Ton Vrai Visage ᵇᵗˢ ⁻ ʷᵈʷ

Chapitre 83

Moi : Tu sais que je déteste faire ça ?

Je regarde ma meilleure amie descendre les escaliers, toujours collée contre la porte. Je soupire en avançant et en retournant dans la cuisine. Haylee m'y rejoint, le visage toujours aussi triste et détruit qu'hier. Mon petit sourire niait que j'ai eu en me levant a à présent bel et bien disparu. Voir ma meilleure amie dans un tel état est tout simplement insupportable. Mais je sais que je ne peux rien faire, si ce n'est l'aider à se changer les idées et attendre que cela passe. Je suis là pour elle, et je sais que cela veut déjà dire beaucoup pour elle. En constatant son visage pâle, je me rends compte qu'elle se trouve dans le même état que Jimin. C'est tellement horrible de les voir ainsi...

Haylee s'assoit en face de moi, la tête appuyée contre sa main. Elle regarde la nourriture d'un air écœurée avant de détourner ses yeux dans ma direction.

Haylee : Alors il est venu...

Moi : Oui, et tu n'imagines pas à quel point cela a été dur pour moi de lui mentir !

Haylee (reconnaissante) : Je sais. Merci beaucoup Clar', merci infiniment. Je te promets que je cesserai tout ça lorsque cela ira mieux.

Moi : J'espère que cela n'arrivera pas trop tard...

Haylee : J'espère aussi. Mais comprends-moi, j'ai besoin de rester ici quelques temps sans avoir à sortir.

Moi : Tu comptes vraiment rester enfermée ici ?

Haylee : Je sais pas...Je pense que mon corps n'a plus assez d'énergie pour faire quoi que ce soit de toute façon !

Je regarde ma meilleure amie se lever et ouvrir le placard. Elle saisit une tablette de chocolat et l'ouvre avant de commencer à croquer dedans, les yeux perdus dans le vague. Je souris en la voyant d'une telle façon, revenir à la petite fille innocente qu'elle était autrefois. Je sais parfaitement ce qu'elle vit, et je dois tout faire pour l'aider, même si cela implique mentir à Jimin...Je sais au fond de moi que ce n'est pas la meilleure solution, elle aussi le sait, mais c'est la seule solution qu'elle a trouvée, alors je dois rester patiente.

La matinée continue dans un calme absolu. Je tente tant bien que mal de motiver Haylee qui passe son temps devant la télé en pyjama, un pot de glace en main. Je lui arrache, allume notre playlist de BTS en augmentant le volume pour la réveiller, mais rien n'y fait : elle reste de marbre. J'ai la terrible impression de me retrouver face à notre ami Yoongi venant juste de se réveiller. Je l'entraîne dans une danse, essaie de la remuer, mais elle râle tout le temps en prétextant avoir des crampes. Tu m'étonnes à force de ne rien faire.

Je décide de passer un coup de téléphone aux Why Don't We afin d'essayer de me remotiver ainsi que pour les prévenir qu'Haylee « est malade » et que nous ne pourrons pas venir ce matin pour réfléchir à l'organisation du tournage du clip. Je m'excuse et raccroche en soupirant une fois avoir parlé avec eux pendant quelques minutes. Je décide de me changer les idées et part dans la salle de chant pour m'entraîner. Je dois tout faire pour ne pas penser à ma meilleure amie et encore moins au rendez-vous de cette après-midi.

Les heures défilent, et vient bientôt l'heure pour moi de partir. J'enfile des boots noirs à lacets ainsi qu'un perfecto de la même couleur et préviens Haylee que je pars. Celle-ci m'encourage et essaie tant bien que mal de me rassurer même si elle ne se trouve pas réellement dans le parfait état pour. Mon cœur s'accélère dans ma poitrine tandis que je descends les escaliers, un petit sac suspendu à l'épaule. J'ai cette envie de retourner me blottir avec ma meilleure amie, dans notre appartement si reposant, mais je sais que je le regretterai si je pose un lapin à Daniel.

Alors je respire un grand coup en poussant la porte de l'immeuble et me retrouve dans une des rues bruyantes de New York. Je commence à marcher à travers les rues, regardant tout autour de moi les diverses passants, le cœur battant la chamade. Je suis aussi stressée qu'heureuse de le retrouver. Tout n'est pas réglé, j'en suis parfaitement consciente, mais rien que le fait de savoir que nous allons enfin parler, que je vais de nouveau entendre le son de sa voix m'adresser des mots me rend heureuse. Je me sens niaise, petite et enfantine vis à vis de tout cela, mais je n'y accorde aucune importance.

Lorsque je vois Daniel attendre au loin, vêtu d'une veste bleue marine, d'un pantalon et de chaussures noires, ainsi qu'un t-shirt blanc, mon cœur fait à nouveaux des bons dans ma poitrine. Je fronce les sourcils en le voyant de dos, face à une rambarde donnant sur une rue de la ville. Il n'est pas seul, un garçon se trouve à ses côtés. D'où je suis, je les entends parler, rire ensemble. Un ami ? Un parent ? Je ne peux m'empêcher d'éprouver un brin de jalousie, bien que je sache que c'est avec moi qu'il a rendez-vous. Je m'avance doucement, avant de m'arrêter pour le contempler encore quelques instants, dans le secret le plus sûr. Sa voix est si belle, je ne me lasserai jamais de l'écouter. Il faut que je prenne le temps de l'écouter, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer. Il pourrait me rejeter après tout. Mon cœur se resserre : il faut que j'envisage cette possibilité au lieu de me faire de faux espoirs.

Garçon : Ouai nan les Européennes elles ont toutes la même tête !

Daniel (riant) : Grave ! Surtout les Françaises, il n'y en a pas beaucoup de potables ! Et puis toutes des manipulatrices et vulgaires celles-là ! Nan, moi la femme qu'il me faut est américaine !

Je m'arrête net lorsque j'entends ces mots, alors que je m'apprêtais à rejoindre Daniel et l'inconnu. Des larmes me montent aux yeux, tandis que mon cœur se resserre dans ma poitrine. Je n'attends pas plus longtemps et fais demi-tour en baissant la tête. Je me stoppe, prends le temps de réfléchir, avant que leurs paroles me dissuadent de changer d'avis. Alors je continue ma route en chemin inverse, le cœur lourd. Au loin, leurs rires résonnent dans mes oreilles abasourdis. Ces mots me font mal, tous les mots font mal, ceux que nous n'entendons que lorsque nous avons un minium de curiosité. Comment ai-je pu penser une seule seconde que j'avais mes chances ?