Chapitre 1

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— FAIS LA PASSE ! crie le coach à une fille qui est sur le terrain.

Elle se fait prendre et perd le ballon.

Ça fait maintenant 70 minutes qu'on se fait laminer. Il y a 53 à 0 pour l'équipe adverse. Pour vous dire le tallent de mes « coéquipières ».

Tout le monde est passé sur le terrain. Sauf qui ? sauf moi. Je regarde le match sans appréhension. Pourquoi ne me font-ils pas jouer ? Je ne changerais pas trop les choses, mais ça me ferait très plaisir.

Mais fais la passe ! Tu vas te faire prendre et perdre le ballon ! Et voilà... et en plus elle garde le ballon au sol. Bravo.

Les trois coups de sifflet qui annoncent la fin du match se font entendre. Je me lève et rejoint l'équipe qui s'est réuni au milieu du terrain après avoir serré les mains de nos adversaires. Les coachs nous disent toujours la même chose. C'est lassant à force, surtout quand tu t'en fous.

Le discours finit, je me dirige vers les vestiaires. Les autres filles parlent avec leur copain ou leurs amis. Perso, j'ai personne avec qui parler, personne ne vient me voir, et c'est tant mieux. Ah si, ma mère, mais elle, elle compte pour du beur. Elle est là juste pour aider à préparer les repas d'après match, elle vient pas pour me voir « jouer », elle s'en fou de moi.

Je rentre dans le vestiaire vide. Je m'assoie sur le banc et je repense au match. Encore un match sans jouer, ça doit faire trois ans que tu n'as pas joué un vrai match Drell, je me trompe ? Pourquoi ne me font-ils pas jouer ? j'ai plus de potentiel que la plupart des filles. C'est pas pour me venter, mais c'est la vérité, et ça, je le sais au fond de moi. Mais vue que je n'ai plus confiance en moi, je suis aussi minable qu'elles. Plusieurs années à jouer au rugby anéantie à cause d'un club de merde.

Je regarde mon portable. Aucun message. Comme d'hab, et ça ne me dérange pas. J'aime pas parler avec mon téléphone, je trouve ça lassant, puis je suis pas le genre de meuf à me faire des amis, les gens me considère comme timide et discrète, et c'est vrai, je suis très discrète.

Les filles commencent à rentrer dans le vestiaire. Je me change rapidement et je pars. Je me dirige vers le buffet d'après-match. Je voie ma mère parler avec les coachs et rigoler pas loin de la table des entraineurs.

Plus les jours passent, plus je me dis que j'aurais dû faire comme mes trois potes que j'avais ici. Elles sont parties car les entraineurs ne les faisaient pas jouer. Elles me manquent un peu, mais c'est pas dramatique. Il ne faut jamais s'attacher aux gens, sinon, quand ils partent, on est déçu. C'est mon point de vue, je ne m'attache jamais trop aux choses.

Bref, je me prends de la bouffe et pars à l'extérieure pour me vider la tête. Je mets mes écouteurs et je m'isole complètement du reste du monde, comme à mon habitude.

Comment le rugby a pu me rendre aussi mal ? Avant c'était un sport qui me rendait de bonne humeur. Mais c'était quand je jouais encore avec les garçons... Quelle belle époque l'école de rugby, j'en retient de bons souvenirs.

Au bout de peut-être trente minutes, je voie ma mère sortir. Je me lève et me dirige vers la voiture. Je rentre dedans en me posant lourdement sur le siège passager.

— T'as pas joué ? me demande ma mère.

Qu'elle est marrante c'te meuf. Bah si, tu ne m'as pas vue ? je jouais au sudoku sur le banc des remplaçantes !

Je ne réponds pas à sa question. Je l'ignore totalement.

Au bout de trente minutes de route, on arrive chez ma mère. Je fais la tête, comme à mon habitude. Mon sourire est très peu voyant, je ne le montre pas souvent, même voir pas du tout. Je vais dans ma chambre et pars dans mes pensées.

La Sioule, un jeu dangereux [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant