Chapitre XVII : Etat second

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Il était presque onze heures, et il ne restait plus que Sabrya et Arlette dans la salle.

Sabrya n'était pas profiteuse. Elle avait toujours été une personnalité bienveillante et empathique.
Mais Sabrya était curieuse, terriblement curieuse.

Elle avait vite constaté qu'après seulement un verre de bière, Arlette semblait totalement avoir perdue sa retenue habituelle, et était dans un état d'effervescence que seul un mélange de profonde fatigue et d'excitation intense lui faisait atteindre.

Ses grands yeux flamboyants, encadrés de larges cernes sombres, étaient écarquillés, et papillonaient un peu partout, tandis qu'elle débitait un flot de paroles ininterrompues sur des sujets divers et sans aucun liens apparents.

Sabrya était bien trop curieuse, ce qui la fit amener la conversation vers des sujets que son amie  n'aurait jamais abordés de son propre chef dans une situation habituelle.

- .... J'ai embrassé un garçon, une fois, il avait une haleine épouvantable, gémit Arlette. Je ne veux plus jamais retenter.

- Allons, Arlie, tu ne te rappelle pas de mon petit ami de début de seconde ? Il était te-rri-ble.

Elles rirent quelques instants, mais Arlette s'interrompit brusquement, et son regard se teinta d'une lointaine mélancolie.
- De toute façon, murmura-t-elle en baissant les yeux, je sais que rien n'est possible...

- Mais qu'est-ce que tu racontes, ma vieille ?! Tu es parfaite ! Et tu es amoureuse, en plus !

C'était sorti tout seul de la bouche de Sabrya. Elle vit un éclair d'inquiétude traverser le regard d'Arlette, et elle se dépêcha de se corriger:

- Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre ! Je suis sûre que... que tu as toutes tes chances !

Elle leva ses yeux incrédules vers son amie qui remarqua que ses pupilles étaient très dilatées. Ses soupçons avaient disparus en une fraction de secondes.

- Tu... tu crois ?

- Bien sûr ! Attends, demanda-t-elle avec une négligence étudiée, tu es vraiment en crush, alors ?!

Arlette releva la tête, telle une enfant prise en faute, et aquiesça lentement, sans trop savoir ce qu'elle faisait.

Sabrya la sentit réceptive, prête à s'ouvrir, et ne put s'empêcher de creuser un peu plus.

- Je vois. Tu ne lui as pas dit ?

- Non, chuchota-t-elle, ses yeux s'humidifiant, C'est... compliqué. Je peux avoir un verre d'eau ?

- Bien sûr. Je connais cette personne ?

- Oui, en quelques sortes, répondit son amie, fébrile.

- D'accord... - Elle plissa le nez, réfléchit, et reprit - Et toi, depuis combien de temps es-tu ... ?

- Deux ans, répondit-elle du tac-au-tac, le rose au joues. Arlette flottait, et se sentait dans un état second, à la fois nerveuse et impatiente. Pas une fois elle ne réalisa ce qu'elle était en train de faire.

- Deux ans ! s'exclama Sabrya. Elle se sentait de plus en plus fébrile. Allait-elle enfin comprendre ce qu'il se passait ? 

- Oui... Je ne sais pas... Oh, zut, oui, tu le connais, depuis longtemps.

- Et je ne m'en suis pas rendue compte ? En deux ans ?  demanda Saby plus pour elle-même que pour son amie.

Arlette était comme dans un état second, et sa raison n'exerçait désormais plus aucune retenue sur les mots qui sortaient de sa bouche : Seul parlait son coeur.

- Non, penses-tu... j'ai... j'ai bien caché ça. Elle eut un rire sans joie, sa tête dodelinant d'un côté, puis de l'autre.

Saby se pencha en avant, accoudée sur le bar, offrant une oreille compatissante à Arlette, qui semblait prête à y déverser tout ce que son amie brûlait de savoir. 

- Alors, murmura-t-elle, tu l'aimes beaucoup, et, si je comprends bien, c'est impossible ? 

Elle vit le regard de son amie s'éclairer d'une étrange lueur. Sa curiosité la démangeait.

- Oui, oui, c'est ça. Je l'aime. Il sait... il sait à peine que j'existe... Je ne peux... je ne peux pas. 

- Mais, pourquoi donc ? Tu aurais ta chance avec n'importe qui ! Qui serait assez fou, assez aveugle pour ne pas te remarquer, en te côtoyant pendant deux ans ?

Un silence passa, tandis qu'Arlette avalait une gorgée d'eau. Elle posa son verre devant elle, et releva lentement la tête. Ses yeux n'étaient plus dans le vague, mais étaient brillant, brillant d'excitation, de douleur, brillant d'un sentiment fort et inatteignable. Son regard était si perçant, si loin de l'Arlette qu'elle connaissait si bien, qu'à l'instant où elle le croisa, elle comprit qu'elle n'aurait jamais dû faire avouer à la jeune fille un secret qu'elle avait si bien dissimulé. 

Mais c'était trop tard: les lèvres d'Arlette articulèrent un nom, un nom que Sabrya aurait préféré ne jamais connaître, et qui précipitèrent toute une suite d'événements effroyables qu'elle allait regretter toute sa vie durant. 

- Joseph von Silbervolgen, murmura Arlette, d'un ton étrangement calme.

* Re-bonjour ! Me voilà à nouveau !

 Et hop ! Révélation ! Ah, je l'attendais, ce moment-là ! J'en avais marre de vous faire poireauter, alors j'ai évité de passer par quatre chemins !

Alors alors, suspens ? Et oui, ce moment est un des plus importants de cette histoire eheheh.

- Comment va réagir Sabrya ?

- Arlette aurait-elle dû garder le silence ?

- Sabrya va-t-elle savoir garder ce secret ?

- Comment cela va-t-il influencer leur relation ? 

Merci pour vos votes et commentaires, j'attends vos avis et théories pour la suite ! Ah, j'ai tellement hâte ! Je suis dingue XD

Bon, il est clair que maintenant que quelqu'un est au courant, des choses vont changer ! Devinez-vous quoi ?

Je viens de voir l'heure... J'ai de la SVT à réviser ! Je vous laisse !

A bientôt pour un nouveau chapitre démoniaque !*

                                                              Jeanne Flamingo 


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