Chapitre 55 | Harmes

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Elle ne va pas bien, ça se voit, on lui manque. Et elle doit se dire qu'elle nous a abandonnée pour une autre équipe. Elle souffre à cause de moi... tout est de ma faute...

Pourquoi je l'ai laissé trente secondes seule dans ma chambre ! Putain ! Mais je suis trop con !

Elle ne mérite pas ce qui lui arrive. Elle devrait être ici, près de Agrège et de moi, dans ma maison, à rigoler, et à dormir paisiblement.

Mais Maxel nous l'a volé. Elle doit tellement m'en vouloir...

J'entends mon portable sonner, je regarde l'écran où est écrit « Dams ». Ça fait deux semaines que je n'ai pas eu de ses nouvelles. Il me fait la gueule depuis que Drell est chez Maxel, et je le comprend... il me faisait confiance et j'ai manqué d'attention envers sa sœur. Ça me fait mal de penser que ça fait deux semaines qu'il ne me parle plus, plus aucun message, plus rien... J'ai une grande affinité avec lui, et ça me fait mal qu'il ne veule plus me voir.

Je décroche avec une petite boule au ventre, en espérant qu'il ne me reproche pas d'avoir manqué d'attention avec Drell. On ne me le dit pas forcément, mais rien que de voir le regard des joueurs, ou même Maxel – qui lui ne fait que me le rappeler – ça me fait mal. Je sais que c'est de ma faute.

— Ouais ? dis-je avec ma voix sans expression.

— Salut mec. Euh... t'aurais des nouvelle de Drell ? demande-t-il d'une voix un peu faible et en hésitant.

Vous ne pouvez pas savoir a quel point je suis content de savoir qu'il m'appel pour savoir comment va sa sœur. Il aurait pue appeler un autre gars comme Agrège, ou Karner, ou même un mec de l'équipe ; mais non, c'est moi qu'il appel.

— Ouais, je viens de l'avoir au téléphone.

— C'est vrai ? Elle va bien ?

Ça s'entent dans sa voix qu'il se fait beaucoup de soucis pour sa sœur.

— Oui, elle est un peu triste et mal en elle, mais physiquement, elle est encore en un seul morceau.

— Merci mec. Et euh... désoler de ne pas t'avoir rappelé avant. J'ai été con, je t'en voulais alors que ce n'est pas de ta faute, déclare-il.

— T'inquiète, c'est passé, le tout c'est qu'on se reparle.

J'imagine un petit sourire sur ses lèvres. Un peu de joie d'avoir des nouvelles de sa sœur.

— Et du coup, qu'est-ce qui lui arrive ?

— A par Maxel qui doit la faire chier, rien de trop grave je pense. Elle a intégré son équipe il y a trois semaines, Maxel l'a vraiment poussé à bout. On a fait un match contre eux le week-end dernier. On a perdu.

— Je suis vraiment déçu qu'elle ne puisse pas m'envoyer son cadeau pour mon anniversaire, m'avoue-t-il avec une boule dans la gorge. Ou même rien que m'appeler. Elle m'avait dit que j'allais kiffer son cadeau...

Ah oui, c'est vrai. C'est dans trois jours son anniv ! Je lui ai envoyer un maillot de l'équipe de France de rugby il y a neuf jours, il devrait le recevoir dans les temps, normalement. Je sais qu'il apprécie beaucoup les cadeaux de sa sœur, elle essaie toujours de lui prendre quelque chose d'unique et qui lui fera plaisir, et à chaque fois, il est content de recevoir ce cadeau.

_ On ne peut rien y faire, vraiment je suis désolé.

On continue de parler pendant une quinzaine de minutes. Notre discussion dérive sur n'importe quoi, mais c'est agréable de parler avec lui.

Quand je raccroche, j'entends Agrège rentrer. Je sors de la cuisine et regarde Agrège. Il fait la tête, comme à chaque fois qu'il rentre.

— Fatigué ? demandé-je.

Il me répond en faisant un bruit d'animal avec sa gorge. Au moins, j'ai ma réponse : il n'est pas d'humeur. Et ce que je vais lui dire ne va pas l'enthousiasmer.

— J'ai eu Drell au téléphone, dis-je pour le faire réagir.

Juste après que j'ai prononcé ces mots, il lève la tête et s'approche de moi avec de grand yeux.

— Comment elle va ?

— Elle va bien, elle se sent juste seule. Elle était contente que je lui parle, mais elle était aussi très dessus de ne pas pouvoir te parler.

— Ah, merde, j'aurais dû rester ici ! s'énerve-t-il. Pourquoi je ne suis pas resté ici ! Putain ! J'aurais pu lui parler et lui faire des blagues ! Merde ! Je suis vrai—

— Héé, calme-toi, Agrège. Je lui ai dit de nous rappeler une prochaine fois pour t'avoir.

Il me regarde avec une petite étincelle dans les yeux et avec un petit sourire. Il est content. Ce qui est bien avec lui, c'est qu'un rien le rend heureux. C'est peut-être pour ça que je l'aime bien, et qu'il me soule aussi. Je comprend pas comment il peut être aussi joyeux alors que la vie n'est pas joyeuse.

— On lui manque beaucoup. Il faut qu'on gagne ce match, avec ou sens blessé. Il faut qu'on réussisse à gagner ce putain de match.

— On le gagnera, je te le dis, approuve Agrège l'air très sérieux avec de la détermination dans ses yeux. On gagnera ce match. Tu lui as promis.

La Sioule, un jeu dangereux [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant