Cela fait à présent plusieurs bonnes dizaines de minutes que j'attends sur ce banc au cœur de New York. J'en ai marre d'attendre ici, toute seule, j'ai terriblement envie de rentrer à l'appartement avec mes amis, mais je sais que je dois le faire une bonne pour toutes. Pour essayer de changer le sujet et sauver Taehyung, je me suis levée, j'ai pris mon manteau et ai prévenue tout le monde que je sortais dehors afin de parler à mon père. Jimin a essayé de m'en empêcher, il a tout fait pour venir, mais je lui en ais dissuadé. On s'est disputé, je ne lui aie pas adressé un mot, et ai claqué la porte de l'appartement. Alors, il est dur pour moi d'attendre ici, dans le froid et la solitude.
Mais je dois le faire, je dois le faire pour l'homme que j'aime. J'ai cette terrible envie de le serrer dans mes bras, de l'embrasser, de lui dire à quel point je l'aime...Mais ce serait une erreur de le faire. Je n'ai pas le droit de le briser, de l'inquiéter pour moi. Car je sais qu'il m'aime, et que si je lui parle, il verra à quel point je suis apeurée et perdue. Et il ne doit pas souffrir à cause de moi. Alors non, je ne veux pas lui parler avant d'avoir régler tous ces problèmes avec mon père. Je l'ai dit, je suis une bombe, et elle ne doit pas exploser devant Jimin, mais devant mon père.
??? : Tiens tiens ! Qui nous voilà ?!
Je sursaute en voyant une ombre passer devant moi et en entendant sa voix grave, rauque, stricte et impressionnante. Je relève la tête, et aperçois la silhouette noire de mon père. Toujours cachée sous de nombreuses couches de vêtements aux couleurs de la nuit. Il me lorgne, un sourire diabolique au visage. Je me mets à trembler, tandis que mon cœur s'accélère dans ma poitrine. Je me sens si faible en sa présence, trop faible...J'ai l'impression de revoir la petite fille que j'étais il y a quelques années de cela. Celle qui n'était pas majeur, qui n'avait pas de petit ami, qui n'était pas une star, et qui ne vivait pas à New York. Non, je ne dois pas me laisser abattre par mon père. Je viens de me rendre compte que les choses ont changé. Alors il n'y a aucune raison pour que tout redevienne comme avant.
Moi : Je t'attendais.
Mon père (haussant un sourcil) : Ah bon ? Alors mademoiselle s'est enfin décidée à partir avec moi ?
Moi (sèche) : Non. C'est à toi de partir et de me laisser rester. Je ne retournerai jamais avec toi, jamais tu m'entends ?
Mon père : Tu veux que je passe par la manière forte pour te faire comprendre que tu n'as pas le choix ?! Tu veux vraiment...
Moi (le coupant, les larmes aux yeux) : ARRÊTE ! ARRÊTE-TOI ! Tu ne sais même plus ce que tu dis. Tu as changé, tu n'es plus comme avant. Mais accepte la défaite ! Depuis tout ce temps, depuis tout le temps que le divorce a été prononcé, tu n'as pas changé tes idées !
Je m'arrête un instant de crier et aperçois son regard noir, légèrement voilé. Mon cœur se stoppe un instant, avant de redémarrer d'une étrange façon. Une force inouïe surgit en moi, tandis que je me retiens de ne pas sourire. Non, ce n'est pas le moment, vraiment pas le moment. Mais à partir de ce moment-là, je sais que j'ai marqué un point. Il commence à s'affaiblir, mais ne va pas tarder à reprendre le contrôle sur moi si je ne continue pas.
Moi (riant jaune) : Tu as raison, en fin de compte je ne suis qu'une idiote. Idiote d'avoir cru pendant un instant que tu redeviendrais celui qui me faisait rire, idiote de penser que tu te calmerais et réfléchirais. Mais je suis encore plus idiote, de penser que je t'aime encore et que tu es mon père. C'est tellement absurde !
Mon père (s'avançant vers moi) : Tu veux jouer à ce petit jeu, hein ?!
Moi (le poussant) : Écoute moi bien PAPA, c'est la dernière fois que je te parlerai. Je t'ai pris un billet d'avion, tu vas te rendre à l'aéroport, monter dedans, retourner en France et ne plus jamais revenir ici.
Mon père : Tu crois peut-être m'avoir aussi facilement ?!
Moi (cédant) : ET TOI TU CROIS PEUT-ÊTRE SAUVER TA FAMILLE COMME TU LE FAIS ?!
Il s'arrête un instant, alors qu'il était prêt à me saisir par le bras. Je m'écarte de lui, soudainement apeurée par son air redevenu froid et dominant. Je baisse la tête, sans pour autant retirer mes yeux des siens. Mes mots font mal, j'en ai parfaitement conscience. Mais je ne dois pas me laisser manipuler par cet homme, je ne dois pas prendre le risque de céder et que tout recommence. Je ne dois pas être dupe, pas cette fois-ci. C'est à moi que reviens cette victoire. Malgré ma terreur, mes souvenirs et mon humanité, cet homme ne mérite pas tout ceci.
Alors je sors de ma poche le billet d'avion que je suis allée chercher ce matin même. Je le regarde en restant silencieuse, tandis que lui semble réfléchir à un moyen de se venger de la honte que je lui ai faite. Mais je n'ai pas encore sorti toutes mes cartes, je me suis préparée à tout, à tout. J'ai déjà tout vécu, tout affronté. J'inspire un grand coup et recommence à parler, d'une voix calme cette fois :
Moi : Je te laisse une dernière chance. Prends ce billet, et ne reviens plus jamais.
Mon père (riant) : Tu n'as toujours pas compris que je suis venu te chercher !
Moi (patiente) : Non je ne comprends pas, et je ne céderai pas. Je te laisse dix secondes pour prendre ce billet.
Je lui tends le papier de haute valeur, et le fixe afin de chercher son regard. J'y cherche de la tristesse, du regret, de la défaite et des remords. Mais je ne trouve rien de tout ceci. Alors j'appuie sur le bouton d'un petit mégaphone, le plus discrètement possible, en regardant une dernière fois mon père. Il ne bouge pas et s'apprête à me saisir lorsque je recule en me dégageant, utilisant le reste de ma force. Mes yeux inondés de larmes me brûlent, comme usés de tout ceci.
Moi : Très bien. Tu l'auras voulu. Je t'ai laissé une chance, mais tu ne l'as pas saisi. Et tu oses te faire appeler « père » ? Mais quelle fille voudrais de toi, hein ? Qui donc ?
Mon père (criant) : Tu n'as aucunement le droit de me parler ainsi ! Je vais te faire revivre ton passé, tu vas voir que ce dernier n'était que paradis !
??? : Vous ne ferez rien du tout !
Nous tournons tous les deux la tête et vois des voitures de policiers, ainsi que plusieurs corps d'entre eux. Une femme me regarde en souriant, tandis que je la remercie en lui remettant le mégaphone. Mon père se fait embarquer rapidement par deux hommes. Les larmes aux yeux, je tends le billet d'avion à la policière avec qui j'ai discuté de la situation. Mes doigts tremblent, je sens que je ne vais pas réussir à parler correctement. Alors je respire un bon coup avant de sécher mes larmes du revers de ma manche.
Moi : Ne le quitter pas une seconde des yeux, il pourrait partir. Merci pour tout.
Femme (souriant) : Nous nous en occuperont jusqu'à qu'il soit entre les mains de la police française, ne vous en faites pas. Vous avez été courageuse, rentrez chez vous vous reposer.
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Ton Vrai Visage ᵇᵗˢ ⁻ ʷᵈʷ
Dla nastolatkówDeux filles Des amours Des secrets Mais surtout un maudit sens de l'orientation Deux stars Des groupes Des mensonges Mais surtout des maudites complications Et lorsque ces deux visages s'entremêlent, ce mélange médiocre grave des cicatrices d...