Un jeu dangereux

Apéritif, récit du voyage en Italie et autres révélations

- Alors c'est vous le fameux Djibril ?! Victor m'a beaucoup parlé de vous ! s'exclama Edouard Lemonnier à l'attention du nouvel arrivant masculin.

- Oui c'est moi ! Vous êtes un modèle pour Victor et il me parle constamment de vous alors j'étais impatient de faire votre connaissance moi aussi, répondit Djibril, en serrant la main d'Edouard.

- A les entendre on croirait que je parle tout le temps, je ne suis pas si bavard ! s'exaspéra le jeune greffier en levant les yeux au ciel.

- Non à peine ! Je n'ai jamais vu une telle pipelette, ironisa Marquand avant d'esquiver une tape d'Alice.

Une fois les présentations faites, le jeune couple suivit Edouard pour rejoindre leur chambre et y déposer leurs affaires, puis tout le monde se retrouva dans le jardin pour profiter de la douceur de la soirée estivale qui s'annonçait festive.

Les enfants, devenus inséparables, riaient et se chamaillaient dans le fond du jardin, autour d'un bol de chips et de verres de jus d'orange.

- Je suis contente que ça se passe aussi bien entre les enfants. ça va leur faire du bien de se confier sur leurs expériences respectives, commenta Alice en leur jetant un oeil bienveillant.

- Je confirme, c'est plutôt pas mal. Ada est si secrète et renfermée d'habitude, répondit Marquand.

- Oui, enfin, je trouve qu'elle l'est beaucoup moins qu'au début. Tu as vu comment elle s'est ouverte à nous dans la voiture. Il faut dire que tu as tapé dans le mille avec ces cours de dessin !

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Pourquoi je ne suis pas au courant ! s'offusqua Victor.

- C'est arrivé ce matin dans la voiture, expliqua Alice à son groupe d'amis. Fred a demandé à Ada ce qu'elle avait fait au foyer ce mois-ci, histoire de parler un peu et de calmer les enfants durant le trajet... Parce que, ce matin, ils étaient un peu sur les nerfs...

- Un peu ?? la coupa Marquand.

- Oui bon d'accord, je ne les avais jamais vu aussi énervés. J'ai bien cru qu'on arriverait jamais à les calmer. Bref... Ada a commencé à nous parler d'un professeur de dessin qui était venu donner des cours au foyer et nous avons appris que c'était sa passion. Elle en parlait avec le sourire et prenait plaisir à nous expliquer tout un tas de choses, c'était très intéressant. On va probablement lui offrir une grosse mallette à Noël, avec tout le matériel nécessaire pour qu'elle s'épanouisse encore plus dans ce qu'elle aime.

- C'est une excellente idée ! commenta Edouard Lemonnier. Et Paul ? Comment va t-il ? Il n'est pas perturbé par l'arrivée d'une nouvelle grande soeur ?

- Pour l'instant c'est difficile à dire. Nous n'avons pas passé beaucoup de temps tous les quatre sous le même toit. Cette semaine va être, en quelque sorte, une semaine test. Il nous pose parfois des questions, les questions classiques vous savez : est-ce qu'on va l'aimer autant qu'avant ? Il a peur de devoir nous partager avec elle mais il est intelligent, ses craintes vont vite s'envoler quand il va s'apercevoir qu'on donne la même attention et le même amour à chacun. Tenez déjà, toute à l'heure, dans la voiture, il a compris que ses entraînements de foot et les cours de dessin d'Ada représentent la même chose : une activité extra scolaire qui les aidera à se défouler, se libérer, s'amuser en dehors de l'école.

- Eh bien alors tout va bien ! Et vous faites plaisir à voir ! Vous semblez tellement heureux, je ne vous ai jamais vu comme ça. Et Marquand qui ne râle pas... c'est vraiment étonnant.

- Pardon ? N'importe quoi ! Je ne passe pas mon temps à râler non plus, faut pas exagérer quand même !

Le petit groupe, y compris le commandant, éclata de rire.