Chapitre 5

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— Aller, retourne te coucher, tu sais même pas rattraper un ballon, me dit Harmes.

Je récupère le ballon et je fais une frappe rasante, il la récupère sans encombre. J'aurais au moins essayé...

— Bon, on va passer devant les poteaux, dit Harmes en me regardant.

J'entends des soufflements venant des garçons qui montrent leur mécontantement face à cette entrainement particulier.

— Pourquoi pas faire travailler que Drell aux poteaux, propose le mec avec qui on échangeait des passes. Il n'y a qu'à elle que ça va servir de taper au pied.

Les trois coachs se regardent et me regardent.

— Ok, dit Karner. Drell travaillera le pied face aux poteaux avec Harmes et les garçons ferons du jeu de passe et des plaquages.

Les garçons se réjouissent en lâchant des grognements de victoire et des claquements de main.

Karner et Agrège sortent les boudins et les boucliers pendant que Harmes me ramène un tee et trois ballons. Il me le pose à dix mètres des poteaux.

Je prends un ballon et je le pose sur le tee. Je m'écarte et me concentre, je prends de l'élan et tape dans le ballon. Il passe entre les poteaux. C'est simple à dix mètres, c'est pas hyper loin.

Je regarde Harmes qui a observé ma façon de taper le ballon, il a les bras croisé sur son torse. Il ne dit rien, il se contente de me regarder mettre le ballon sur le tee.

Je retape dedans, il passe encore entre les poteaux.

— On recule de dix mètres, dit-il.

Je recule de dix mètres de plus, ce qui fait qu'on est à vingt mètres des poteaux. J'y arrive bien, mais c'est moins simple qu'à dix mètres.

— On recule à quarante mètres, annonce-t-il normalement toujours avec ce ton insupportable.

— J'y arrive pas dans les quarante.

— C'est qui l'entraineur ici ? tu recules à quarante mètres sans parler.

Je recule sans rien dire. J'ai une étrange impression qu'il ne m'aime pas tant que ça. Il me parle assez mal – à moins que ça soit sa voix naturelle.

J'y arrive pas à quarante mètres, j'ai pas assez de force pour réussir et je n'ai pas une bonne technique de frappe. Mais bon, si monsieur veut qu'on aille à quarante mètres, et bien allons à quarante mètres.

Je pose le ballon et tape dedans. Comme prévu, il rebondie avant les poteaux. Je souffle. Je réessaie. Je pose le ballon, et recule.

Concentration. Tu peux la mettre. Ce n'est que quarante petits mètres. Romain Ntamack la met tranquille. J'ouvre les yeux et je m'élance. Il ne passe pas, mais il y est presque. Quel talent ma fille... même pas foutu de mettre un ballon entre deux perches.

Je regarde Harmes en espérant qu'il me donne un conseil pour taper, mais il n'a pas changé d'expression de visage. Son visage est neutre, aucune expression, et ça me soule. Il regarde le ballon, les poteaux et moi. Il ne dit rien.

Tu peux pas parler, me donner des conseils ? Bah non, monsieur se tait !

Faut que je me calme, ça sert à rien de râler pour si peu ; mais c'est sa façon de faire qui me soule !

Je le regarde, il regarde les poteaux. J'ai l'impression qu'il examine le ballon et les poteaux avec plus d'attention qu'il n'en faudrait.

Je prends un ballon que je pose sur le tee. Je frappe. Il ne passe toujours pas.

La Sioule, un jeu dangereux [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant