Arlette se réveilla le lendemain d'une humeur bien plus égale à son habituelle gaieté que le jour précédent. Il faisait beau, et elle se sentait étrangement... Vide. Comme si ce mélange au bord de l'implosion s'était calmé en elle. Elle était fatiguée, très fatiguée, et elle plongea la tête dans les couvertures, bien décidée à se rendormir, quand son téléphone sonna, diffusant un passage particulièrement remuant d'un opéra de Berlioz.- Tu auras ma mort, Hector, marmonna-t-elle, mi-somnolente, mi-agacée, en posant la main sur l'écran pour répondre.
- Allô?
Sabrya, évidemment. Son amie se faisait un plaisir de la harceler d'appels aux moments où elle s'en serait bien passée.
- Je peux savoir pourquoi tu...
- Je le savais, soupira son interlocutrice en lui coupant la parole. Bouge, on a répétition générale, ce matin ! Je sais que ça ne va pas fort, en ce moment, mais tu ne t'en rappelle pas ?!
- Flûte de flûte, s'écria son amie, soudain rattrapée par la réalité. Seul l'éclat de rire de Sabrya lui répondit, trop habituée à son langage un peu décalé.
- Ok, ok, dépêche, et on se retrouve devant la salle de répèt' !
- Merci, Saby, tu es une amie en or !
- N'exagère pas, grommela la concernée, tu dois m'accompagner faire du shopping !
Sur ce, elle raccrocha sans autre forme de cérémonie.
Arlette se dépêcha d'enfiler une chemise blanche, un pull sans manche et un chino noir. Assorti de ses derbies en cuir usé, elle avait ce look si original, qui la distinguait entre mille adolescentes en jean-baskets.
Vêtements confortables mais élégants, parfait pour ce à quoi elle allait passer sa matinée. Un peu de maquillage, naturel, pour cacher quelques manifestations acnéiques de son calvaire adolescent. Elle abandonna vite le peigne devant ses cheveux touffus.
Elle saisit son long manteau blanc et son béret, rajustant ses lunettes de soleil par dessus ses yeux rêveurs.
Elle avait un léger pincement au cœur. Serait-il là ?
Arrête d'y penser, Arlette.
Elle descendit dans la cuisine, où ses parents étaient attablés. Ils la saluèrent, mais semblaient gênés. Sa mère ouvrit la bouche, semblant chercher ses mots sans que sa fille n'y prête attention.
- Arlette, tu dois savoir, commença sa mère...
- Je suis en retard, Maman, répliqua la jeune fille avec un peu d'agacement, en attrapant une pomme sur une étagère. J'ai répétition !
Elle ouvrit un placard.
- Pas d'insolence ! l'avertit sa mère, le regard sévère. Arlette, si tu ne fais pas plus d'effort, grinça-t-elle, on va être obligé... de te supprimer la musique.
Arlette s'arrêta net de fouiller le tiroir, et la regarda par-dessus ses lunettes, incrédule.
- Quoi ? Mais vous ne pouvez pas faire ça !
- On le fera, si c'est nécessaire. Réfléchis-y, mais...
- D'accord, d'accord ! s'écria la jeune fille, cherchant à tout prix à éviter une nouvelle confrontation.
Elle sortit en soupirant, son sac sur l'épaule. Il faisait beau, pour un samedi matin de Février, et elle avait la chance d'habiter à une vingtaine de minutes à peine des locaux de Semplice Furioso, son ensemble musical depuis bientôt six ans.
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- Dissimilarity -
Romance{ HISTOIRE TERMINÉE } Arlette, jeune passionnée de musique d'à peine dix-sept ans, vit la tête pleine de rêves, et comme dans toutes les histoires d'adolescents, elle est amoureuse ; rien de très étonnant. Si l'on oublie le fait que cet amour soit d...