Adieu Joséphine

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Marquand et Juliette engloutirent le Toblerone en quelques minutes, sous les yeux ébahis de Lucie et Alice.

- J'en aurai bien mangé moi aussi, dit Alice, en faisant la moue.

Marquand regarda ses mains, semblant soudain réaliser ce qu'il venait de faire.

- Merde ! Tu en voulais ? Je peux aller en acheter d'autre. La superette doit encore être ouverte à cette heure-ci.

- Je crois que je peux survivre sans en manger jusqu'à demain, lui répondit Alice, tout en levant les yeux au ciel. Par contre, mini Marquand et moi avons faim. Si tu nous montrais tes talents de cuisinier en nous préparant un bon petit plat ?

- Bonne idée, je commence à avoir faim aussi, l'encouragea Lucie. En fouinant dans les placards, j'ai trouvé des pâtes et de la sauce tomate. Si j'allais acheter de la viande hachée, tu crois que tu pourrais me faire les mêmes spaghettis bolognaises que ceux que tu me faisais quand j'étais petite ? Ceux qui étaient tellement bons que j'oubliais tous mes problèmes.

- Ah ouais papa, steu plait !! rajouta Juliette. On a besoin de ces spaghettis là ce soir.

- Vendu ! Allez acheter la viande, céda Marquand, les yeux embués. Pendant ce temps je fais visiter le reste de la maison à Alice.

Les deux jeunes femmes s'éclipsèrent, laissant le couple enfin seul. Marquand se mit à arpenter la cuisine de long en large, tel un lion en cage. Alice le regarda faire, sans rien dire. Elle devait le laisser s'exprimer, ne pas le brusquer. Il s'arrêta soudain face au plan de travail, montrant son dos à Alice. Ses épaules se courbèrent bientôt, sous le poids de la tristesse qui avait élue domicile en lui depuis la veille. Comme il ne bougeait plus, elle s'approcha de lui et colla son corps au sien. Elle laissa ses bras cavaler sur son torse, espérant par ce simple geste l'aider à se libérer plus facilement. Bingo ! pensa t-elle alors qu'elle le sentait se crisper un peu plus contre elle.

- ça va aller, je suis là... murmura t-elle, alors que son corps entier était maintenant secoué de sanglots. Je crois qu'on serait plus à l'aise si tu te retournais.

Marquand pivota et se jeta dans les bras de la juge. Ils restèrent blottis l'un contre l'autre jusqu'à ce que Marquand n'arrive plus à pleurer. Il se racla la gorge avant de s'excuser.

- Tout va bien, tenta de le rassurer Alice. Enfin presque... J'ai très envie de faire pipi.

- Oh ! Je vais te montrer où sont les toilettes et après je te ferai visiter le reste de la maison.

Le commandant entraina alors la juge à l'étage et poussa une petite porte derrière laquelle elle trouverait son bonheur. Il lui indiqua ensuite qu'il la laissait seule quelques instants, le temps d'aller chercher ses affaires dans la voiture. Lorsqu'il revint, Alice attendait sagement devant la porte.

- ça va mieux ?

- Beaucoup mieux ! Alors, où est notre chambre ?

- La première c'est celle de Juliette, la deuxième celle de Lucie, expliqua t-il en ouvrant les portes pour qu'Alice y jette un oeil. Bon celle-là, c'est celle de ma mère... Si ça ne te dérange pas, je préfère la laisser fermée. Et voilà la notre. Désolé pour la déco, c'est mon ancienne chambre d'ado. Seul le lit n'est pas d'origine et heureusement, parce que je nous aurais mal vu dormir dans un petit lit. Quoi ? demanda Marquand, devant l'air amusée d'Alice.

- Jamais je n'aurai pensé trouver un poster de France Gall dans ta chambre ! ne put s'empêcher de s'esclaffer la juge.

- Ben quoi ? C'était une grande artiste ! s'indigna t-il. Je dois même avoir des quarante cinq tours qui trainent quelque part !

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