Chapitre LXXVII : Foule

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- Tu es prête ? demanda Joseph dans le couloir tandis qu'Arlette, le visage encore écarlate, lui rendait sa veste, qu'il enfila, attendant la réponse de sa compagne :

- Oui, c'est bon, le rassura-t-elle. 

Ils échangèrent un sourire un peu gêné, encore sous le choc, mais leur embarras se dissipait déjà.

Ils s'avancèrent ensemble dans le couloir : ils s'étaient absentés une dizaine de minutes tout au plus, mais la cohue s'était calmée au profit de e qui ressemblait à une réception improisée dans le couloir même.

Lorsqu'il les vit s'approcher au milieu de la foule, Samuel Valdor fondit sur eux avec enthousiasme : 

- Ah, mes deux musiciens stars, fantastique ! Quelle belle prestation vous nous avez offert ! Je suis particulièrement fier de te compter parmi mes élèves, Arlette, s'exclama-t-il. Les journalistes d'Harmonia sont ici, et ils tiennent à voir tout les solistes, vous y compris ! 

Joseph se tourna vers la chanteuse, et croisa son regard anxieux, tandis que le chef d'orchestre faisait volte-face pour leur indiquer la pièce où se rendre.

- Une interview ? Je ne peux pas faire cela ! souffla-t-elle au violoncelliste. 

- Pas de panique ! la rassura-t-il. En général, ils posent de questions aux artistes sur leur ressenti, parfois sur leur parcours. Tu ne risque absolument rien. 

Elle hocha la tête, l'air peu convaincu, et le suivit à travers la foule. 

Ils entrèrent dans la loge vide où les attendaient trois des journalistes, bloc-notes à la main. 

Le premier, un homme trapu à l'air enthousiaste, se rua sur Joseph pour lui serrer la main, le saluant avec beaucoup de respect. A force de le côtoyer, Arlette oubliait parfois qu'il n'en était pas moins un grand musicien, un génie reconnu. 

Une fois qu'il eut exprimé au violoncelliste toute son admiration, le reporter se tourna vers Arlette, qui put lire sur l'étiquette accrochée sur sa poitrine son nom ; il s'agissait d'un certain Stanislas Guerron. 

- Mademoiselle, s'adressa-t-il très respectueusement à elle, votre prestation était digne des plus grands artistes, et mon seul regret est de ne pas encore connaître votre nom. 

Flattée, elle rosit et le remercia chaleureusement, avant de s'installer à côté de Joseph face à un autre journaliste, qui tapait très vite sur son clavier d'ordinateur sans leur adresser un regard. Une troisième personne, une femme, se posta devant eux avec un imposant appareil photo et prit une série de clichés.

Après une série de questions à propos du concert et du programme, auxquelles elle répondit avec une aisance qui l'étonna, ils sortirent ensemble.

Dans le couloir, ils durent faire face à un nouvel assaut de compliments - Le début de la célébrité,  commenta le violoncelliste avec malice.

Soudain, dans la foule, Arlette aperçut Timothée et Sabrya. Elle dit un mot à l'oreille de Joseph et se précipita vers ses amis, dont les visages s'éclairèrent à sa vue.

- Oh, Arlette, c'était fantastique ! s'écria Saby, un large sourire aux lèvres. 

- C'était vraiment pas mal, accorda Timothée, tentant tant bien que mal de ne pas se faire bousculer à cause de l'encombrant étui de son instrument. 

Elle les remercia gracieusement, l'air plus épanoui que jamais, et les trois amis se mirent à discuter avec animation, sans cependant qu'elle ne réussisse à détourner ses pensées du violoncelliste. 

La jeune fille sentit son téléphone vibrer dans son sac qu'elle était allée récupérer dans la loge, et l'en sortit.  C'était un message de sa mère, qui disait être à l'entrée des loges. Elle s'empressa de saluer ses amis, et se fraya un chemin au milieu de la foule.  Soudain, elle sentit une main se poser sur son épaule, et elle se retourna vivement. Prise de stupeur, elle s'arrêta net, et manqua de perdre l'équilibre tant son effarement était grand. 

C'était Lisa. 




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