Chapitre LXIII : Avenir

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- Ah, bonjour, M. von Silbervolgen ! s'exclama Gabrielle, un sourire aimable éclairant son visage quand elle ouvrit la porte. Arlette va être contente de vous voir !

Depuis quelques jours, et les révélations d'Arlette, tout semblait s'être amélioré. Ses parents faisaient désormais preuve de bien plus de compréhension, ce qui l'aidait énormément.

Ils entrèrent en bavardant. Joseph avait pris l'habitude, malgré ses nombreuses obligations, de venir régulièrement leur rendre visite. Parfois, il apportait des partitions à Arlette, et discutait longuement avec elle. Son amitié était la seule chose qu'il pouvait lui offrir, mais peut-être était-ce dont elle avait besoin.

Mme Flavigny l'invita à poser son encombrant instrument dans un coin et à s'asseoir, avant d'attraper sur le plan de travail la cafetière. C'était fou, cette femme semblait prévoir à l'avance chaque visite qu'elle risquait de recevoir.

- Arlette doit revenir d'un instant à l'autre de l'hôpital. Voudriez-vous un café ? demanda-t-elle en posant sur la table le sucrier et la cafetière.

- Volontiers. Comment cela évolue-t-il ?

- Mieux, merci de vous en préoccuper. Le médecin dit qu'elle a fait d'admirables progrès. Elle arrête la semaine prochaine d'y aller aussi souvent, elle devra juste garder un suivi psychologique et psychiatrique. Par contre... soupira-t-elle... la phobie scolaire ne s'en ira pas de sitôt. Pas que nous ayons envie qu'elle retourne dans ce lycée, mais elle risque de ne pas pouvoir rattraper son retard.

- Oh, rassurez-vous, sourit Joseph. Arlette, avec un peu d'aide, est, je le pense, tout-à-fait capable de se remettre à niveau.

- En tout cas, je dois vous remercier. Le fait qu'elle soit là, et qu'elle se remette... C'est grâce à vous. Si, si, ne niez pas. Mais, cependant - Elle s'assit, et le regarda avec attention - ... je me demande pourquoi vous êtes si prévenant envers ma fille. Tout ceci n'est pas de votre faute, vous le savez bien...

Joseph soupira, se sentant mal-à-l'aise face à l'expression compatissante de Gabrielle.

- Je n'ai rien vu, alors que j'ai une importante part de responsabilité dans tout cela. J'apprécie Arlette, et je suis convaincu qu'elle a un très grand talent.

La mère de la jeune musicienne ouvrit des yeux ronds, et laissa échapper un léger "Oh".

- Je suis sérieux : elle a de l'avenir, insista-t-il. La mère d'Arlette, cette fois, parut interpellée. 

- Vous croyez ? 

- J'en suis sûr. D'ailleurs... cela ne vous dérangerait-il-pas que je la fasse un peu travailler, si elle accepte ? Cela fait un peu de temps qu'elle n'a pas chanté, mais je crois que ça lui ferait du bien...

Mme Flavigny aquiesça avec affabilité.

- Merci beaucoup ! Il fit une légère pause, réfléchit, puis reprit, plus grave : Vous savez que Mademoiselle Blanchard a été renvoyée ?

Gabrielle eut un regard soulagé. Elle plongea le nez dans sa tasse, but une gorgée, et sourit légèrement.

- De votre fait, pas vrai ?

Il but une gorgée pour éviter de répondre, embarrassé. Certes, il s'était bien étendu sur les détails devant Valdor, ce qui avait... drastiquement limité les chances de Cassandre de revenir nuire à qui que ce soit. L'estimé directeur n'avait pas vraiment apprécié qu'on fasse subir un harcèlement à une de ses élèves favorites avec des photos volées d'un musicien de l'ensemble et des rumeurs douteuses.

- Vous savez, à chaque fois qu'elle vous voit, Arlette semble retrouver sa joie, dit Gabrielle, arrachant brutalement Joseph  à ses pensées. Il scruta son expression, cherchant quelque sous-entendu - Car après tout, il serait normal que sa mère se doute des sentiments de sa fille, a défaut de ceux du violoncelliste, qui s'appliquait a rester aux yeux de tous un mentor pour elle - mais son regard n'en contenait aucun, juste une profonde reconnaissance.

Il n'eut pas le temps de répondre : des pas se firent entendre dans le couloir et bientôt, Arlette apparut.

- Bon...- elle s'arrêta net en le voyant, rougit légèrement et un sourire étira ses lèvres... - jour !

Il sourit à son tour, et s'inclina légèrement pour la saluer, avant de prendre un air très formel :

- Je crois que nous devrions travailler, Arlette.

- Dissimilarity -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant