Chapitre XXX : Choc

64 8 17
                                    


Le monde d'Arlette semblait s'écrouler.

Pas de doutes : c'était bien elle sur cette photographie compromettante, qui datait de l'après-midi même.

Et pas de doutes non plus, c'était bien Joseph.

Ses yeux écarquillés cherchaient dans toutes les directions quelque chose prouvant que tout cela n'était qu'un affreux cauchemar.

Mais fallait se rendre à l'évidence ; Tout cela était réel.

Impuissante, elle laissa son regard errer un instant sur l'image, se remettant à réfléchir à toute vitesse.

C'était une photographie prise de plus haut, probablement du balcon, dans ce qu'elle reconnut grâce au parquet comme la salle de répétition.

Pourtant, rien ne montrait le caractère professionnel de ce moment : le piano, les pupitres, les partitions... Tout avait été habilement écarté pour ne se fixer que sur deux silhouettes ; celle de Joseph, qui semblait l'enlacer par derrière, sa main sur la sienne, sans que l'on ne puisse pour autant deviner le mouvement qu'il l'aidait à effectuer, et elle-même, qui, sur cette photo, paraissait être serrée contre lui.

Seul le visage d'Arlette était pourtant exposé. Celui de Joseph, au grand soulagement de cette dernière, était loin d'être reconnaissable. Au trois quarts tourné, se concentrant sur leurs mains jointes, on ne voyait de lui qu'une pommette haute, les contours pâles de son visage et l'éclat métallique d'une branche de lunette. N'était très visible que sa chevelure lisse, d'un beau gris clair. 

Mais le visage d'Arlette, levé vers Joseph, lui, était pleinement dévoilé. On voyait tout, mais son regard, le regard qu'elle tournait vers cet inconnu, était ce qui ressortait le plus. Un regard, saisit, volé, qui ne laissait pas de place à l'imagination : On dit souvent que les yeux sont le miroir de l'âme : ceux d'Arlette laissaient apercevoir des sentiments infinis envers l'homme immortalisé avec elle dans une position qui prêtais forcément à confusion. 

Cette photographie était superbe. La délicatesse de l'instant avait été saisie avec une précision incroyable.

Incroyable de fatalité, cruauté du sort qui voyait désormais être exposé à tous l'aspect le plus secret de sa vie.

Un cliché qui aurait été émouvant s'il n'avait été vecteur de ce venin, un moyen de déchaîner sur la jeune fille toute la haine que préjugés, méconnaissance et tabous peuvent emmagasiner.

Le message plein de haine qui accompagnait le cliché donna à Arlette une terrible nausée :

Je me doutais qu'elle cachait bien son jeu, celle-là. Vous la reconnaissez ? Elle saute vraiment sur tout ce qui bouge, peu importe l'âge hahaha.

Vous croyez qu'elle est payée combien ? Haha, ça me dégoûte.  

La publication provenait d'un compte sans photo de profil, et sans aucun autre détail qu'un pseudo :

xh00054321-0001234abc 

Rien qui puisse servir à reconnaître celui qui avait étalé des moments sensibles à la face du monde avec des commentaires

S'en suivait, en commentaire, un flot sans fin de messages haineux et moqueurs, à l'image de ceux reçus plus tôt par la jeune fille.

Elle crut qu'elle allait défaillir quand elle vit le nombre de partages : soixante-quatre.

Elle actualisa encore, pour être sûre. Soixante-six partages.
Le nombre montait à une vitesse hallucinante

Des larmes remplirent les yeux de l'adolescente devant son impuissance face aux horreurs qui se répandaient à une vitesse hallucinante sur la toile

P*te

Traînée

Tu me dégoûtes

Call-girl

Tu vas pas bien toi

Hypocrite

Pouffi*sse

Espèce de tarée

T'es payée combien pour ce que tu fais ?

T'es malade sal*pe

Allez, avoue

Balances tout

Arlette réalisait lentement ce que tout le monde pensait désormais d'elle.
Pour tout ceux qui avaient vu cette image, lu ces commentaires malveillants, elle était soit une prostituée, soit une malade mentale.

Un choc terrible.

Elle se mit à trembler, et un flot salé ternit sa vue, tandis qu'elle revoyait se dérouler devant ses yeux la scène innocente qui faisait désormais son malheur.

Un seul prénom apparaissait au milieu de la tornade infernale de ses pensées, tandis qu'elle tombait à genoux au sol. Un prénom auquel, des années durant, elle s'était raccroché :

Joseph.

Un nom qu'elle se mit désespérément à appeler à voix basse, roulée en boule, avant de sombrer dans l'obscurité.

* Et voilà, vous comprenez maintenant ?

Purée de pomme de terre, j'ai jamais galéré autant pour écrire 800 mots TvT

Je ne savais pas comment aborder, montrer toute cette violence et cette vulgarité...

Le vocabulaire, aussi. J'ai trouvé beaucoup de mots que je ne connaissais même pas, et employer ce genre de langage était extrêmement compliqué pour moi.

J'espère que vous avez aimé quand même... bon, c'est pas vraiment ce que je voyais mais bon, j'arrive pas à faire mieux ( enfin, moins pire ...)

Tu crois que c'est cohérent, AmiraleRaeSloane ?

Je n'ai que trois questions, très importantes, aujourd'hui:

- Tout est clair ? Des points à améliorer ?

- Est-ce que ça paraît logique et cohérent, la photographie, etc ?

- Est-ce que vous pensez que je devrais classer cette histoire en "mature" ? Je ne l'ai pas fait plus tôt parce qu'ayant 14 ans, ça me paraissait étrange de mettre en -18, mais je ne sais pas trop...

Bon, merci pour vos lectures et votre aide, je vous aime <3

A plus !*
                    Jeanne Flamingo

- Dissimilarity -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant