Derniers jours d'hôpital

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L'après midi et la soirée du commandant lui parurent interminables. Les éclats de rire de Paul furent remplacés par la télévision et les sushis par de la brandade de morue. Quant aux caresses et baisers d'Alice, ils étaient juste irremplaçables. Une infirmière passa lui changer son pansement et jugea à l'air renfrogné de son patient qu'il ne valait mieux pas lui parler. Elle se concentra sur les soins de Marquand et leva la tête, étonnée, en l'entendant la questionner.

- Vous me trouvez désagréable ?

- Houlà... Qu'est-ce que c'est que cette question Monsieur Marquand ?

- Allez-y répondez moi franchement. J'ai envie de savoir. Promis, je ne vous engueulerez pas, continua t-il, la sentant hésiter.

- Disons que vous n'êtes pas le patient le plus facile qui soit et que vous râlez très souvent, mais je trouve ça plutôt marrant. Vous n'êtes jamais vraiment méchant, juste aigri. Je suppose que c'est la douleur qui parle ou votre fierté. Et puis vous savez, on a l'habitude.

- Alice et Paul ont raison alors... dit-il tristement.

- Votre femme et votre fils vous ont reproché votre comportement ?

- Oui, répondit-il, sans préciser qu'ils n'étaient ni sa femme ni son fils.

- Si ça peut vous rassurer, ils sont toujours repartis d'ici avec de grands sourires. Ils sont heureux de vous voir, ça crève les yeux.

- Vous croyez ?

- Mais bien sur ! Il faut juste vous dire qu'il n'y a pas que vous qui souffrez dans cette histoire. La douleur qui domine chez vous est physique, pour eux, c'est plus psychologique. Il n'est pas facile de voir quelqu'un qu'on aime souffrir, sans rien pouvoir faire pour le soulager. Ils n'ont probablement pas l'habitude de voir vos faiblesses et ne savent pas trop comment gérer cette situation. Mais croyez moi, s'ils sont malheureux quand ils partent, c'est uniquement parce qu'ils vous laissent ici.

- Bon, je vais essayer de moins râler alors.

- Vous n'y arriverez jamais, le taquina l'infirmière.

- C'est ce qu'on va voir, répondit Marquand, déterminé. Vous pensez que je vais pouvoir sortir bientôt ?

- Votre plaie a l'air de bien cicatriser, l'hématome se résorbe assez rapidement mais je ne veux pas vous donner de faux espoirs. Il vaut mieux que vous demandiez à votre médecin. Il doit passer vous voir demain matin normalement, dit-elle après avoir consulté son dossier.

- Putain, j'espère qu'il va me dire que je sors vendredi au plus tard parce que je commence à en avoir marre des réveils matinaux et de cette bouffe dégueulasse !

- Qu'est-ce que vous disiez il y a deux secondes ? Ah oui, je vais essayer de moins râler, éclata t-elle de rire.

- Oh ça va ! fit mine de se vexer Marquand. J'ai dit que j'allais essayer !

- Bon allez, je vais vous laisser râler tout seul, il me reste encore du travail.

- Ouais c'est ça, laissez moi râler tranquille, rigola Marquand.

L'infirmière sortit de la chambre le sourire aux lèvres et continua sa garde. Marquand, de nouveau seul, ne tarda pas à s'endormir, rêvant de son médecin qui lui annonçait qu'il pouvait enfin sortir de l'hôpital.

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Le lendemain matin, le médecin passa rapidement voir le commandant. Après un bref examen de sa blessure, il lui affirma qu'il pourrait commencer les séances de kiné dès aujourd'hui. Il lui dit qu'il lui avait pris un premier rendez-vous avec le kinésithérapeute à dix heures et que celui-ci lui expliquerait plus en détail le déroulement de sa rééducation.

Un jeu dangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant