Marquand s'était réveillé à l'aube, après une courte nuit de sommeil et ses premières pensées étaient allées vers Alice. Avait-elle aussi mal dormi que lui ? Allait-elle mieux ? Il était devant son chocolat chaud, lorsque les enfants s'étaient pointés dans la cuisine. A partir de ce moment là, il avait été très occupé et n'avait plus vu le temps passer.
Mais vers quatorze heures, Paul lui rappela l'absence de la juge en la réclamant. Le commandant décida donc d'appeler l'hôpital pour prendre de ses nouvelles et essayer de savoir s'il pourrait lui rendre visite avec les enfants. Il remercia mentalement Gulli de diffuser des dessins animés toute la journée, cette chaîne lui permettant d'occuper Ada et Paul alors qu'il s'isolait pour téléphoner.
La standardiste ne put lui donner que peu d'informations mais après des négociations acharnées et beaucoup de chance, il réussit à la convaincre de lui passer l'un des internes qui s'était occupé d'Alice. Le compte rendu du jeune homme fut beaucoup plus pointu : Alice avait bien dormi et malgré quelques nausées, elle était en meilleure forme. Par contre, il n'était pas sûr qu'elle ait déjà le droit aux visites et prit le numéro de téléphone de Marquand pour le rappeler dès qu'il aurait eu la confirmation du médecin titulaire.
Lorsqu'il revint auprès de ses enfants, le commandant leur donna des nouvelles de leur mère et leur expliqua qu'elle était encore trop contagieuse pour avoir le droit aux visites.
- Mais on peut quand même l'appeler ? Pourquoi on ne pourrait pas l'appeler ? demanda Ada. On ne va pas attraper la gastro par téléphone quand même !
- Ada, ne discute pas, parce que je vais vraiment me fâcher. Maman est fatiguée et elle ne peut pas téléphoner.
- Pffffffff c'est n'importe quoi ! Tu sais quoi ? Tu mens trop mal ! s'indigna t-elle, en s'enfermant dans sa chambre, après avoir claqué la porte tant elle était furieuse.
De son côté, Paul se mit à pleurer. Il ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas voir ni parler à sa maman. Une gastro ce n'était pas si grave. Devant le désarroi du petit garçon, Marquand faillit craquer et tout lui avouer. Mais il se reprit et le câlina pendant longtemps, espérant faire disparaître ses angoisses et sa tristesse. Quand il fut calmé, il le remit devant un dessin animé et essaya de s'occuper d'Ada.
- Ada ! Ouvre cette porte ! Tu sais bien que maman et moi on t'a interdit de te fermer à clés !
- Si j'ouvre, tu me laisses tranquille ?
- Non, il faut qu'on discute !
- Alors j'ouvre pas.
Marquand s'affala contre la porte et réfléchit un instant.
- Moi aussi je suis malheureux qu'Alice ne soit pas là... moi aussi je suis inquiet... et j'aimerai beaucoup qu'on passe du temps tous les trois et qu'on se serre les coudes. Qu'on essaye de se faire du bien mutuellement et de s'amuser un peu, plutôt que de se chamailler pour des bêtises.
Le cliquetis significatif du déverrouillage de la porte se fit entendre et Marquand, appuyé contre celle-ci, manqua de s'étaler de tout son long. Après avoir soupiré de soulagement, il entra dans la chambre et trouva Ada assise sur son lit, les jambes repliées devant elle et les bras croisés sur celle-ci.
- Je sais que tu mens. Je ne suis pas Paul, je suis assez grande pour entendre la vérité... s'indigna la jeune fille.
- Ok, tu as gagné. Je mens. Alors maintenant tu vas me promettre deux choses. Premièrement, j'ai juré à Alice de ne rien vous dire sur son état de santé tant qu'on ne sera pas tous les quatre réunis. Donc tu ne vas me poser aucune question parce que de toute façon je ne te dirais rien de plus. Et deuxièmement, je t'interdis de dire à Paul que je vous ai menti. Il s'inquiète déjà assez comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche.
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Un jeu dangereux
Fiksi PenggemarL'adoption de la petite Ada les a "obligé" à jouer un jeu. Mais jusqu'où sont-ils capables d'aller par amour les uns pour les autres ?