Alice regarda l'heure. Il était 21h. Paul avait réclamé son parrain toute la soirée et elle avait vécu l'enfer avant de réussir à le coucher. Elle avait laissé l'assiette prévue pour le commandant sur la table, il n'aurai plus qu'à se la réchauffer s'il souhaitait manger. Elle s'installa devant la télé qu'elle regarda distraitement d'un oeil en lorgnant de l'autre l'horloge, dont les minutes défilaient avec une lenteur indescriptible.
21h45...
Un bruit sourd, venant de derrière la porte d'entrée, arriva aux oreilles d'Alice. Elle se saisit de la télécommande et appuya sur mute. Entendant la clé tourner dans la serrure, elle fut rassurée et remit le son faisant mine de ne pas être en train d'attendre le commandant.
Lorsqu'il passa la porte, il s'écroula de tout son long, avant de se redresser et de se tenir au mur. Alice, ayant eu peur, s'approcha et se rendit compte que Marquand était en fait totalement ivre. Il avança sans même la regarder et s'affala sur le canapé. Des ronflements envahirent bientôt la pièce. La juge couvrit alors le commandant d'un plaid avant d'éteindre la télé et de rejoindre la chambre à coucher.
23h45...
- Alice... Alice...
Alice sursauta dans son lit. Marquand était en train de lui caresser l'épaule, tout en murmurant son prénom, pour la réveiller, le plus en douceur possible.
- Hmmmm
- Alice, tu as des cachets pour la tête ?
- Tu te fous de moi ? T'avais pas qu'à te souler !!
- Je suis désolé, répondit le commandant tout penaud. Dis-moi au moins où ils sont.
La juge finit par se lever, de peur que Marquand ne retourne l'appartement, pour trouver ce dont il avait besoin. Celui-ci la suivit pour repérer la pharmacie de la juge, ça pourrait toujours servir. Elle retourna de suite se coucher sans prêter le moindre intérêt au commandant.
Quelques minutes plus tard elle sentit la couette se soulever, puis deux bras l'encerclèrent. Le commandant avait ôté sa chemise et la juge pu apprécier le contact de son torse chaud et musclé contre elle.
- Je suis désolé, murmura t-il encore une fois.
- Fred, je voudrais dormir, je me lève tôt demain.
- Tu es fâchée ?
- Tu rentres complètement bourré, en faisant un bruit pas possible, alors que j'ai eu toutes les peines du monde à coucher Paul et sans me donner la moindre explication donc oui je suis un peu fâchée.
- Je m'en veux... j'ai l'impression de tout faire de travers... Léa m'a fait une déclaration toute à l'heure.
Alice se dégagea des bras du commandant.
- Même si je ne devrais pas te le dire, j'ai passé de très bons moments avec elle et je m'y suis beaucoup attaché. Alors la voir partir aussi malheureuse de ce bar, par ma faute en plus, ça n'a pas été facile. J'ai fait souffrir trop de femmes dans ma vie, y compris mes filles... putain, je suis vraiment un sale con !! conclut Marquand avec des tremolos dans la voix.
- ...
- Et puis je rentre, je m'affale comme un ivrogne dans l'entrée... et je me rends compte qu'en plus d'avoir déçu mon filleul, je t'ai probablement déçu toi aussi. Allez bonne nuit et merci pour l'aspirine, termina t-il en quittant le lit.
Alice se redressa dans son lit, étonnée par la réaction du commandant. Il était beaucoup plus fragile et vulnérable que ce qu'il laissait paraître au travail et elle adorait ça... cette sensibilité, cette tendresse qu'il dégageait la faisait complètement craquer. Elle lutta pour le laisser dormir sur le canapé, puisque c'est la punition qu'il semblait vouloir s'infliger.
Lorsqu'elle se leva le lendemain matin, Marquand n'était déjà plus là. Il avait préparé le petit déjeuner et s'était éclipsé, laissant un mot à l'attention d'Alice : Parti bosser, c'est ce que je fais de mieux. Désolé pour le bordel cette nuit. Embrasses Paul de ma part. Fred
Après avoir préparé Paul, l'avoir rassuré sur son parrain puis déposé à l'école, Alice appela Victor. Elle espérait qu'il serait déjà au palais malgré l'heure matinale. Il décrocha après la deuxième sonnerie.
- Bureau du juge Nevers.
- Oui Victor, c'est Alice.
- Madame le juge ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien de grave. Je dois passer faire une petite course avant de venir au palais. J'appelais juste pour vous prévenir que je serai peut être un peu en retard.
- Très bien c'est noté, répondit Victor.
La juge pris la direction du 36. Elle n'avait pas beaucoup vu Marquand ces vingt-quatre dernières heures et elle devait avouer qu'il lui manquait un peu. Et puis après la conversation qu'ils avaient eu cette nuit, elle n'avait pas envie qu'il se prenne la tête pour rien et qu'il en fasse subir les conséquences à son jeune lieutenant.
Elle passa silencieusement la tête dans le bureau des deux hommes. Le lieutenant Kadiri était derrière son ordinateur et parut soulagé lorsqu'il vit le visage de la juge. Celle-ci lui fit un clin d'oeil avant de s'avancer vers le commandant.
- Madame le juge ? Qu'est-ce que vous faites là ? s'étonna Marquand.
- On peut parler cinq minutes ?
- Bien sûr, répondit-il inquiet de la voir débarquer sans prévenir. Il l'attrapa par le bras pour l'entrainer hors du bureau. Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta t-il.
- Paul était très content de voir que son parrain a pensé à lui, ce matin, dès qu'il s'est réveillé. Par contre il trouve que tu écris vraiment très mal.
- Plus il grandit et plus il me fait penser à toi... Il va être aussi chiant... heu pardon... exigeant que sa mère ! se moqua Marquand. Non, plus sérieusement, je suis content que ça lui ai fait plaisir.
- Et moi je suis venu pour ça, murmura Alice, avant de se lover dans les bras du commandant.
Le commandant serra la juge dans ses bras, content de voir qu'elle n'était pas aussi fâchée qu'elle le paraissait cette nuit. Il respira bruyamment, s'imprégnant de l'odeur de cette femme qu'il aimait tant.
- Et pour te dire que tu n'es pas si nul que ton petit mot de ce matin le laissait entendre. Tu es un homme avec son passé, ses problèmes, ses doutes, ses angoisses. Notre situation actuelle n'est pas facile et ta place dans cette histoire est peut être même pire que la mienne. Et puis mes réactions à moi ne sont pas non plus irréprochables... certes je ne rentre pas complètement ivre le soir mais mes poils se hérissent dès que je t'entends parler de Léa. Cela fait presque huit ans que je ne t'ai que pour moi alors devoir te partager avec une autre tout en me rendant compte qu'elle pourrait m'évincer complètement... j'avoue, ça me rend malade. Tout ça pour dire que je te comprends, que si tu veux un peu d'air et plus de libertés tu peux en prendre, et que tu n'as d'ailleurs même pas besoin de ma permission. Mon but étant que l'on règle chacun nos problèmes afin de s'engager sereinement dans une relation ensemble, si tu le veux toujours bien sûr.
- Hum Hum, bredouilla Kadiri qui se trouvait juste à côté d'eux.
- Merde, ça fait longtemps que tu es là ? s'inquiéta Marquand.
- Non pas du tout, répondit le jeune lieutenant, l'air gêné. On vient de me signaler ce qui semble être un suicide, un corps retrouvé dans la Seine. Le légiste est déjà sur place, mais d'après lui, la victime serait morte avant de tomber dans l'eau.
- Madame le juge, vous nous accompagnez ?
- Bien sûr commandant.
Lieutenant et commandant retournèrent à l'intérieur chercher leurs affaires pendant qu'Alice prévint Victor de l'ouverture d'une nouvelle enquête.
Kadiri monta à l'arrière de la voiture pour laisser la place à Alice aux cotés du commandant.
- On continue notre petite discussion ce soir ? demanda t-il avant de monter dans la voiture.
- Avec plaisir, répondit-elle avant de s'asseoir à son tour dans la voiture.
- Allez direction les bords de Seine.
VOUS LISEZ
Un jeu dangereux
FanfictionL'adoption de la petite Ada les a "obligé" à jouer un jeu. Mais jusqu'où sont-ils capables d'aller par amour les uns pour les autres ?