Chapitre 90 | Harmes

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J'enlève mon jogging et je mets un tee-shirt pour dormir. Pour une fois, je préfère garder mon tee-shirt pour dormir avec cette fille.

Drell se pose dans mon lit et elle ferme les yeux. Son visage est crispé.

Je m'allonge à côté d'elle et je la regarde. Je passe ma main sur son visage. J'approche mon visage du sien et je lui embrasse le front. Sa tête est brulante.

Son visage s'adoucie légèrement après mon petit baisé.

Je me lève et je vais chercher un gant d'eau fraiche et je lui pose sur le front. Elle ouvre légèrement les yeux.

— Merci Harmes, souffle-t-elle.

Un sourire se dessine sur mes lèvres.

— De rien miss.

Elle se met à rigoler, sans avoir de raison. Je sens que ce n'est pas un rire pour rigoler, c'est plus pour se dire quelque chose de mauvais.

— Qu'est-ce que tu as ?

Elle souffle et elle me regarde avant de se retourner pour être dos à moi.

— J'ai vraiment une vie de merde...

Je repense à son père qui m'a dit exactement la même chose, l'une de ses dernières paroles qu'il m'a adressées avant de partir, sans que je ne m'en rende compte.

— Dis pas ça, on est là, tu n'es pas seule, tu ne l'es plus.

Je sais qu'elle se sent mal. Après tout ce qu'elle vit, c'est normal de douter sur soi-même et sa vie.

— S'il te plait Drell, ne dit pas ça.

— C'est la vérité, grogne-t-elle.

— Ton père m'a dit exactement la même chose quelques heures avant de sauter de ce foutu pont. S'il te plait, j'ai pas envie de te perdre toi aussi.

Elle se retourne et elle me regarde.

— Il t'a vraiment dit ça ?

— Oui. Dans son boulot, j'ai compris que ça n'allait pas très fort depuis un bon moment. Il avait appris quelques mois avant que je ne pourrais plus jamais jouer. En sioule, on enchainait les défaites et les petites blessures. Il venait de recevoir un appel de ton frère disant qu'il ne reviendrait pas en France avant dix mois. Et puis il y a eu toi, tu n'as pas eu ton code du premier coup, et ta mère t'a démonté la gueule. Et c'était le truc en trop, ta mère n'avait pas à faire ça, et ça lui faisait mal de te voir avec ta mère dans cet état.

J'avais besoin de lui dire ça, elle doit savoir que je la connais depuis plus longtemps qu'elle ne le pense, j'entends parler d'elle depuis que je suis arrivé dans cette équipe. Et ce n'est que cinq ans après que je fais sa connaissance face à face et que je tombe raide dingue de cette fille, malgré le fait que j'ai voulu la rejeter au début. Je sais que Olivio n'aurait pas voulu que sa fille se foute dans les histoires de sioule, et ce dont je n'avais pas envie qui lui arrive, lui est arrivé.

Elle me regarde bizarrement, toujours avec sa tête souffrante.

— D'où... tu... comment...

— Depuis que je suis arrivé dans cette équipe, il y a cinq ans, je ne fais que entendre parler de toi, et c'est pareil pour les garçons. On te connait plus que tu ne le crois.

Elle souffle et elle enfonce sa tête dans l'oreiller.

— Putain... tu dois connaitre toute ma vie du coup...

Je touche son bras pour caresser sa peau douce.

— Oui. Surtout moi. J'avais un très bon feeling avec ton père, et ton frère me parlait souvent de toi. T'es plus forte que n'importe qui, et tout va s'arranger un jour, tu verras, il faut juste que tu sois patiente. Mais s'il te plait, reste avec nous, fait pas comme ton père. Agie pas comme le dernier des cons en laissant tout le monde en plan. Tu as une équipe qui t'aime, ne la laisse pas tombe, s'il te plait.

La Sioule, un jeu dangereux [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant