Un jeu dangereux

Footing et rencontre inattendue

Ces premières vacances à quatre ne se passaient pas du tout comme prévu et le seul échappatoire que Marquand avait trouvé était la course à pied. Cela faisait peut être bien dix ans qu'il n'avait pas courut et il craignait de mourir avant d'avoir parcouru le premier kilomètre mais maintenant qu'il était dans la rue et qu'il se gelait, il n'avait plus le choix. Les premiers mètres furent très difficiles mais il se rendit bientôt compte que la douleur et le froid le quittaient pour laisser place à un profond sentiment d'apaisement.

Quel soulagement de laisser ses problèmes sur le trottoir et de les oublier au fur et à mesure que les mètres de course s'enchainaient ! Même si Alice était rentrée à la maison, elle était très fatiguée et les nausées ne semblaient pas vouloir lui laisser de répit. De ce fait, elle refusait que Marquand la touche alors qu'elle lui faisait le plus beau des cadeaux et que son désir pour elle ne faisait que croitre de jour en jour. Bon d'accord, ce n'était pas un problème insurmontable mais quand même cela le rendait à cran. Son deuxième problème était les enfants, qui, à l'approche de Noël, étaient de plus en plus impatients et énervés... Ils étaient infernaux et rien ne les calmait ! Mais le plus grave c'était que l'état de santé de Joséphine, sa mère, s'était brutalement aggravé. Son cancer gagnait du terrain et lorsqu'il l'avait eu au téléphone pour lui annoncer qu'elle allait être une nouvelle fois grand mère, elle avait semblé pessimiste et résignée : elle n'aurait probablement pas la chance de rencontrer ce bébé. Ou alors elle était simplement réaliste...

- Fred ??

Une voix féminine sortit le commandant de ses pensées.

- Léa ?? Qu'est-ce que tu fais dehors par ce froid ?

- La même chose que toi ! rigola la jeune femme. Je ne savais pas que tu courais ?!

- Oh j'avais arrêté mais j'ai repris ce matin ! Je suis un peu à cran en ce moment.

- Ah ? Des problèmes avec Alice ? Pardon, je suis peut être indiscrète.

Marquand s'appuya contre l'arbre à sa droite et tenta de reprendre son souffle.

- En quelque sorte... Je ne sais pas si tu es au courant... Enfin, tu dois t'en douter... Alice et moi nous sommes mariés au mois de juin et Ada est officiellement notre fille depuis début décembre.

- Félicitations ! Mais du coup tout va bien, non ?

- Pas vraiment... Alice est enceinte et les nausées sont devenues ses pires ennemies... Les enfants sont tellement impatients à l'idée que le père noël ne passe qu'ils sont infernaux et ma mère a un cancer et elle ne rencontrera probablement jamais mon dernier enfant.

Léa sembla quelque peu affectée d'apprendre la grossesse d'Alice. Elle aussi envisageait d'avoir un enfant avec Marquand avant qu'il ne la quitte pour la juge. Pourtant elle se reprit et dit :

- Je sais qu'Alice n'apprécierait probablement pas ça mais si tu as besoin de parler, sache que je suis là. Si ça peut la rassurer, j'ai bien compris que c'est elle qui a gagné la guerre et puis de toute façon j'ai un petit ami !

- C'est gentil. Tu as toujours le même numéro ?

- Oui.

- Ecoute, pour l'instant j'ai juste besoin de courir mais si jamais j'ai besoin, je saurai me rappeler de ta proposition. Allez j'y retourne. Bonne journée et fais attention à toi ! cria Marquand en s'éloignant.

Le commandant termina son footing avec le sourire avant de regagner l'appartement familial. Lorsqu'il franchit la porte, ses vêtements couverts de sueur lui collaient à la peau et Alice eut l'air de le regarder avec envie avant d'avoir un haut le coeur... Malheureusement, le jeune interne avait eu raison de penser qu'Alice aurait peut être un peu de mal à supporter certaines odeurs durant sa grossesse. Dépité, mais zen, il se dirigea vers la salle de bain et prit une bonne douche, se sentant d'attaque pour affronter cette nouvelle journée. Un élan d'optimisme le fit imaginer qu'Alice le rejoindrait et le grincement de la porte le fit sourire avant qu'il ne se rende compte que ce n'était que Paul.