Chapitre 70

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Je vois que l'homme qui se tient en face de moi me lorgne de haut en bas, un sourcil haussé et l'autre froncé. Son regard dur s'ancre alors dans le mien, tandis que je ne peux m'empêcher de me recroqueviller sur moi-même, tellement chétive vis à vis de celui qui ose encore se dire « père ».

Père : Je vois que l'air de New York ne te réussit pas...Qui t'as trempé ainsi ?

Moi (riant jaune) : N'essaie pas de me faire croire que tu as de l'affection pour moi...

Père : J'aurai essayé !

Moi (relevant la tête) : Qu'est-ce que tu fais ici ?

Père (haussant un sourcil) : Je t'ai connu plus polie ! Je n'ai donc plus le droit de rendre visite à ma fille ?

Moi (exaspérée) : Arrête ! Tu sais aussi bien que moi que tu n'es pas venu ici sans raison ! Alors je répète : que fais-tu ici ?!

Père : Bien. Vu que tu veux discuter ainsi, je vais m'adapter. Je suis venu te chercher Haylee. Tu rentres en France avec moi.

Moi : Quoi ? Attends-tu ne vas pas me dire que tu as fait tous ces kilomètres dans l'espoir que je te suivrai ?

Père (riant) : Mais tu n'as pas le choix ! Je suis ton PÈRE et tu me dois respect et obligation !

Moi : Je suis majeur en France, tu n'as aucun droit sur moi ! Et il en est hors de question ! Tu peux repartir, je te le demande.

Père (s'approchant de moi) : Tu es encore plus insolente que dans le passé jeune fille. Je pense que je vais devoir agir par la manière forte...

Moi : Qu'est-ce que tu...NAN !!

Il m'attrape soudainement par le bras, refermant ses immenses mains sur mon pauvre membre abîmé. Il appuie avec plaisir sur les bleus qu'il a pu m'infliger, me lorgnant d'un regard aussi noir que perçant. Je commence à hurler, le suppliant d'arrêter. Mais il saisit mon autre bras en y enfonçant ses ongles et doigts aussi durs que pierre. Mes larmes commencent à voiler mon visage tordu de douleur. Il me traine, laissant mes pieds glisser sur le sable. La distance a réussi à me faire oublier à quel point sa force est grande, et à quel point la mienne n'est que faible. Et voilà que tout recommence, que le cauchemar continue...Je me rendort pour une nuit sombre...

Je stoppe mes cris lorsqu'il me saisit par les cheveux et secoue ma tête pour m'obliger à me taire. Je le regarde une dernière fois dans les yeux, avant que mes sanglots ne brouillent ma vue. Comment ai-je pu penser que tout se passerait bien ? Comment ai-je pu oublier tout ce qu'il m'a fait et continue de me faire ? Comment ai-je pu me laisser berner par ce fichu espoir ? Ma gorge se serre, mes poumons prennent de l'air étrangement glacial, tandis que mes jambes perdent peu à peu de leur énergie. Cette peur que j'aie longtemps mise de côté ressurgit dans chaque parcelle de mon corps, et ne cesse de m'envoyer des flash-back tandis que mon père prend un malin plaisir à me remémorer tous ces moments de torture que j'ai vécu. Je ferme les yeux, suppliant le ciel de me venir en aide.

Moi (chuchotant) : Lâche...lâche-moi papa...

??? : LÂCHEZ-LA IMMEDIATEMENT AVANT QUE J'APELLE LA POLICE !

Je rouvre les yeux à l'entente de la voix de mon petit ami qui avait prononcé cette phrase en anglais. Je sens sa douce main sur mon bras, celle-ci contrastant avec la rugueuse de celui qui se fait appeler comme mon père. Ce dernier commence à râler tandis que je tourne la tête pour voir Jimin commencer à m'écarter tant bien que mal de mon géniteur.Je commence à lui dire des mots en coréen :

Moi (suppliante) : Pars Jimin, laisse-moi ! Je t'en supplie pars et laisse-moi !

Jimin : Il en est hors de question !

Père : Écoutez ma fille et partez avant que ce ne soit moi qui passe à l'action !

Moi (criant) : Jimin va-t'en ! Je t'en supplie...Dégage !

Mon petit ami s'arrête, frustré par mes paroles si sèches et noires. Il prend seulement le temps de pousser mon père qui tombe sur le sable en un long rogne. Lorsque je vois le visage de l'homme que j'aime se voiler, mes larmes coulent de plus belle. Il fait volte-face sans même se retourner pour m'adresser un regard...Il y a trop de pression, l'atmosphère est irrespirable...Je ne suis pas assez forte, je ne suis jamais à la hauteur et voilà que mon passé me rattrape à nouveau. Durant un instant, j'aimerais me blottir dans les bras de Jimin, mais non, ce serait une erreur de ma part. Je le fais souffrir, et ne suis même pas capable de le rendre heureux. Alors je tourne ma tête en direction de l'homme à terre, avant de rassembler le peu de force qu'il me reste, et de prendre mes jambes à mon cou.

Je cours le plus vite possible afin de quitter la plage sans même prendre la peine, moi non plus, de me retourner. Non, je suis bien trop honteuse pour cela. Mon petit ami, l'homme que je chéris du plus profond de mon être...Je n'ai pas le droit de lui infliger cela, je dois vivre en solitaire, afin de ne pas le faire souffrir à ma place. Et puis, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à l'aider alors que lui en a besoin tout autant que moi ? Quelle petite amie minable je fais ! Trop de pression, trop de pression...Papa, pourquoi es-tu revenu ?

Je continue ma course jusqu'à arriver à l'appartement. Je prends quelques précautions avant de fermer la porte à clés et de courir à l'étage en manquant de tomber. Je me réfugie dans ma chambre avant qu'il en soit trop tard, me faufile dans la salle de bain avant d'ouvrir le battant des toilettes et d'y déverser tout mon déjeuner. Je commence à haleter, suffoquer et hyperventiler. Je vomis une fois de plus avant de faire un malaise, au beau milieu de cette pièce à présent plongé dans un silence désert.

Ton Vrai Visage ᵇᵗˢ ⁻ ʷᵈʷOù les histoires vivent. Découvrez maintenant