Chapitre 86 | Drell

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Jour de match de rugby. Je suis dans mon élément. Je suis dans le match. Concentrée. La musique dans les oreilles me procure une sensation de détermination, d'invincibilité et d'apaisement.

J'enlève mes écouteurs pour la remise des maillots. Je suis le numéro 10. J'aime jouer au rugby maintenant. Je change souvent de place entre demi d'ouverture et centre, et arrière parfois, voir demi de mêler s'il y a un manque d'effectif. Je peux jouer n'importe quel poste à l'arrière, mais la plupart du temps, Robbie me fait jouer demi d'ouverture, numéro 10.

Je n'ai pas une grosse pression. Le stress que je peux avoir à la sioule me fait minimiser celui au rugby.

Le temps que les filles finissent de s'habiller, je regarde mes jambes contusionné par la finale du week-end dernier. Elles ont des bleues et je suis râpé sur le côté de la cuisse.

Une atmosphère palpable plane dans le vestiaire. Aucune parole ne s'échange, à part pour demander les ciseaux ou le rouleaux de strap. Les seuls bruits qu'on entends sont les rouleaux de strap qui se déroulent sur la peau des joueuses, les shorts qui s'enfile en frottant sur la peau, un fille qui toussote, ou les crampons ferrés qui grincent sur le carrelage froid.

Une fois que toute les filles sont prête, on se rassemble sous les ordres de la capitaine. Elle nous sort un petit speech. On écoute toute, en se regardant les unes après les autres, dans un silence.

Le bruit de quelqu'un qui toque derrière la porte nous prévient de sortir des vestiaires.

— Aller les filles, on sort. Et à la fin du match, je veux voir des sourires, même si on a perdu sur le terrain !

On part du vestiaire.

— On se tient toute par les maillots en sortant, nous dit la capitaine en attrapant mon maillots.

On se tient toute par les maillots. Et on sort du vestiaire avec la tête haute et toute ensemble.

C'est un moment que j'adore les périodes d'avant-match. Il y a tellement de sensations et de sentiments qui refont surface, tellement d'odeur qui arrivent dans les narines. J'adore.

En arrivant sur le terrain, on se lâche et on commence à s'échauffer.

Quelques minutes après, on commence le match. Je jette un coup d'œil sur les tribunes pour voir s'il y a beaucoup de monde. Il y a beaucoup de monde, mais vraiment. Les tribunes ne sont pas remplies, mais c'est pas loin.

Oh non... Dans les tribunes, je vois Agrège, Karner et Harmes avec quelques gars de la sioule. Mon visage se désintègre. Pourquoi ils sont venus... je leur ai formellement interdit de venir me voir jouer au rugby. Je déteste ça.

— Ne fait pas attention à eux, me dit Robbie. Fait un match comme tu sais les jouer.

Je lui fais un signe de tête positif avant de me concentrer sur le match.

On entre sur le terrain les unes derrière les autres. L'équipe adverse tape le ballon, je l'attrape et je fais une passe.

Le match se passe plutôt bien pendant plusieurs minutes. On marque un essai grâce aux avants qui ont bien avancé avec le ballon.

On marque encore un essai suite à un de mes coup de pied, que j'ai réussi a transformé.

Il y a donc 12 à 0 à la mi-temps.

Les coachs nous parlent vite fait. Ils font quelques changements pour remettre de la fraîcheur dans le jeu.

Ça fait pas mal de temps qu'on essaie d'avancer, mais la défense est tenace. Un ruck vient d'être créé, la balle est encore pour nous. La demi de mêler regarde autour d'elle, je m'élance en tendant mes bras et en l'appelant pour qu'elle me face la passe. Elle me lance le ballon, je le récupère avec les deux mains. En face de moi, un trou s'est formé après que le demi d'ouverture soit parti de l'autre côté du ruck. Je fonce dans ce trou, avec un centre pas loin de moi comme soutient.

Sans que je comprenne comment, un pilier arrive devant moi. Je n'ai pas le temps de faire la passe, qu'elle me prend aux jambes en me soulevant à plus d'un mètre du sol. Une autre fille, déjà élancé pour me plaquer, me prend à la taille – donc au niveau des épaules si je n'étais pas soulevé par l'autre meuf. Le pilier me lâche au même moment. Je fais une roulade dans les aires et j'atterrie violemment sur la tête qui se plie sous mon poids.

Une énorme douleur se créer immédiatement dans tout mon corps, particulièrement intense au niveau de la tête. Une très forte douleur. Je ne peux plus rien faire. J'ai tellement mal, je vois flou. Ma respiration s'accélère et devient irrégulière, je n'arrive plus à me calmer. Je ne ressens plus rien, a par la douleur.

Je n'entends plus rien. Je ne fais plus attention à ce qui m'entoure. La douleur est trop importante, elle est insurmontable.

Puis d'un coup, plus rien. Plus aucune douleur. Tout noir. Et mon esprit par loin, trop loin pour que je le rattrape et que je puisse résister à cette douleur insupportable.

La Sioule, un jeu dangereux [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant