Chapitre 49 | Harmes

188 8 0
                                    

— T'étais passé où ? me demande Agrège.

— Parler avec Maxel. Il en avait besoin.

— J'ai pas l'impression qu'il ait apprécié votre discussion, intervient Karner.

— Ouais, je sais.

— Tu lui as dit quoi ?

— Que si j'apprends qu'il lui a fait du mal, j'engage quelqu'un pour le tuer.

— Tu sais sur qui il va se défouler maintenant, dit Agrège. C'est pas en disant ça qu'il va te prendre au sérieux.

— Il ne lui fera rien, enfin, j'espère, répondis-je en baissant la tête.

Je voie Drell se réfugier dans le groupe de garçon, et Maxel lui ordonne de venir à ses pieds. Mais elle n'obéie pas, et les garçons essaient étonnement de la protèger. Maxel s'approche d'elle, elle recule. Le capitaine de l'équipe intervient et discute avec lui.

Je m'avance vers la sortie. Une fois dehors, je m'appuie contre l'encadrement de la porte. Le capitaine tient Maxel par les épaules pour éviter qu'il n'avance.

— Un problème ? j'interviens d'une voix sèche et le regard froid.

Maxel me regarde avec des yeux tueurs.

— Non, tout va bien, répond-il en enlevant les mains du capitaine d'un mouvement sec.

Il se retourne et part dans le bus, énervé. Les garçons se tournent vers Drell qui est derrière.

— Fait attention à toi Drell, je lui préconise.

Elle me regarde avec ses yeux marron, avant de baisser la tête. Je voie qu'elle a peur, elle n'a pas envie de repartir. Elle a besoin de quelqu'un pour tenir, quelqu'un pour lui parler, lui dire que tout va bien se passer, mais elle n'a personne pour l'instant...

Je m'approche d'elle et lui prend l'épaule droite dans ma main.

— Fait ce qu'il te demande, sinon tu ne t'en sortiras pas. Dans cinq semaines, on repartira avec toi dans l'équipe.

— J'espère, souffle-t-elle d'une petite voix toujours avec la tête baissée.

— Je te le promets.

Elle garde sa tête baissé en fuyant mon regard.

_ T'as pas l'intention de partir avec nous, Harmes ?

Je lève la tête, et vois Datura. J'enlève ma main de Drell et me tourne vers lui.

— J'ai le droit de parler avec mon ancienne joueuse.

— Non, retourne avec ton équipe, répond-t-il froidement.

Je regarde Drell qui a toujours la tête baissé. Je lui relève et lui dit :

— Soit forte Drell. Je sais que tu l'es. Ne te laisse pas abattre par Maxel, ce n'est qu'un con. Il ne te fera pas trop de mal, normalement.

Je me fais prendre le tee-shirt par Datura. Il compte faire quoi là ? Ce mec est une tapette, il n'ose même pas tenir tête à ce vaurien de Maxel, et il veut me foutre un coup ? Vas-y, j't'attends, mais je penses que tu vas vite regretter.

— Arrête Datura, tu vas te faire mal, intervient Lloyd.

— Lâche-moi, j'ordonne d'une voix posé et sèche à la fois.

Je le regarde dans les yeux. Il ne peut pas résister à mon regard. Il prend peur et me lâche en me poussant légèrement.

Tous les garçons me regardent. Ils se retournent et partent avec les coachs, sauf un, le capitaine qui m'approche.

— Je veillerais sur Drell pendant les entrainements, me dit-il.

— Merci mec, c'est sympa.

— Mais je ne pourrais rien faire de plus.

— C'est déjà pas mal de faire ça. On ne peut pas tout faire, et elle sait se défendre quand même.

— Sinon c'était un beau match, à dans cinq semaines, me sourit-il en me tendant la main.

Je la prends et lui sert, et il part rejoindre son équipe.

Je regarde vers le bus. Drell pose son sac dans la soute et monte dans le bus, toujours avec la tête baissé.

Je retourne dans le club house, où personne n'a bougé depuis que je suis partie. Quand je rentre, ils me regardent tous. Je les ignore.

— Tu lui as dit quoi à Drell ? me demande Agrège.

— D'être forte, et je lui ai promis qu'on la sortirait de là. Vous n'avez pas intérêt à me décevoir les gars.

— Une promesse et une promesse coach, on y arrivera ! se motive Carmo.

— Rentrez chez vous les gars. Vous avez besoin de repos pour les entrainements et les matchs à suivre, intervient Karner.

Ils partent tous, nous laissant seuls entre coachs.

— Tu sais qu'il est fort probable qu'on perde, me fait remarquer Agrège.

— Je sais, mais il faut les motiver pour avoir le plus de chances de gagner. Je sais qu'ils en sont capables, mais le truc, c'est qu'ils se découragent très vite.

— Tu n'aurais jamais dû lui promettre qu'on allait la sauvée. Nous allons perdre le match et la perdre en même temps, dit Karner.

Je sais. Je lui ai dit pour me convaincre qu'on allait la sortir de là. Mais je n'aurais pas du lui faire cette promesse.

— Tu m'étonne, je tente de les motiver. Vous êtes les entraineurs et vous partez défaitiste dès le début. Je sais qu'on peut gagner, en plus, je jouerais pendant le match.

— Il a voulu que tu joues, on sait tous que c'est pour te casser en deux, fait remarquer Agrège.

— Je sais, mais je jouerais quand même. Pour Drell.

On repart dans nos voitures et on rentre chacun de notre côté. Sauf Agrège, qui rentre chez moi, bien-sûr. Comme d'habitude.

— Tu penses vraiment qu'on a nos chances face au Scots ? me demande une énième fois Agrège. Ou c'est juste pour nous donner de l'espoir ?

— Oui, on va gagner. Ils vont jouer tous les week-ends avec Drell, ils vont se dégonfler. Et quand Drell ne jouera plus avec eux, ils vont être désorienté, plus du tout de jeu au pied, moins de facilité. Ça va être dur pour eux.

— J'espère que tu as raison.

Un silence se fait dans la voiture, jusqu'à qu'il ne décide à recommencer de parler de ce putain de match.

— Qu'est-ce qu'on fait si on perd le match ?

Je ne peux pas répondre à cette question. Je ne me vois pas perdre le match et perdre Drell. Je lui ai promis qu'on la sortira de là, je ne peux pas perdre une promesse.

— Je ne sais pas.

— Ce serais triste. Je ne le sens pas cet affrontement, j'ai peur pour toi.

Qq Tu t'inquiètes pour moi, maintenant ? je m'étonne avec un léger sourire.

— Je ne rigole pas Harmes. J'ai peur que tu te faces mal. Ton genoux est fragile, un seul faux mouvement et tu peux vite le regretter. Et j'en suis sûr que Maxel veut te casser quelque chose.

— Ne t'en fait pas, je vais m'entrainer à chaque entrainement maintenant, je vais encore plus me renforcer le genoux.

Il ne répond rien. Il tourne sa tête pour regarde par la fenêtre, comme Drell le fait si bien. Vous ne savez pas à quel point la perte de cette fille peut m'affecter. Elle est génial, elle n'a pas à vivre ce malheur avec mon père, elle mérite de vivre une vie plus gaie avec des rires et du bonheure.

Si on perd ce match, déjà, il y à Dams qui va m'exploser la gueule, et en plus, j'aurais encore ce putain de sentiment en moi qui me tue : la culpabilité. C'est de ma faute si elle est là-bas, il faut absolument que je la sorte de là.

La Sioule, un jeu dangereux [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant