Les douze dernières heures avaient été émotionnellement épuisantes pour Frédéric Marquand. La veille au soir, dans le camion des pompiers, alors que sa mère était à moitié dans les vapes, il avait discuté avec un des pompiers. Celui-ci lui avait expliqué que sa mère n'avait pas simplement avalé de travers. Et puis, il avait compris à l'air grave de son interlocuteur qu'elle lui cachait quelque chose sur son état de santé. Il lui avait alors pris la main, pensant qu'il était préférable de garder sa colère en lui pour le moment.
Il avait ensuite passé plusieurs heures seul dans le couloir blanc et froid de l'hôpital pendant que sa mère subissait tout un tas d'examens. Plus les heures défilaient et plus la colère montait en lui : il ne faisait pas qu'entretenir des relations exécrables avec sa mère... Non, cette nuit, il s'était rendu compte qu'elle avait en plus choisi de lui cacher des choses ! Il en était là de ses réflexions lorsque deux infirmières avaient ramené Joséphine dans sa chambre. Elle avait l'air tellement faible, que Marquand en avait été perturbé et que sa colère était redescendue d'un coup.
Un médecin s'était alors approché et lui avait conseillé de laisser sa mère se reposer. Puis il lui avait dit qu'elle lui avait donné l'autorisation de le recevoir pour lui expliquer tout ce qui lui arrivait dans les moindres détails. Malgré la fatigue, Marquand avait accepté de le suivre dans son bureau. Il comprit, en voyant le métier exact du médecin, ce que celui-ci allait lui annoncer.
- Je suis désolé de vous recevoir à une heure aussi tardive, Monsieur Marquand. Je devais cependant être sûr de mon diagnostic et avoir une conversation avec votre mère sur l'avancée de sa maladie et aussi sur ce qu'elle voulait ou non que je vous dise.
Marquand gigota nerveusement sur sa chaise avant de lui faire signe de continuer.
- Votre mère est une patiente de longue date. C'est moi qui lui ai annoncé, il y a vingt cinq ans, qu'elle était atteinte d'un cancer du col de l'utérus.
- Ma mère a eu un cancer ? s'étonna Marquand.
- Oui... Elle n'a pas jugé nécessaire de vous en informer puisque vous veniez de rentrer à l'école de police et que vous sembliez enfin avoir trouvé votre voix. Je me souviens encore à quel point elle était fière de savoir que son fils allait devenir policier. Son cancer ayant été découvert très tôt, elle n'a pas eu besoin de subir un traitement très lourd et j'ai pu lui annoncer rapidement sa guérison.
- Elle ne m'en a jamais parlé... comment a t-elle pu me cacher une chose pareille ?! s'indigna le commandant.
- Elle n'a probablement pas voulu vous embêter avec ses problèmes. Nos situations familiales similaires nous ont rapproché : j'ai moi aussi un fils de votre âge, que j'ai dû élever seul, et avec qui mes relations sont parfois un peu tendues. Alors je suis resté en contact avec votre mère et c'est devenu une amie. Il y a six mois, elle m'a appelé en me disant qu'elle allait certainement avoir besoin de nouveau de mes compétences de médecin. Elle s'inquiétait de maux de gorge à répétition et d'avoir parfois du mal à déglutir.
- Son cancer est revenu c'est ça ? le questionna Marquand.
- Les examens ont effectivement révélé la présence de cellules cancéreuses sur certains de ses organes. Son cancer s'est malheureusement généralisé. Ce qui est arrivé cette nuit à votre mère va lui arriver de plus en plus souvent. Des tumeurs se sont installées dans sa gorge.
Marquand n'entendait plus vraiment les mots du médecin. Trop d'informations se bousculaient dans sa tête. Alice avait déjà vécu des moments très pénibles avec sa mère, qui avait été emporté par un cancer. Allait-elle supporter de revivre de tels moments avec sa belle mère ? Comment allait-il lui annoncer sans la détruire ? Et puis, il pensa soudain au mariage, à l'adoption d'Ada, à un futur nouveau petit fils qu'Alice et lui donneraient peut-être à Joséphine. La maladie leur donnerait-elle assez de temps pour vivre tous ces moments magiques ensemble ?
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Un jeu dangereux
FanfictionL'adoption de la petite Ada les a "obligé" à jouer un jeu. Mais jusqu'où sont-ils capables d'aller par amour les uns pour les autres ?