Chapitre VII : Malaise

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- Et toi, Arlette, tu es amoureuse ?

Cassandre avait posé cette question affreusement dérangeante avec un détachement presque trop naturel pour être réaliste. Il n'est pas nécessaire de préciser que celle à qui cette question était adressée ne l'accueillit pas avec sérénité.

Arlette ne savait pas mentir, et c'était d'autant plus flagrant à ce moment-là que l'excitation de la soirée avait reflué vers ses joues, qui se colorèrent immédiatement d'une rougeur plus que visible. Après être un instant restée coite, trop surprise pour réagir, elle secoua énergiquement la tête.

- Non, non, pas du tout ! 

- Oulà ! s'exclama  Saby, étonnée et rieuse, sans se douter du drame qui se jouait sous son nez, Tu nous caches quelque chose, Arlette ? 

- Non ! 

Le ton de la jeune fille ramena aussitôt le sérieux et le calme, tant il était impérieux. 

Un silence gêné plana un instant. Saby ouvrait de grands yeux, et Cassandre haussait un sourcil. Arlette se claqua mentalement. Comment avait-elle pu manquer à ce point de retenue ! Elle était bien trop gênée, hélas, pour penser à une combine pour se sortir de là. 

- Bon, Ok, ne nous dis rien, c'est pas grave, chuchota Sabrya, on le sentait à son ton, vraiment vexée. 

- Non, c'est moi, dit Cassandre, j'ai été indiscrète. 

- Je... C'est... je sais pas ce qu'il m'a pris, désolé.

- On dort ? demanda Saby, un peu froide. Il est plus de deux heures du matin. 

- Ok.

- ... D'accord

Elles s'allongèrent toutes les trois, évitant le regard les unes des autres, et, très vite, Arlette resta seule éveillée, à la fois triste et en colère contre elle-même.

Mais Joseph von Silvervolgen ne voulait pas s'en aller, et laissait le coeur de l'adolescente brisé, déchiré entre raison et sentiments... Elle se laissa tomber dans l'oubli délicieux que lui procurait le sommeil. 

                                                                               *°*°*

Le lendemain, elle se réveilla seule dans la chambre immaculée d'Idris. Les nuages gris, par la fenêtre, laissaient passer quelques rayons de soleil blancs et éparses. 

Elle se leva, toujours en pyjama, et sortit pour se diriger vers la cuisine, où elle entendait du bruit. 

Ibrahim, le frère de huit ans de Sabrya, était attablé, sa soeur posant devant lui un bol de céréales. Celle-ci, entendant entrer son amie, leva la tête et un sourire un peu bancal apparut sur  ses lèvres.

- Bonjour ! 

- Bonjour, répondit-elle au salut maladroit de son amie.

- Cassandre est partie ?

- Elle avait un truc à faire, avec ses parents.

- Et ta famille ? 

- Au marché.

- Ah... d'accord, fit Arlette, pensive.

Celle-ci chercha ses mots, un instant, et leva ses yeux chocolat vers l'adolescente.

- Sab', tu sais, pour hier... Je suis désolée, j'ai mal réagi et j'ai plombé l'ambiance mais... 

Sa voix se fit légèrement tremblante, puis elle reprit:

- Je crois que c'est parce que j'étais à... à fleur de peau ; ça m'a peinée de parler de ça, parce que... enfin, je suis toute seule... 

- Oui, rit Saby, un peu gênée, je comprends, je comprends, j'ai réagit excessivement. Allez, - elle lui tapota le haut de la tête - Tout est pardonné !

- Merci, Saby ! Bon, je vais m'habiller. 

Elle se détourna et s'éloigna sous le regard un peu triste de Sabrya.

Que se passait-il pour que son amie se sente obligée de lui mentir ainsi ? Elle connaissait assez bien Arlette pour se rendre compte que quelque chose clochait. Arlette, à l'évidence, était amoureuse, mais de qui ? Et quel était son secret, pour mentir à tout le monde ? 

Elle se sentait blessée que son amie la croit dupe, et ne lui fasse pas assez confiance pour tout lui dire. 

Elle réalisa que, sous son nez, ça faisait peut-être des années qu'il se passait quelque chose.

 Oh, Arlette, que caches-tu ?

L'objet de ses interrogations reparut quelques instant plus tard, un sourire gêné aux lèvres.

- Je dois rentrer, c'est l'heure que mes parents m'avaient imposée... A bientôt ! On se voit lundi, en cours ? 

- Oui, bien sûr ! s'exclama la jeune algérienne. A plus !

Elles échangèrent un sourire, et Arlette tourna les talons, souriante, loin de se douter des questionnements de son amie.

Sabrya, après avoir vu disparaître la jeune fille, laissa son regard triste errer sur la porte qui s'était refermée derrière elle. 


* Et non, ce n'est pas encore le moment de la révélation ! 

Ces deux derniers chapitres ont étés plus portés sur Sabrya, car je voulais développer son personnage ( que ce ne soit pas la meilleure amie clichée que l'on retrouve dans beaaaucoup trop d'histoires ) et que j'ai eu quelques questions sur ce personnage-là. Bref, elle se doute de quelque chose... J'espère que vous appréciez toujours, et que la lecture est plaisante. 

Question point, comme d'habitude :

- Alors, que pensez-vous de Saby, maintenant que vous la connaissez mieux ?

- Quel autre personnage aimeriez-vous mieux connaître ? 

- Et Cassandre, alors ? Que pensez-vous d'elle ? Que va-t-elle apporter à l'héroïne ? 

- Sabrya va-t-elle découvrir la vérité ? Comment ?

- Comment réagira-t-elle à l'annonce de la vérité vraie ? 

- Arlette a-t-elle raison de lui cacher son secret ? 

- Cette conversation est-elle vraiment le fruit d'une coïncidence ? J'attends vos théories !

Bref, ça fait assez, je crois. Quoi, vous en redemandez ?! Une dernière...

- Est-ce que vous en avez pas marre, de mes questions ? 

... Attendez le prochain chapitres, bande de fous ! Et, en attendant, commentez ou likez, ça encourage toujours ; )

A la prochaine !*

                                             Jeanne Flamingo

- Dissimilarity -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant