu arriver au travail en retard, les cheveux en pétard ?
- Non.
- Ben cherches pas ça doit être grâce à ça... Et puis j'ai un fils à préparer et à amener à l'école, MOI ! Allez, à toute à l'heure commandant !
Marquand ne mit pas longtemps à se rendormir alors qu'Alice s'activait déjà dans l'appartement pour qu'elle et son fils arrivent à l'heure. Elle décida tout de même de profiter de la présence du commandant pour laisser trainer les bols et les verres du petit déjeuner. Celui-ci sentit bientôt un petit baiser baveux se poser sur sa joue puis entendit Alice crier à Paul de se dépêcher et la porte d'entrée claquer. Si c'était tous les matins comme ça, son réveil ne lui servirait probablement plus à rien.
Il se leva et profita du calme qui régnait dans l'appartement pour réfléchir. Sa relation avec Alice était si passionnée... elle venait de partir et pourtant il pensait déjà à elle, se demandant ce qu'elle était en train de faire. Il ne fallait pas qu'il s'emballe, qu'il s'enflamme et qu'il en fasse trop. Il avait tellement envie de lui offrir ce que Bremond n'avait pas pu, il voulait tellement que Paul et elle soient enfin heureux... Cependant elle lui avait dit elle même qu'elle avait peur qu'ils aillent trop vite et Marquand sentait bien qu'elle avait raison. A trop vouloir que tout soit parfait il allait peut être tout gâcher, peut être qu'Alice se lasserait de lui... Son téléphone sonna et le stoppa net dans ses pensées.
Besoin de te voir, de discuter... Tu me manques... Léa
Le commandant relut le sms plusieurs fois. La franchise de la jeune femme le toucha. Il devait la voir rapidement pour mettre les choses au clair et ne pas la laisser se faire de faux espoirs. Il fut effrayé en se rendant soudain compte que les choses n'étaient peut être pas si claires que ça pour lui. Certes, il avait passé de très bons moments avec Paul et Alice et il avait de ce fait totalement occulté Léa de sa vie, du moins jusqu'à aujourd'hui. Mais le simple fait qu'elle lui ai envoyé ce message le troublait. Il regarda son téléphone, saisit quelques mots puis les effaça avant de se diriger vers la salle de bain pour prendre une douche.
Il arriva au travail une heure plus tard, les traits tirés, l'air contrarié. Le lieutenant Kadiri était déjà là et préféra, une fois qu'il eut salué son supérieur, éviter tout contact avec lui pour ne pas s'attirer ses foudres de bon matin. La journée se déroula dans le calme, pas de nouvelle enquête pour le moment et seulement deux interventions pour de petits délits dans le quartier.
De son côté, dès qu'elle était arrivée au palais, Alice avait été harcelé de questions par son greffier. Victor voulait connaître le déroulement du premier week end de la juge et du commandant dans les moindres détails. Et impossible de lui cacher quelque chose. Fin observateur qu'il était, Victor avait remarqué la mine réjouie de sa collègue.
- Et vous avez... heu... enfin vous voyez ce que je veux dire, Madame le juge ?
- Non, je ne vois pas Victor... répondit-elle, gênée par la tournure que prenait la conversation et l'insistance de Victor.
Devant l'air renfrogné de la juge, Victor compris qu'il ne devait pas insister et profita du calme de la journée pour mettre de l'ordre dans le bureau et envoyer une grande partie des dossiers aux archives. La juge fit de même et ne vit pas la journée passer. Elle repartit vers 16h de son bureau, satisfaite de lui avoir enfin rendu l'image sérieuse et professionnelle qu'elle voulait qu'il dégage.
Elle se demanda, durant tout le trajet qu'elle emprunta pour se rendre à l'école, si Marquand serai déjà là et comment est-ce qu'elle allait le saluer. Lorsqu'elle le vit, qui discutait tranquillement avec une jeune maman, devant le portail de l'établissement, une pointe de jalousie l'envahi. Elle n'hésita pas une seule seconde et l'embrassa à pleine bouche le coupant dans sa conversation.
- Oh qu'est-ce que tu fais là ? la questionna Marquand. On avait pas dit que c'était moi qui viendrai chercher Paul aujourd'hui ?
- Si, mais j'ai terminé plus tôt, donc me voilà ! répondit Alice en tirant Marquand par le bras pour l'éloigner de la jeune femme avec qui il parlait quelques minutes auparavant.
- Je rêve où tu es jalouse ? s'amusa t-il.
- Pas du tout... répondit-elle trop vite pour que ce ne soit pas le cas.
- Bon en tout cas tu tombes bien. J'ai un petit soucis... heu... je sais pas trop comment te dire ça...
- Fred, il vaut mieux qu'on se dise les choses hein... vu comment ça a tourné quand je t'ai menti au sujet d'Ada...
- C'est vrai mais bon... vu ta réaction alors que je discutais innocemment avec cette pauvre femme... je ne suis pas sûr que ce que j'ai à dire te plaise.
- Essaies toujours, commença t-elle en perdant patience.
- J'ai reçu un sms de Léa ce matin. Elle veut me voir.
Voyant Alice s'agiter Marquand continua :
- Je pense que c'est une bonne idée. On s'est quitté sans la moindre explication. Alice, j'ai vraiment besoin de mettre les choses au clair avec elle.
- Paaaarraaaaaiiiiiiiinnnnnnnnnnn !!!
Paul venait de sauter au cou de Marquand et probablement de le sauver de la colère d'Alice. Il le reposa au sol après lui avoir fait un gros câlin sous les regards attendris de plusieurs mamans.
- Parrain doit aller voir une amie, Paul. On va rentrer tous les deux et puis il nous rejoindra quand il aura régler ses affaires, lui dit Alice en jetant un regard revolver au commandant.
- Voilà c'est ça. A toute à l'heure ! fit Marquand en s'éloignant.
Alice ne l'avait pas très bien pris mais les choses auraient pu être bien pires. Le commandant avait donné rendez-vous à Léa dans un café non loin de l'école de Paul. Il s'assit en terrasse, bien en vue, et commanda une bière pour patienter et hydrater sa gorge sèche. Pourquoi était-il si tendu ?
Léa arriva quelques instants plus tard et afficha un sourire resplendissant en le voyant.
- Je suis contente de te voir. J'avais tellement peur que tu refuses de venir.
- C'est vrai qu'on ne s'est pas quittés en très bon terme mais j'aurai été con de refuser de te voir.
- Je voulais m'excuser d'avoir réagit comme ça... c'était peut être un peu excessif mais je suis vraiment attaché à toi Fred. Je voulais tellement que ce soit toi qui m'appelle le premier mais tu vois, je n'ai même pas résisté... mon envie de te recontacter a été plus forte que tout. Tu me manques Fred.
Elle s'interrompit en voyant Marquand se décomposer devant elle.
- Wahou... Comment te dire. Je suis très touché par tes mots et je les comprends tout à fait. Mais en fait... heu... les choses ont changé depuis la semaine dernière. J'ai emménagé chez Alice. Je suis désolé... Je ne pensais pas que tout irai si vite.
Ce fut au tour de Léa de se décomposer. Une larme coula sur la joue de la jeune flic. Sans réfléchir, le commandant lui prit la main.
- Tu trouveras quelqu'un de bien Léa. Tu mérites d'être heureuse et ce n'est pas un vieux râleur comme moi qui t'apporteras ce dont tu as besoin.
- Mais merde je t'aime Fred ! J'en ai rien à foutre que tu sois vieux, râleur, flic et je ne sais quel autre défaut tu pourrais t'inventer ! Je m'en fous ! Je te veux toi et pas un autre ! Je comprends bien que c'est un peu compliqué pour toi en ce moment, avec la juge et cette histoire d'adoption, mais je suis prête à t'attendre le temps qu'il faudra. Fred, s'il te plait, ne fous pas tout en l'air, tu vas le regretter.
Devant le stoïcisme du commandant, Léa retira sa main de la sienne et s'échappa en courant de la terrasse. Marquand se prit la tête entre les mains. Son histoire avec Léa venait probablement de se finir, ici et maintenant et ça le touchait beaucoup plus qu'il ne l'aurait cru. Pourvu qu'Alice ne lui prenne pas la tête quand il rentrerai.
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Un jeu dangereux
FanfictionL'adoption de la petite Ada les a "obligé" à jouer un jeu. Mais jusqu'où sont-ils capables d'aller par amour les uns pour les autres ?