Trouver du réconfort là où l'on peut

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Il était 20h30. Cela faisait maintenant plus de cinq heures que Marquand était parti pour Lyon, rejoindre sa mère à l'hôpital. Alice commençait à s'inquiéter lorsque son téléphone sonna.

- C'est papa ? demanda Paul.

Alice fit signe à son fils de se taire avant de s'isoler dans sa chambre. Elle décrocha fébrilement, ayant peur de ce que Marquand allait lui dire. Elle s'entendit prononcer un faible " Allo " et se rendit compte que les grognements qu'il lui semblait entendre, étaient en fait des sanglots que Marquand tentaient de refouler.

- Fred ? Tu es là ?

Un raclement de gorge plus tard, il se mit à parler d'une voix cassée qu'elle ne lui connaissait pas.

- Quand je suis arrivé, je lui ai parlé cinq minutes puis j'ai demandé aux médecins de la débrancher. Il m'était insupportable de la voir reliée à tous ces tuyaux et j'ai pensé que ça ne servait à rien de la maintenir en vie de cette manière si c'était pour qu'elle continue à souffrir. Elle est partie tellement vite, Alice.

Malgré le fait qu'elle se soit préparée à cette situation, la juge ne sut pas quoi répondre. Elle entendit alors la voix de Lucie qui semblait s'être emparée du combiné.

- Dis lui qu'il a pris la bonne décision Alice. Je ne fais que lui répéter mais il n'a pas l'air de m'entendre et ne fait que culpabiliser.

- Bien sûr qu'il a prit la bonne décision ! Fred, tu m'entends ?

- Attends, je te le repasse.

Des sanglots signalèrent de nouveau la présence de Marquand au bout du fil.

- Tu dois avoir l'impression d'être un monstre, mais tu as pris la bonne décision Fred. C'est ce qu'il fallait faire pour qu'elle arrête enfin de souffrir. Et tu es très courageux de l'avoir fait.

- Ouais... répondit-il, sans grande conviction.

Un silence s'installa entre les deux époux avant que Marquand ne reprenne la parole.

- Il faut que tu viennes... Me laisse pas tout seul ici, Alice. J'ai besoin de toi...

- Oh, bien sûr que je vais venir ! C'est normal. Mais il est tard et...

- Et quoi ? demanda Marquand.

- Je ne me sens pas la force de prendre la route ce soir Fred. Je suis désolée, je suis fatiguée... expliqua la juge, honteusement. Il faut aussi que je m'organise pour faire garder les enfants parce que je ne vais pas les amener avec moi... Enfin, je crois qu'il est préférable que je ne les amène pas.

- Bien sûr, tu as raison, répondit Marquand.

Il respira bruyamment dans le combiné et Alice supposa qu'il tentait de se calmer et de reprendre un peu ses esprits.

- Prends le temps qu'il te faut. L'important c'est que tu partes l'esprit tranquille, que tu trouves quelqu'un de confiance pour garder les enfants. Et surtout, que tu prennes la route prudemment. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose, à toi ou mini moi, à cause de moi.

- Mini toi doit sentir que tu parles de lui, il est en train de bouger, sourit Alice. On va vite vous rejoindre, ne te fais pas de soucis. Embrasse les filles et dis leur que je les aime fort. Et toi aussi je t'aime.

Un bruyant reniflement traversa le combiné en guise de réponse.

- Je t'aime aussi, répondit-il, faiblement. Tu m'envoies un sms quand tu pars de l'appartement demain. De mon côté, je t'envoie l'adresse de maman. On se retrouvera chez elle.

Un jeu dangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant