Une ombre au tableau

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Marquand détestait les interventions de nuit. Avoir à gérer un détraqué en plein jour n'était déjà pas facile, mais quand venaient s'ajouter le noir et le silence liés à une ville endormie, la situation devenait encore plus difficile à vivre. Lorsqu'il arriva rue Tivoli, la zone avait été sécurisée. Il dût présenter son insigne à un jeune brigadier pour pouvoir s'approcher du lieu du drame. Kadiri vint à sa rencontre.

- Désolé commandant, vraiment.

- Y'a pas de mal... tu as bien fait de me prévenir. On a du nouveau ?

- On a entendu Monsieur Li crier. Il a l'air ivre. Par contre, sa femme ne fait pas un bruit. Le fourgon de renfort vient d'arriver, on va pouvoir intervenir.

- Ok, on y va ! Y'a un gilet par balle qui traine pour moi ?

- Oui, tenez.

- Merci. Allez c'est parti.

Les policiers grimpèrent tous ensemble les marches en direction du 3ème étage.

- C'est maintenant qu'on va voir si vous êtes meilleur que Madame le juge en négociation, chuchota le jeune lieutenant.

Marquand lança un regard noir à son coéquipier avant de s'avancer vers la porte. Il commença alors un long monologue et obtint, pour seule réponse, des hurlements de rage de Monsieur Li. Devant l'impossibilité de le calmer et la peur que Madame Li soit gravement blessée, voire morte, le commandant décida d'intervenir. Après avoir reçu l'approbation des hommes qui le couvraient, Marquand ouvrit la porte et fut instantanément projeté vers l'arrière. Il poussa un cri de douleur, attrapa sa jambe, puis la relâcha en regardant ses mains maintenant tachées de sang.

Les policiers foncèrent dans la chambre et deux d'entre eux se chargèrent de plaquer Monsieur Li au sol. D'autres fouillèrent la pièce et trouvèrent Madame Li, baignant dans son sang, dans la salle de bain. Kadiri, resté au chevet du commandant, s'occupa d'appeler les secours, expliquant qu'il y avait deux blessés, dont une femme inconsciente.

Les pompiers arrivèrent quelques minutes plus tard. Ils s'occupèrent d'abord de Madame Li, étant plus grièvement atteinte que le commandant. Kadiri paniqua devant l'état de son supérieur. Il avait perdu beaucoup de sang et faiblissait à vue d'oeil. Heureusement, les pompiers s'avancèrent vers eux avec un brancard.

- Attends qu'il soit 6h et préviens Madame le juge... Et si elle panique, rappelles lui qu'elle doit aller chercher Paul à la gare. Je m'en voudrais qu'elle l'oublie à cause d'un petit vieux grabataire, dit-il dans un souffle à Kadiri, avant de perdre connaissance.

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Alice fut réveillée en sursaut, à 6h pile, par la sonnerie de son téléphone. Elle tendit le bras vers la gauche et prit peur lorsqu'elle se rendit compte de l'absence du commandant dans le lit. Elle attrapa son portable et décrocha, sans même regarder qui essayait de la joindre.

- Madame le juge, c'est Djibril.

- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi Fred n'est pas avec moi ?

Le jeune lieutenant mit un moment à réaliser que la juge et le commandant étaient censés former un couple et vivre sous le même toit. Sentant la juge déjà très fébrile, il chercha quels mots employer pour limiter la casse puis se lança :

- Je suis à l'hôpital avec le commandant. L'intervention de cette nuit a été très mouvementée. Il s'est pris une balle dans la cuisse.

- Quoi ?? Non non non, c'est pas possible !! Il m'a dit qu'il allait vite revenir, mais je me suis endormie... sanglota t-elle.

Un jeu dangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant