Nouvelle enquête

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- On vous a déjà dit que vous étiez magnifique quand vous réfléchissez Madame le Juge ?

Victor se leva précipitamment de sa chaise, à la fois étonné par l'arrivée du commandant et gêné par ce sentiment de se sentir soudain de trop dans la pièce.

- Quelqu'un veut un café ? demanda t-il.

- Non merci... lui répondirent les deux amants sans même le regarder.

- Tant pis pour vous, je vais m'en chercher un.

Alice sourit lorsqu'elle se rendit compte que son greffier n'avait pas quitté la pièce et essayait, en plus, d'attirer l'attention de Marquand, en s'agitant dans tous les sens.

- Fred... Je crois que Victor essaie de te dire quelque chose.

- Oui mais Victor ne dira rien maintenant, puisqu'il essayait de dire discrètement quelque chose au commandant, sans que vous ne vous en rendiez compte Madame le juge ! se plaignit Victor, sous l'oeil amusé de ses deux collègues.

Il fit une sortie théâtrale, laissant la juge et le commandant seuls.

- ça va mieux que ce matin ? demanda Marquand.

- Entre le mariage et la nouvelle enquête, je n'ai pas eu le temps de trouver des solutions à mes problèmes. Je devrais peut être voir un psy. Qu'est-ce que tu en penses ?

- Si tu penses que ça peut t'aider, se renfrogna Marquand, vexé que la juge pense à aller chercher une aide extérieure plutôt que de se confier à lui.

- Quoi ? demanda Alice, sentant son malaise.

- Un psy ne ramènera pas ta mère et n'effacera aucune des souffrances que tu peux ressentir. Peut être qu'il arrivera à en estomper quelques unes mais je pense qu'il ne t'apportera rien de plus. Avant que ma mère ne débarque dans nos vies, tu allais très bien, non ?

- Pourquoi tu me parles sur ce ton ? Tu es vexé ?

- Non, répondit-il un peu trop vite.

- Donc tu es vexé, murmura Alice. Fred... Ce n'est pas parce que je pense avoir besoin de parler à un psy que je n'ai pas besoin de toi.

Le regard du commandant s'illumina. L'une de ses principales craintes était qu'Alice pense qu'il ne lui apportait rien dans sa vie ou qu'il se sente inutile auprès d'elle. Le fait qu'elle lui dise qu'elle avait besoin de lui le rassura.

- Qu'est-ce que tu ressens exactement ? Parce que moi, de ce que je vois, j'ai comme l'impression que quand ma mère est dans la même pièce que toi, tu es tétanisée. On dirait que tu es différente, comme si tu t'interdisais de vivre quand elle est là. Ta joie de vivre et ton envie de croquer la vie à pleines dents disparaissent pour laisser place à de la tristesse, de la souffrance et surtout des angoisses.

- Elle me rappelle ma mère. Elle faisait tout pour nous laisser croire que tout allait bien mais en fait elle souffrait le martyr. Du haut de mes huit ans, quand j'ai réalisé à quel point elle souffrait, crois moi, je n'avais plus du tout envie de m'amuser et de rigoler. Je ne comprenais pas tout et surtout pas que j'allais perdre ma mère pour toujours et aussi rapidement. Le manque qu'elle a laissé dans ma vie, personne n'a jamais réussi à le combler. J'ai tellement peur que tu sois aussi inconsolable que moi.

- Que tu ais peur de te replonger dans des moments douloureux de ton passé, je peux le comprendre. Par contre, que tu te soucies de moi, comment dire... c'est très gentil hein, mais je suis un grand garçon. Je vivrai forcément les choses différemment de la façon dont tu les as vécues. Déjà parce que je n'ai pas le même âge que toi quand tu as perdu ta mère, ensuite parce que je n'ai jamais entretenu de très bonnes relations avec ma mère et puis entre mes filles, mon petit fils, Paulo et toi, je crois que je suis bien entouré pour affronter la situation !

Un jeu dangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant