Chapitre L : Disparition

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Les trois adultes échangèrent un regard interloqué : Arlette avait disparu.

- Maman ? Que se passe-t-il ?

Une fillette d'une douzaine d'années était apparue à l'intérieur, levant de grand yeux vers sa mère. Elle ressemblait énormément à sa soeur aînée.

- Arlette n'est pas rentrée, chérie. Est-ce que... est-ce que tu aurais une idée d'où elle a pu aller ?!

La cadette d'Arlette ouvrit de grand yeux inquiets, signifiant son ignorance.

- Il faut faire le trajet jusqu'à S.F. et voir si elle n'est pas là-bas, réfléchit Joseph à toute allure. 

- Je vais faire le trajet en métro, annonça M. Flavigny, avant d'attraper sur le porte-manteau une veste. 

- J'y vais en voiture ! lança son épouse.

- Je peux vous emmener, proposa Joseph. Je suis apparemment le dernier à l'avoir vue, et ma voiture est garée juste ici. 

- Merci beaucoup, j'accepte. Sidonie, reste bien ici, d'accord ? Et si Arlette revient, tu nous appelles !

La fillette acquiesça gravement aux ordres de sa mère.

Joseph se dit que si Arlette reparaissait ainsi, cela relèverait du pur miracle.

Mais, actuellement, il en était réduit à prier pour un miracle.

                                                                                 °*°*°

Le trajet avait été un véritable calvaire. Gabrielle Flavigny était morte d'inquiétude, et n'aidait pas Joseph à garder son calme, lui qui jugeait bon de cacher son angoisse.

Tout était de sa faute, et s'il arrivait quelque chose à Arlette, il ne se le pardonnerait jamais. 

Mais aucune trace de l'adolescente sur le chemin. Quand ils arrivèrent devant l'immeuble haussmannien qui constituait les locaux de S.F, ils étaient encore plus affolés.

Auguste Flavigny attendait déjà devant le bâtiment, l'air sombre. Il se précipita vers sa femme quand celle-ci descendit de la DS grise de Joseph, mais celle-ci agita tristement la tête. Arlette demeurait introuvable.

S'en suivit une période de quelques minutes où Gabrielle appela plusieurs amis de sa fille, mais celle-ci n'était nulle part. 

- Il faut chercher, affirma M. Flavigny. Elle est peut-être quelque part autour. 

"Autour" était assez restreint. En quelques minutes, ils eurent fait le tour des quelques ruelles étroites, mais rien ne suggérait le passage de la jeune disparue.

Arlette, où es-tu ?

Oui, Arlette avait disparu. Un sentiment de culpabilité, mêlé à son inquiétude, le dévorait lentement. Il serrait si fort les dents que le gout métallique du sang envahit sa bouche, mais il n'en avait cure, tant la situation était dramatique. 

Il passa nerveusement une main dans ses cheveux trempés par la pluie. Il tremblait, mais pas de froid. 

Il devait expliquer la situation aux parents d'Arlette. Après tout, c'était sa responsabilité. Il avait été d'un aveuglement impardonnable, et son comportement avait été l'origine de cette suite incontrôlable d'événements digne d'une tragédie. 

Et Arlette, en bonne héroïne tragique, était au coeur de la tempête. 

Il se retourna, ouvrant la bouche pour tenter d'aborder le sujet avec la mère d'Arlette qui, accablée, inspectait avec minutie le pas des portes, mais celle-ci poussa soudainement un cri d'horreur. 

Les deux hommes à ses côtés relevèrent promptement la tête, suivant le regard horrifié de Gabrielle Flavigny.

En haut, tout en haut de l'immeuble de S.F, une petite ombre noire se découpait sur le ciel illuminé de toute part par la foudre.

Le coeur de Joseph s'arrêta.

Même à travers un tel rideau de pluie, à une aussi grande distance, il aurait reconnu entre mille la silhouette d'Arlette. 

- Dissimilarity -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant