Appréhension et déclaration

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Alice avait trouvé la journée très longue, et cela pour plusieurs raisons.

La première avait été Victor. Depuis ce dimanche, durant lequel elle lui avait ouvertement demandé de l'aider dans les préparatifs du mariage, il était euphorique. Il ne s'était écoulé que deux jours, mais il n'avait parlé que de ça. Et encore, elle ne lui avait pas annoncé qu'elle le voulait pour témoin ! Et puis, elle avait promis à Fred de ne rien dire à Victor sans lui et ça avait été très difficile.

La deuxième était son angoisse, qui grandissait à mesure que ses retrouvailles avec le commandant approchaient. Hier, ils s'étaient dit qu'il devaient avoir une conversation sérieuse et s'ouvrir l'un à l'autre pour être certains de ce qu'ils allaient faire. Marquand était raide dingue d'elle et il n'hésitait pas à le lui dire. Elle, en revanche, avait beaucoup plus de mal. Elle était heureuse avec lui et la récente hospitalisation du commandant lui avait ouvert les yeux sur ce qu'il représentait pour elle. Seulement elle était beaucoup plus pudique, avait parfois peur de ne pas être aussi impliquée que lui, de ne pas pouvoir le rendre heureux comme lui le faisait pour elle et Paul. Pourquoi est-ce que je me mets autant la pression ? Je vais tout gâcher si je continue !

Elle franchit la porte de la chambre de son homme avec tant d'appréhension qu'elle en eu des vertiges.

- Fred ? l'appela t-elle alors qu'il était absent de son lit.

- J'arrive !! Je suis sous la douche !! hurla t-il.

Il sortit quelques minutes plus tard de la salle de bain, un large sourire aux lèvres, plutôt fier de l'effet qu'il faisait à la juge. Il avait enfilé un pantalon de jogging mais son torse était nu et encore trempé. Alice se détendit, admirant le spectacle. Elle s'approcha et l'embrassa. Il la pris dans ses bras et rigola en l'entendant râler : il venait de lui mouiller son chemisier, qui lui collait maintenant à la peau. Elle s'assit sur le lit et il s'installa en face, séchant ses cheveux à l'aide d'une serviette.

- Je sors d'une séance de kiné, j'ai transpiré comme un cochon, mais mes efforts valaient le coup. Je sors demain, c'est officiel !!

- Chouette, sourit Alice.

Elle s'arrêta de parler, remarquant le regard perçant de Marquand qui la scrutait. Elle baissa les yeux, soudain intimidée et ayant peur qu'il remarque qu'elle était quelque peu angoissée. Elle sentit son index se poser sous son menton et lui relever la tête. Leurs yeux se croisèrent de nouveau et ceux de la juge s'embuèrent légèrement.

- Alice, qu'est-ce qui se passe ?

- Rien du tout. Je suis juste heureuse de savoir que tu vas enfin pouvoir nous retrouver.

- Et... l'encouragea Marquand, qui sentait qu'elle lui cachait quelque chose.

- Et je suis morte de trouille, à l'idée qu'on ait la conversation que l'on va pourtant inévitablement devoir avoir, avant de se lancer dans l'exécution de notre liste de tâches, essentielles à l'adoption d'Ada.

- D'accord, répondit Marquand, le plus calmement possible.

Il attrapa les mains d'Alice et continua :

- Est-ce que tu sais ce qui te fait peur ? Est-ce que tu veux m'en parler ? C'est le moment d'en profiter. Paul n'est pas là, on est rien que tous les deux. Tu peux tout me dire, il vaut mieux même.

- Ton hospitalisation m'a fait me rendre compte de ce que je ressentais réellement pour toi et je crois que ça m'effraie. Quand Djibril m'a appelé pour m'annoncer que tu étais blessé, j'ai eu l'impression de m'étouffer, que quelqu'un m'empêchait de respirer. Pendant toutes ces années durant lesquelles on a travaillé ensemble, je savais que j'appréciais ta compagnie, que j'appréciais ton regard sur moi, ta façon de constamment vouloir me protéger, me faire sourire. Bref, je savais que j'étais attaché à toi. Mais je ne pensais pas l'être à ce point là.

Un jeu dangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant